28/09/2020
Impôtphobie
Ça n'est pas pour me vanter, mais je paye beaucoup plus d'impôts que Donald Trump et je suis loin d'être milliardaire... Les révélations du New York Times tombent évidemment à point nommé, avant le premier débat et devrait aider cette ambulance trouée de toutes parts qu'est Joe Biden à l'emporter quand même. Mais on aurait tort de cantonner le problème à Trump. C'est un drame, un séparatisme gigantesque qui concerne tous les ploutocrates, ce qui incluent nombre de potes et de soutiens de Biden, Bloomberg en tête...
Suite à la réforme fiscale du même Trump, en 2018, les familles pauvres américaines payent en moyenne 24% d'impôts quand les 400 premières fortunes aux États-Unis en payent... 23%. Ne cherchez plus l'erreur, ne cherchez plus les monceaux de milliards qui manquent, ils existent !
Toutes proportions gardées, le problème est le même en France. Nos classes moyennes payent effectivement beaucoup d'impôts, mais elles ont en retour beaucoup de services publics (beaucoup plus que dans les pays vraiment libéraux), le problème étant que nos 400 fortunes en payent infiniment moins que nous... Et cette injustice se répercute sur les entreprises : alors que nos PME/TPE ont des cotisations diverses importantes, le CAC continue de payer beaucoup, beaucoup moins. En apparence, l'écart s'est réduit et n'est plus comme au début des années 2000 de 33% d'IS pour les PME et de 8% pour le CAC, mais ce car nos 40 voleurs ont bénéficié entre temps d'exemptions honteuses comme le CICE qui ne sont même plus reconnus comme un dispositif exceptionnel, Macron l'ayant fait rentrer dans le bien (ou le mal) commun. Ajoutez à cela que nos amis du numérique yankees à qui nous déroulons le tapis rouge se foutent copieusement de notre gueule : Netflix a payé 500 000 euros d'impôts en France, en 2019, pour 80 millions d'euros de bénéfice déclarés. Nous fermons les yeux sur des flagrants délits. AirbnB, Uber, Microsoft, et même Facebook et Google payent peanuts, embauchent guère plus et nous continuons à leur offrir des prébendes. Nausée.
Je ne critique jamais "les médias" car ils n'existent pas, mais il y a une musique entonnée dans les années 80 avec ce torchon de Challenges, qui affiche joyeusement le classement des fortunes françaises. Et, il faut des complices pour réussir des hold up, ce numéro est chaque année la meilleure vente... Il y a toujours ce petit désir d'en être. Prendre en compte les ordres de grandeur permettrait de voir qu'ils volent de quoi financer les hôpitaux de sorte à être pour 6 vagues Covid (avec des lits, des personnels en renforts, équipé.es, payé.es dignement, des tests et des stocks de masques et médocs....), à l'Université d'accueillir toutes et tous selon les mêmes standards de qualité, investir des monceaux pour changer notre politique agricole et énergétique, de transports, pour l'adapter au changement climatique etc etc... On ne devrait parler que de ça, que de ça. Il y a un an (septembre 2019), quand Thomas Piketty exposait cela calmement, Léa Salamé lui posa la question suivante "Finalement, vous voulez éradiquer les riches, c'est ça ? N'est-ce pas un peu une idéologie liberticide ?". La liberté d'être impôtphobe a, hélas, de beaux jours devant elle...
08:47 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
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----Une pensée pour mon cher ami et mentor Pierre
Poujade ; nostalgie , nostalgie ...
Écrit par : Jean-Marie | 28/09/2020
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"je suis loin d'être milliardaire" : encore un effort , cher Castor ; " petit poisson deviendra grand " ...
Écrit par : Paul Prolo | 28/09/2020
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"Ça n'est pas pour me vanter mais ..."
Comme bientôt le Beaujolais , un Castor nouveau ?
Soyons comme lui fiers d'être modestes !
Écrit par : Artaban | 29/09/2020
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