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30/09/2021

Dissipation de la peur du fascisme

Quand ils ne sont pas obsédés par le fait de retranscrire intégralement tous les propos de Zemmour, certains grands médias marquent une pause pour essayer de comprendre pourquoi un candidat aussi ouvertement fasciste est aussi haut dans les sondages.... Et entraîne avec lui Marine le Pen qui se droitise encore. Tous les deux parlent très tranquillement du problème du "grand remplacement", et expliquent que face à un ennemi civislisationnel aussi grave, l'Europe et les juges sont nos pires boulets, qui empêchent de faire de la politique. Le fascisme ne se cache même plus : votez pour nous et nous vous débarrasserons de toutes  ces tracasseries démocratiques comme les médias libre, la justice indépendante ou encore des traités continentaux vieux de quelques décennies. A eux deux réunis, le pôle fasciste décomplexé atteint 30%. Et ça ne fait peur à personne. 

Personnellement, j'avoue avoir entendu le bruit des bottes en 2002, eu réellement peur qu'on rouvre les camps et je suis allé voter Chirac sans hésiter et pousser un gigantesque soulagement à l'annonce du 82%. Depuis, plus personne n'a écouté le sage conseil selon lesquels "les français.es préféreront toujours l'origine à la copie" et dix ans de Sarkozy Valls, de racaille au Kärcher, de mouton dans la baignoire, de "mets moi des white, des blancos" de déchéance de nationalité et autres ont tant normalisé les thèmes d'extrême-droite que le Pen fille est arrivée aussi au second tour. Là, déjà, je n'avais plus peur, mais aucune envie de voir ces charognards incompétents et haineux accéder au pouvoir, alors au second tour, sans enthousiasme ni illusion, j'ai voté Macron. Je n'irai plus en 2022 et je ne suis pas le seul, des millions de personnes n'ont plus peur, au point que cette fois le barrage n'est plus certain de tenir. Comment en arrive-t-on là ? 

D'abord il y a la langue. Valls et Sarkozy provoquaient l'extrême droite avec quelques embardées, quelques provocs. Cet exécutif a normalisé des termes naguère employé par la seule frange des infréquentables de la fachosphère comme "islamogauchiste". Pas seulement Darmanin, mais Blanquer, Schiappa, Vidal, des ministères de l'éducation, de l'intelligence, qui parlent comme des petits nazillons. Quand Le Pen prend la parole après, ça n'est pas choquant, même Darmanin la trouve "un peu molle". 

Ensuite il y a les pratiques. Les murs bâtis à la hâte devant des malades du crack, des coups de couteaux dans des tentes de fortunes de migrants, des expulsions... Le fait d'adouber les violences policières comme légitimes de dire "qu'on s'étouffe" en entant le mot... Le fait de s'incliner devant des manifs de factieux , fatalement, ça s'appelle dérouler le tapis rouge aux fascistes.

Les doses d'extrême-droite que les gouvernements successifs depuis 2017 ont été de plus en plus fortes. Loin de nous rendre malade ou de nous effrayer, ça nous a mithridatisés. Ce qui explique qu'on va tenter de réveiller le cadavre de la démocratie avec des électrochocs de propositions fascistes encore plus fortes pendant huit mois, référendum sur le peuplement, l'islam et tout le bingo de l'extrême-droite. Je doute que cela procure un grand élan de solidarité.