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24/05/2021

Quoi de commun, à droite ?

"Benoît Hamon, le wokisme, la cancel culture, les réunions non mixtes... Peut-on faire l'union à gauche autour des minorités ; peuvent-elles permettre le rassemblement d'une majorité ?". Ce matin, pour la millième fois ces derniers mois, les intervieweurs stars ont continué leur jeu favori : la fracturation idéologique des gauches. Écriture inclusive, réunions fermées, subventions n'allant pas à l'Opéra ou pas à un aéroclub... Ils scrutent avec minutie tout ce qui peut faire objet de dissensus, à gauche.  En mettant la loupe ultra grossissante de réseaux sociaux sur des micro phénomènes invisibles à l'oeil nu de la rue, ils se gobergent à l'idée fantasmée de "gauches irréconciliables".  Et jamais ils ne parlent du consensus à 100% autour de l'idée de faire de la planification écologique, de décupler les moyens de lutter contre la fraude fiscale, de rétablir l'ISF et d'abolir la flat tax, de redonner des moyens digne à l'hôpital, à l'école, à la justice... C'est tellement moins drôle de parler de ce qui fédère, alors qu'une bonne vieille disputatio à propos de paroles chopées à la volée, ça c'est rigolo.

La ruse est tellement grossière, tellement outrancière, que je crois que répondre frontalement n'est plus une option : il faut répliquer à front renversé et demander quoi de commun, à droite ? Les échanges à fleurets même plus mouchetés entre LR, LREM et RN montrent bien la tension montante entre ces trois partis où les convergences sont de plus en plus fortes. Quand on peine à se démarquer sur le fond, on se frite sur la forme puisqu'à la fin, il n'y a qu'un vainqueur de l'élection. Il reste évidemment une différence orthogonale sur l'Union européenne, l'acceptation des traités et des règles communes et également des alignements ou soutiens différents, sur la scène internationale avec un amour plus ou moins fort pour Poutine, Biden et Assad, par exemple. D'accord, ce sont des différences segmentantes.

Mais tout de même : sur le régalien, il y a une convergence plus qu'inquiétante autour de l'idée d'une surenchère poujadiste. Donner plus de libertés d'actions à la police,  les violences policières n'existent pas, pas plus que les contrôles au faciès et il faut des peines plus lourdes. Il y a aussi une constante sur le fait que les migrants ont des devoirs avant d'avoir des droits, ce, au mépris des conventions qui régissent le droit international et sur lesquels la France s'assied de plus en plus en n'ayant pas des conditions d'accueil dignes de ce nom (litote). Ça n'est pas tout, en matière économique, il y a consensus sur ce bloc : Smith et Friedman ne doivent pas être désavoués, un haut niveau d'inégalités est quelque chose de naturel qu'il ne faut pas contrecarrer. Ça n'est pas dit explicitement, mais on maintient l'ISF et la flat tax, on allège la fiscalité sur les successions (Le Maire l'a proposé, Marine le Pen a embrayé), on ne touche pas au SMIC ou au point d'indice des fonctionnaires. L'idée est convergente chez les trois, aussi, que les normes environnementales sont un ennemi. Macron ministre a pilonné les normes Seveso (salut aux habitant.es voisin.es de Lubrizol...) et torpille les demandes écologistes en matière agricole. Même le WWF, peu revendicatif d'habitude à quitté la table des négociations où seule la FNSEA est entendue. Pourquoi continue-t'on à tout prix à parler de 2, voire de 3 familles politiques différentes quand ils sont tous d'accord pour pratiquer le dumping social et environnemental ? Parler de bloc brun permettrait de clarifier le débat... 

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