18/07/2021
L'anti macronisme n'est pas un humanisme
Jamais depuis De Gaulle la France n'avait été présidentialisée à ce point. Nous vivons une crise sanitaire et tout le monde se contrefout d'Olivier Véran. Ce dernier, comme Castex, font des points réguliers avec la presse, des grandes conférences, mais les moments saillants, les changements dans nos vies, sont annoncés par Macron. C'est lui qui a annoncé la fin du couvre feu, le retour à la normale et l'été en pente douce avant, quelques semaines après, d'annoncer le passe sanitaire pour tous.
Depuis l'annonce de lundi soir, on mesure à quel point rien ne va sur la méthode. La SNCF a appris avec la télé qu'ils allaient devoir contrôler des millions de voyageurs cet été et s'exposer à des agressions et insultes en pagaille. Des millions de français.es un peu oublieux, qui avaient beaucoup bossé et prévu de se faire vacciner au retour des vacances car pressé.es de partir début juillet ce qui faisait trop juste pour avoir deux doses, se retrouvent en panique vis à vis de la rentrée... Les chiffres du monde entier montrent bien que tous les pays sont confrontés, comme la France, a un essoufflement de l'engouement vaccinal. Même Israël, les États-Unis ou l'Angleterre voient les motivés pour se faire piquer en chute libre. Ils sont au dessus de la France, mais pas au point de pouvoir plastronner, au contraire, Israël menace de confiner si les récalcitrants n'accélèrent pas, quand l'Angleterre ou l'Allemagne espèrent convaincre les sceptiques. Macron a choisi la voie israélienne.
L'annonce de lundi rappelle avant tout un problème institutionnel : il a décidé seul. Il s'est énervé, a perdu ses nerfs devant la montée des contaminations et le manque de vigueur de vaccination et a décidé absolument tout seul après avoir réuni un conseil scientifique dont rien ne filtra. Énormément de médecins ont déploré les annonces, disant qu'ils manquaient de bras et que cela risquait d'entraîner des désertions. Les forces vives économiques, syndicales hurlent contre les discriminations à l'embauche, au contrat de travail où la vaccination deviendra un motif pour rester ou non dans l'entreprise. Si Macron avait consulté et explicité en transparence ses décisions, jamais elles n'auraient ressemblé à ça. Au moins pour le calendrier où il aurait laissé un rythme plus logique, plus humain, pour que tout le monde puisse avoir ses deux doses.
Fatalement, un type qui décide seul, qui incarne seul, donne les atours d'un régime non démocratique. Dans les cortèges, la colère se libère à dessein contre cette captation, ce rapt de la prise de décision qui devrait être partagé. Mais comme souvent, la colère déborde et comme pour les innondations, les pluies entraîne des coulées de boue incontrôlables et la légitime demande de transparence sur les mesures devient un ramassis de slogans étranges où l'on demande la liberté de ne pas être vacciné ce qui ne sera jamais entendable. Le piège rhétorique est imparable : Macron fait tout pour que le débat ne tourne qu'autour de sa personne et, s'il y a des raisons en pagaille de détester son action, l'anti-macronisme n'est pas un humanisme pour autant. Si tout le monde défilait pour demander la fin de la réforme de l'assurance chômage, le rétablissement de l'impôt sur la fortune et une taxe exceptionnelle sur les riches pour financer la santé, l'éducation et la justice de demain, on pourrait suivre, mais ça n'était pas le cas. Loin s'en faut....
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