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02/10/2020

Séparation, piège à con

Rarement un aussi long discours, aussi attendu, assez équilibré et préparé, n'aura débouché sur autant de vide et de frustration. Sur un thème abrasif, clivant, Macron a choisi la pondération. Il ne s'est pas rendu coupable de petites phrases faciles, de clichés, pas de bruit et d'odeur... Et pourtant, il a séparé.

Les nervis d'ultra droite, chauffé à blanc par la droitisation du débat avec C News et BFM qui se déportent tant qu'il ne reste plus de place à droite. Eux, attendait la dissolution de l'islam en France, qui n'est pas venue. Ailleurs, on pointait justement qu'un texte sur "les séparatismes" et qui ne parle que de l'islam radical est une nouvelle provocation, une nouvelle stigmatisation par contumace de tous les musulmans. Le processus est éprouvé et ici, décuplé : charge aux jeunes femmes qui portent le voile d'expliquer qu'elles ne sont pas sous emprise, à ceux qui fréquentent les mosquées qu'ils ne sont pas sur le point de commettre un attentat... Au final, en se voulant pondéré et modéré, on est en réalité clivant et sarkozyste et a renforcé les stéréotypes.

La séparation républicaine, elle existe. Ce sont les contournements de carte scolaire, le refus d'appliquer la loi SRU en payant cher des avocats pour ne pas avoir de HLM sur sa commune, c'est la fraude fiscale à foison, c'est le vide de péréquation financière entre départements d'une même région... Et pour toutes ces fractures ouvertes, aucune loi de prévue. Celle de ce matin, en revanche, ne change rien à la réalité, fors dans l'esprit des commentateurs. Les enfants déscolarisés pour radicalisation religieuse, on peut déjà les ramener à l'école. Les prêches haineux, idem, les endroits interdits aux femmes, itou. Du vent, de l'esbrouffe. Sur ce thème, notre arsenal judiciaire est mille fois assez important pour prévoir toutes les situations et donner la main aux élu.es locaux le cas échéant. La République n'est évidemment pas désarmée, mais en occupant le terrain pour dire qu'elle l'est on tend un piège aux cons. Qu'il nous soit permis de ne pas tomber dedans. 

Commentaires

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"les contournements de carte scolaire" : les " bonnes "familles de gauche y recourent volontiers mais il ne faut pas le dire ..." La maman du petit César ..."

Écrit par : Léo | 03/10/2020

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La " séparation " , vieux thème du folklore conjugal :
dernière station avant le divorce ...

Faire chambre à part : version cool de la séparation ,
réservée à ceux qui sont bien logés ; formule minimaliste : lits jumeaux ou , faute de mieux , l'un dans le lit , l'autre sur le canapé ou le tapis ...

Écrit par : Barbara | 03/10/2020

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"Les nervis d'ultra droite," : " d'ultradroite " précision opportune car il y en a au moins autant dans la gauche extrême .

Au temps de la guerre froide , ceux de gauche étaient en majorité des employés des mairies communistes; très regardants quant à leurs horaires , ils répugnaient à intervenir le soir , abandonnant le pavé à leurs adversaires que l'on disait financés par la CIA.

Moscou finit par faire un geste en attribuant aux municipalités rouges , via une banque amie , un "budget manif " leur permettant de rémunérer en heures sup leurs propres nervis .

Aujourd'hui , les mercenaires de l'ultragauche sont , dit-on, financés par quelques grosses boites du cac 40 soucieuses de préparer l'avenir ( on ne sait jamais ..) et aussi de modérer ainsi les mises en cause dont elles sont l'objet ( paradis fiscaux etc. )

Cela se fait depuis toujours : voir le financement de la première " Humanité" , pas très net ...

Écrit par : Javert | 03/10/2020

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Au temps où je fréquentais le quartier latin ( 1951-54), les affrontements entre la gauche et la droite extrêmes culminaient lors de la " semaine anticolonialiste" ,au début du printemps si j'ai bonne mémoire .

Rue St Jacques ( à son croisement avec la rue Soufflot ) , la gauche tenait le trottoir de la Sorbonne et la droite celui de la fac de droit ; dès que le feu passait au vert , les deux camps s'affrontaient au milieu de la rue et , quand il revenait au rouge , ils refluaient vers leurs bases respectives : cela pouvait durer ainsi plusieurs heures , sans dommages notables car on se battait aux poings , sans user de matraques ni d' autres équipements dangereux ...

Les équipiers des deux camps se retrouvaient volontiers au café pour commenter le match ; d'une année à l'autre on pouvait changer de camp , plus souvent de la gauche vers la droite que le contraire , ce qui est aussi fréquemment le cas actuellement .

Écrit par : J Mentor | 03/10/2020

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Selon mon grand-père , lui aussi étudiant au "quartier"
à cette époque , la gauche était ( déjà ! ) plus bourgeoise que la droite : les " juristes" , souvent de milieu modeste , étudiaient en vue d'un emploi alors que les " littéraires " de la Sorbonne se faisaient plutôt plaisir.

Il se souvient bien de la "semaine anticolonialiste " : anticolonialisme unilatéral qui ne visait jamais celui de l'URSS ni l'invasion de l'Afrique du Nord par les arabo-musulmans .

Un peu plus âgé que vous , cher Mentor , il a connu en 1950 , dans le feu de l'action ,de grands militants de la droite extrême tels JM Le Pen ( alors proche de l'Action Française ) et Jean Tibéri , figure du gaullisme très droitier de cette époque ( RPF )

Écrit par : Pau Prolo | 03/10/2020

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" Pau" prolo ! il vous manque une aile , cher Paul , celle de droite ,,,

Bien que je sois d'âge canonique , je n'ai pas connu les années 50 , mais je me souviens assez bien du (faux ) printemps 68 : la jeunesse " de gauche" était alors elle aussi plutôt bourgeoise et elle l'est , hélas , restée depuis, pour n'avoir pas su se révolter contre ses parents et grands-parents : un " héritage " qui n'est pas celui qu'a laborieusement théorisé le pauvre Bourdieu...

Écrit par : Pépé Castor | 03/10/2020

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