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11/10/2021

Cadrage débordement sécuritaire

Au rugby, le cadrage débordement est une feinte où l'on emmène son adversaire d'un côté avant de partir pleins gaz de l'autre. Bien fait, c'est souvent l'occasion d'une percée fulgurante, voire d'un essai.  Si la ruse est trop grossière, le défenseur ne se laisse pas embobiner et assène une mornifle à l'attaquant qui le dissuade de réitérer plus tard dans le match. Après avoir fait mine d'entendre les difficultés sociales crées par le Covid 19, l'exécutif s'engouffre à tout berzingue côté sécuritaire et, pour des raisons qui m'échappent, la ruse grossière est passée. 

Hier, une note du CREDOC a donné une réalité chiffrée alarmante : 4 millions de nouveaux vulnérables depuis 2020.  Conséquence directe de deux ans de crise, de ressources entamées, d'isolement forcé, de perspective bouchées, la note détaille une mosaïques de souffrances qui dépasse les seules finances. Mais plus personne n'en parle. Il y a un an, pourtant, l'exécutif feignait beaucoup d'empathie pour "les petits boulots" les jeunes privés de ressources, les intérimaires et autres "trous dans la raquette" du quoi qu'il en coûte. 

4 millions c'est gigantesque et pas tant que ça. La Macronie a franchement sorti le carnet de chèques pour éviter les faillites en cascade et à l'heure où le chômage partiel s'arrête, force est de reconnaître que ça n'a pas si mal marché. Nous n'avons pas les deux nouveaux millions de chômeurs ou les 20% de restaurants fermés définitivement comme évoqué pendant la crise. Les intermittents ont eu des protections, nombre d'indépendants aussi (je le dis en ayant eu un chiffre d'affaires divisé par deux et des aides de zéro zéro zéro, mais nombre de mes connaissances en ont eu, ils ne furent pas abandonnés comme aux US). Ça aurait pu être pire, donc pas tant que ça, mais les nouveaux vulnérables sont là et 4 millions c'est gigantesque.

Outre les enjeux environnementaux (et encore, dire "outre" est biaisé, c'est "en même temps" puisque la justice écologique prend en compte le rétablissement social), on ne devrait parler que de ça. Après deux ans de crise, comment ramener de l'égalité, de l'équité de traitement, pour ces 4 millions de nouveaux vulnérables et les quelques millions d'anciens ? Et les solutions ne peuvent être celles d'hier...

C'est pourtant le chemin que ça prend. Le Maire vante ses 6% de croissance pour l'année et pense que précariser les droits des chercheurs d'emplois et menacer ceux des travailleurs avec une putative réforme des retraites poussera toutes et tous les malheureux.ses vers les emplois vacants. Ça n'est pas le cas. On bat des records d'emplois vacants, de gens qui ne veulent plus se tuer à la tâche et qui ont réalisé pendant la pause Covid qu'ils ne voulaient plus continuer ainsi. 

Les patrons des métiers de l'hôtellerie restauration l'ont compris, eux. Certaines voix de leurs représentants proposent 9% d'augmentation en accord de branche et des efforts sur les horaires et la formation. Idem pour le BTP, les aides à domicile et la liste est infinie allant jusqu'aux profs (on peut moquer Hidalgo mais la proposition de doublement de salaire prouve à quel point nous sommes bas...) et aux sages femmes aux grèves trop ignorées.

Donner de nouvelles protections, des garanties de salaires, de formation et il en faudrait sur le logement avec des loyers réellement bloqués ou sur la nourriture avec une sécurité sociale alimentaire universelle pour que celles et ceux qui ne peuvent s'offrir des produits frais et bio le puissent. On en parlait, il y a un an, quand ça n'avait pas d'importance électorale. Maintenant que ça en a et que l'exécutif devrait passer un sale quart d'heure sur des thèmes avec lesquels il est si mal à l'aise, on en parle plus. On parle des prénoms compatibles avec la République, des risques pour le pays tout entier de ressembler à BAC Nord ou encore de la remigration. C'est clairement de l'anti jeu et n'est, hélas, pas sanctionné... 

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