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24/07/2021

Français enfants gâtés, cette fois c'est vrai

Dans la fable de l'enfant qui criait au loup, les alertes exagérées, démesurées du bambin prévenant à tort de l'arrivée du prédateur font que lorsqu'il arrive vraiment, plus personne n'y croit. La même chose est en train d'arriver aux député.es LREM avec leur fable des "français enfants gâtés". Depuis 2017, ils reprennent cet argument réactionnaire au possible, la quintessence de l'Ancien Régime expliquant aux soutiers, aux damné.es de la terre qu'il faudrait les remercier de ne pas restaurer l'esclavage pour augmenter la productivité et rembourser la dette... De Sylvain Tesson à Gilles le Gendre, la galaxie de ceux qui emploient cette logique est une photographie des grands privilégiés, héritiers, aveugles à toute forme de discrimination, hermétique à la souffrance au travail, à la pénibilité de celui-ci, insensible aux droits sociaux, aux acquis, eux qui travaillent pour s'amuser et se mettre en avant. 

On a raison de combattre cette lame de fond réactionnaire quand elle sert à légitimer des régressions sociales, sur l'assurance chômage, le droit du travail, les retraites, les APL, le système de santé.... Un pas vers le modèle anglo saxon au nom de cette logique est un pas vers la mort et les initiateurs du CNR n'ont pas crée un système d'enfants gâtés, mais un système juste. 

Ce samedi, les anti pass sanitaire et les anti vax défileront à nouveau. Les cris d'orfraie de la macronie sur le thème "vous êtes des enfants gâtés, on vous demande juste deux piqures" sont désormais inaudibles et c'est dommageable. En l'espèce, c'est leur faute. Lors des annonces sur le pass sanitaire, Macron a tout de suite remis sur la table la destruction de l'assurance chômage et la mort du régime universel des retraites pour relancer ses amis de Black Rock. Evidemment, quand on vous brandit cela, il y a de quoi braire. De même que l'amendement sur le licenciement pour les salarié.es non vacciné.es. C'est infâme et nombre de syndicats et d'avocats ont raison de dire que cela ouvre des abîmes dangereuses en termes de droit social. De même qu'un Ségur de la Santé sous dimensionné, sous doté, avec même des fermetures de lits. Je comprends que nombre de soignant.es estiment qu'on se fout de leur gueule. Comme toujours depuis dix huit mois, la gestion à la schlague de la crise sanitaire, le discours martial et les coups de menton ne font de bien à personne...

Pour autant, et un nombre incommensurable de voix on ne peut plus légitimes le rappellent, les soignant.es qui ne se sont pas vaccinés, sont des enfants gâté.es. Idem pour les vieux et les personnes fragiles qui étaient les premiers éligibles aux piqûres et qui n'ont donc vraiment pas l'argument du calendrier. Les premier.es baignent dans un bain de virus et exposent les autres en ne se protégeant pas. Les seconds comptent sur la solidarité nationale si malheur survient. Mais la raison pour laquelle nous ne sommes toujours pas à l'abri, c'est bien parce qu'ielles ne sont pas vaccinés et peuvent donc aller en réanimation et surchargé notre système de soins exsangue et essoufflé. Depuis le début de cette crise sanitaire, nous étions dans une course de fond. Longue, épuisante, éprouvante. Depuis l'arrivée du vaccin, nous sommes passés à une course de vitesse avec possibilité de rattraper, dépasser et même reléguer le virus loin derrière. Et ça ne tient qu'à nous. 

En Angleterre, où la vaccination est massive y compris chez les fragiles, les contaminations de masse n'ont pas entraîné de vague à l'hosto, car seuls les personnes en forme étaient infectées, et depuis une semaine, les contaminations baissent même fortement, peut être (trop tôt pour dire) parce qu'on s'approche de l'immunité collective. Il ne tient qu'à nous de faire de même, d'avoir une rentrée, enfin, sereine. D'offrir des perspectives à toutes et tous : formation, emploi, vie quotidienne... Plus de craintes de limites, de fermetures, de couvre feu... De tout le reste, on peut discuter, on doit discuter, pas de l'urgence à vacciner en masse les adultes et notamment les plus fragiles. 

