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22/09/2020

Bonheur privé malheur public, edit Covid

Souvent les sociologues ont cette formule pour résumer les injonctions paradoxales françaises : bonheur privé, mais malheur public. "J'ai confiance en l'avenir de mes enfants, en mon futur professionnel, mais en revanche, je crois que le niveau baisse, et que la lame du chômage va tout emporter"... "Je n'ai jamais été témoin d'actes violents, mais je suis persuadé que le pays est victime d'ensauvagement"... Ad nauseam.

Appliquée au Covid, cette martingale s'enraye de plus en plus. A force de répéter que nous allons vers une catastrophe si nous ne durcissons pas les règles, nous nous contaminons mentalement et collectivement. Mais, à titre privé, tout va toujours bien. Si tout empire actuellement, ça n'est jamais de sa faute.

Non, le problème, ce sont les autres. Les jeunes d'abord, qui ne comprennent rien, les cons. Songez que les filles d'aujourd'hui ne comprennent même pas ce qu'est une tenue républicaine, les péronnelles, que voulez vous qu'elles entravent aux gestes barrières ? Il y a aussi les migrants et les pauvres. Comprenez moi bien, je ne suis pas raciste, mais ils l'ont dit sur C News, "dans le 93 et le 95, le virus circule plus qu'ailleurs". Ce sont des départements où les non blancs et les RSAistes sont plus nombreux qu'ailleurs... Coïncidence ?  Vous voyez bien que non... C'est terrible... Il y aussi les fêtards, les désoeuvrés, les chômeurs, tous ceux là font rien que traîner sans masques, les nazes. Ça m'ennuie de dire ça, mais si nous étions uniquement entre gens de bonne compagnie, entre gens de confiance pour employer le nom d'un site que Gonzague et Bérénice m'ont recommandé, tout irait bien ma bonne dame. 

Il y a quelque chose de foncièrement réactionnaire, de foncièrement rance et un peu dégueulasse dans le pays en ce moment. Comme si nous allions vers un enfermement maximal par la faute d'irresponsables, de jean-foutre... Et évidemment, la perspective d'un nouveau tour de vis nous rend moroses. 

Dans "l'Archipel français" Fourquet montrait bien l'affaissement si rapide, si puissant, si irrémédiable des corps intermédiaires, rend toute parole publique plus faible... Une multitude petites joies privées persuadées qu'elles feraient, forcément, mieux, que les tenants du pouvoir. En l'espèce, il serait temps que nous nous rappelions le Commun du pays que nous habitons. Si en ce moment ça couine, ça panique, c'est à cause d'un tout d'un continuum. Plutôt que de hurler à la mort, aux fermetures "inéluctables" des écoles, des entreprises, des cafés, des théâtres, nous ferions mieux d'avoir comme seul et unique objectif de nous demander quelles sont les conditions à remplir pour les maintenir ouverts. 

Quoi qu'en disent les courbes de cas contacts, de malades, de lits de réas, un monde sans savoirs communs, sans joies partagées, sans fêtes communes, ne vaut pas la peine d'être vécue.