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07/09/2020

En attendant Godot, edit Covid

En cette rentrée, le doute n'est plus permis : après six mois de matraquage paranoïaque, la France est un asile à ciel ouvert et aux portes fermées. La tribu des "nous ne sortirons pas" grossit chaque jour. C'est assez inattendu, les forcenés qui refusent de sortir d'une banque qu'ils viennent de braquer ont une raison, ils ont un magot et des otages. Mais là ? 

Eu égard au niveau d'invective qui anime les membres de cette tribu, je précise qu'outre me laver consciencieusement les mains aussi souvent que Darmanin dit des conneries (peut être un peu moins, quand même...), je porte un masque partout où il faut, j'embrasse pas, je suis un bon petit. Ce préambule passé, est-ce que ceux qui refusent de sortir et exigent qu'on nous claquemurent davantage peuvent expliquer ce qu'ils attendent, au juste ?

On peut attendre un vaccin. Poutine dit qu'il en a un, prenez de l'avance, vous testez et vous me dites, son patient zéro devait être Navalny et pour l'heure, le mec est forfait pour les prochains JO... Si d'autres sortent, aucune certitude n'existe sur leur efficacité. Les coronavirus précédent n'ont pas de vaccins... Ballot. La grippe en a un, qui ne marche qu'à 60% et qui continue à tuer 10 000 personnes par an. La grippe est une maladie salement mortelle et contagieuse, quand des collégiens et lycéens chopent la grippe, on ne ferme pas tout le bahut. Et ils savent d'eux mêmes qu'ils seraient sympas d'éviter d'aller voir leurs grands parents, sauf si leurs parents ont un besoin urgent d'héritage. Donc tout miser sur le vaccin, c'est tout miser sur Dupont-Aignan 2022, pas impossible mais sacrément téméraire.

On peut attendre "un protocole fiable". Je suis littéralement estomaqué par tous mes amis de gauche, des profs notamment, qui n'ont pas de mot assez durs pour les bureaucrates, les consultants, les producteurs de normes incapables de pensée critique ou d'évaluation fine qui hurlent pour avoir "un protocole fiable". Je vois bien l'idée de ne pas se faire poisser comme responsable d'une contamination, mais là encore, attendre un protocole fiable couvrant toutes les possibilités, c'est partir chercher le Graal en tongs ou tenter de trouver du talent chez Eric Reinhardt... Pas impossible, mais hautement plus improbable que Dupont-Aignan 2022. 

Il n'y a rien à attendre, on a trop attendu. Les théâtres, les concerts ne sont pas encore réouverts comme ils devraient alors que Roland Garros aura le droit à 11 500 spectateurs quotidiens. 11 500. Pas 10 000, pas 15 000, 11 500, la fausse scientificité se niche dans le chiffre non rond. Tu parles d'une connerie. 

Bien sûr qu'il y aura des cas en pagaille, une écrasante majorité d'asymptomatiques, beaucoup de cas bégnins, quelques cas plus graves et même sans doute de plus en plus de morts à mesure qu'il fera froid, qu'on vivre plus clos et rendus plus fragiles par le froid, l'absence de lumière et la fatigue. C'est ennuyeux et ça sera coton pour les hôpitaux, mais ça n'a rien d'une catastrophe, contrairement au dérèglement climatique, contrairement à l'explosion des inégalités scolaires, du tsunami de chômage qui va frapper quelques secteurs mis complètement à l'arrêt par les restrictions sanitaires. 

C'est bien la première fois que l'attitude des français me rappelle la fin de Godot :

VLADIMIR : Alors, on y va ?

ESTRAGON : Allons-y.

Ils ne bougent pas.

Ca serait bien qu'on bouge, bordel.