22/07/2021

Et au milieu coule l'humanisme

Cet après-midi, j'animais un atelier sur la liberté d'expression dans l'asso où je m'investis depuis quelques mois. Bien qu'en intérieur, j'étais seul à porter un masques parmi ces jeunes hommes. On parle de personnes qui ont plus morflé qu'un électeur PS ces dix dernières années, vraiment plus, donc je ne fais pas de morale. J'ouvre une porte en grand et je leur dis que la salle est grande, que je parle fort, qu'il faut pas s'agglutiner. Nous commençâmes évidemment avec les classiques "la liberté d'expression, c'est quand ça les arrange", "c'est plus pour certains que d'autres", et autres classiques sur les communautés ou religions qui ont plus le droit de tout dire que d'autres, classiques dans un pays qui continue à ériger (à raison ) l'égalité entre toutes et tous, mais continue à nier les discriminations. Ensuite, la discussion déboucha sur les vaccins.

Le bloc des vacciné.es n'est pas monolithe. Certain.es l'ont fait par altruisme, pour protéger les autres, les fragiles. D'autres, pour eux, par peur de la maladie. D'autres encore pour eux, pour pouvoir faire la fête tranquillement. Et on le dit trop peu. On fait comme si toutes et tous les vacciné.es étaient des purs. Au final, bien sûr, ce sont toutes celles et ceux qui auront fait le choix de la vaccination qui nous permettront de sortir du bordel, mais n'héroïsons pas à l'excès. A contrario, en mettant en avant uniquement l'égoïsme des non vaccinés, on passe à côté d'une galaxie d'arguments qu'ils déploient. Au fond de moi, je maintiens qu'aucun argument contre la vaccination n'est valable, mais comme le titrait un article suisse "10 arguments entendables des vaccino sceptiques et comment y répondre". Donc j'ai écouté et discuté. Évidemment, celui qui me disait que la vaccination ne servait qu'à enrichir big pharma, je ne l'ai pas convaincu, il m'a prévenu qu'il "ferait l'anguille le temps qu'il faut, mais qu'il ne se ferait pas pointer". Mais d'autres inquiets des effets à longs termes, et un autre qui ne savait pas comment faire, m'ont posé des questions. J'ai sorti mon téléphone, montré mon Pass vaccinal, mon appli, les ai guidé sur Doctolib. En 1/4 h de discussion calme, moi qui ne suis pas soignant, j'en avais convaincu 2 d'y aller. Pas par altruimse, pas par grandeur d'âme, juste parce qu'ils avaient déjà beaucoup dérouillé et que la vie sera plus simple, comme ça. 

Le pass sanitaire, la surdité du gouvernement a des arguments de bon sens (sur les publics sans accès internet, par exemple) de député.es y compris LREM, la mesquinerie accordée aux titulaires du Pass sanitaire qui peut être dangereuse (pourquoi permettre d'aller au ciné ou au théâtre sans masque uniquement avec un pass sanitaire ? Les vaccinés peuvent être asymptomatiques, et les PCR vieux de 48h déjà périmés... En pleine flambée épidémique, c'est pour le moins léger....) tout ceci renforce les antagonismes entre deux peuples, deux France, vaccinée et non vaccinée, et au milieu de tout cela coule l'humanisme. C'est vraiment dommageable car la conviction plutôt que la contrainte, parole d'expérience récente, c'est tellement plus gratifiante.  4 ans de #Metoo et de militance féministe n'ont manifestement pas fini de faire comprendre à l'exécutif que le consentement n'est pas une option... 

 

 

19/07/2021

L'opportunisme de la colère ne grandit pas la colère du peuple

Sur le fond, les défilés contre le Pass Sanitaire et les Gilets Jaunes n'ont rien à voir. Pour autant, ils ont beaucoup de similitudes sur la forme qui pourraient nous livrer quelques pistes pour les semaines à venir et les conclusions politiques à en tirer. Peu de démocratie (aucune ?) n'ont connu un mouvement de protestation aussi long et aussi déterminé que les gilets jaunes qui ont même surpassé le Hirak algérien avec une centaine de semaines consécutives d'opposition. Mais depuis le premier épisode des marches des occupants des ronds-points, le problème est le même : opposition à quoi ? A Macron, bien sûr. A la taxe sur les carburants, sans doute. A une démocratie obsolète et à refonder (RIC), à une fiscalité injuste (ISF) au trop de place faite à des voyous dans les palais (Black Rock) et au trop peu d'équipements publics dans la France de seconde couronne ou rurale. 

Il y avait tout cela, dans les gilets jaunes, rassemblés derrière des figures comme l'avocat François Boulo ou la militante Priscilla Ludosky ou encore François Ruffin qui raconte dans "il est où le soleil ?", les espérances nées de ce mouvement. Elles ont d'ailleurs débouchées sur de belles choses, des États Généraux de Commercy à la Rencontre des Justices, il y eut une part des gilets jaunes qui a creusé un sillon constructif. 

Mais on ne peut pas oublier tous les crétins, les factieux, les conspis de tous genres venus casser du Rothschild et autres. Les répressions policières d'une violence inouïe, follement disproportionné par rapport aux assaillants ne doivent pas nous repeindre en justes des fouteurs de bordel. De ce petit con propagateur d'infox à l'envi de Juan Branco qui fut l'avocat du conspi surmédiatisé Maxime Nicolle à Eric Drouet, il y avait des choses moches dans ce mouvement. Très moche. On l'a oublié parce qu'il y eut tant d'éborgnés, d'estropiés pour rien, tant de peine de prisons pour ceux qui cassèrent une porte (du ministère de Griveaux) et rien pour les policiers éborgnants. Bien sûr la répression du mouvement fut infecte, mais si le mouvement ne fit pas boule de neige dans l'opinion et moins encore dans les urnes, c'est peut être parce qu'il était opportuniste, qu'il agrégeait des colères trop éparses et que tout le monde n'a pas l'humanisme et la hauteur de vue de ceux cités plus haut... Et on ne peut pas, on ne doit pas défiler avec des factieux quand on est pour la justice. 

Le "ni droite ni gauche" de Macron a décomplexé les amateurs de chamboule tout politique qui ne voient plus le mal à ce que la gauche radicale marche avec l'extrême droite. Un peu comme si les ligues qui se sont foutues sur la gueule le 6 février 34 comme par enchantement, marchaient main dans la main... Mes amis énervés me disent "n'attends pas un peuple chimiquement pur, rejoins la colère et renverse tout !". Je n'attends rien de pur, j'ai défilé avec des militants CGT ivre morts à 9h du mat aux slogans parfois borders, mais pas négationnistes, pas anti démocratiques... Les centaines de militants à coquelicots jaunes n'ont rien à faire dans un mouvement de justice et de démocratie et il n'y a rien à gagner à défiler avec eux.

Quand on s'oppose, on ne peut pas agréger des colères ou des détestations, il faut un mot d'ordre. Le seul mot d'ordre à même de rassembler les abstentionnistes, les divers militant.es de partis, de syndicats et autres, c'est la justice. C'est d'ailleurs le titre d'une initiative transpartisane, la rencontres des Justices au pluriel. La justice écologique, comment ne pas y penser actuellement, la justice fiscale, démocratique, la justice face à la justice (salut à toi, Dupond-Moretti) entre femmes et hommes, blancs et non blancs, bien né.es ou moins bien loti.es à la naissance... Si celle là s'organise, en cohérence, pour réclamer de la justice et de la transparence, y compris sur la gestion de la crise sanitaire, je marcherais avec joie et je doute que les anti vax et les négationnistes se joignent à cette marche.