03/12/2021
La Manif pour Tous et le rabougrissement de la droite
La kermesse LR, hier, doit être analysée à l'aune de ce qu'elle : un vote de pédiluve. Entre Eric Ciotti, premier, et Xavier Bertrand, 4ème, moins de 2000 voix d'écarts. 2 000 voix. Pour un parti de gouvernement, 2 000 voix entre 4 programmes. Sortez les microscopes. En 2016, François Fillon accédait au second tour de la primaire avec 1 890 000 voix, soit 15 fois plus que l'ensemble des candidats, hier, 70 fois plus Ciotti ou Pécresse. Déjà, alors, les sondeurs s'étaient plongés dans les grandes largeurs puisqu'ils nous vendaient un second tour Juppé Sarkozy plié par Juppé lequel ne remonta jamais ses 600 000 voix de retard du premier tour.
Si Fillon avait coiffé tout le monde sur le poteau, c'est en capitalisant sur Sens Commun et la Manif pour Tous ; les lodens et serre-tête s'étaient déplacés en masse, en rang par deux, pour voter pour le seul qui promettait de revenir sur l'IVG, de démarier les couples gays et de mettre un barrage en acier contre la PMA pour toutes comme la GPA. Le seul mouvement de masse, le seul élan de la droite depuis Giscard, c'est de l'opposition. Contre la loi Savary et pour l'école Libre, en 84, une opposition victorieuse. Contre le mariage pour tous, en 2013 une opposition perdante mais très longue et très soudante, très cimentante. Même après la défaite, des Veilleurs, des énervés, des nouvelles plumes, s'emparent de ce sujet de "civilisation".
Après la défaite de Fillon, Macron tend la main aux homophobes en disant : venez, vous êtes de droite mais pas stupide, ne vous rabougrissez pas, ensemble baissons les impôts des plus riches ; ruisselons mes frères ! Nombre d'entre eux saisirent l'opportunité. Edouard Philippe lui même, peu tenant de la réforme, notamment la PMA pour toutes, fait son aggiornamento. Paris vaut bien une messe, Matignon vaut bien une FIV. Darmanin, homophobe virulent, ayant juré ne jamais marié deux hommes dans sa mairie de Tourcoing et ex assistant de l'homophobe condamné Christian Vanneste, fait lui aussi profil bas. Même lui ! C'est dire que ceux qui restent fidèles à ce camp sont moisis. Et qui retrouve-t-on, hier, à la tête de la campagne de Valérie Pécresse ? Patrick Stefanini, ex directeur de campagne de Fillon, organisateur du meeting de la honte, au Trocadéro, avec Sens Commun.
La primaire LR, hier, donnait le choix entre un figurant, Juvin, 3 clones de "droite de gouvernement" et un type qui capitaliserait sur l'aile dure du mouvement, Ciotti. Il était certain qu'avec ses conneries sur le grand remplacement et autres, Ciotti aurait son petit matelas, pour les électeurs de droite modérés, restaient les sondages et le match était plié, c'était Bertrand. À la rigueur, en désespoir de cause, Barnier. Pécresse était sans cesse des années lumières derrière. La seule explication à sa victoire d'hier, c'est Sens Commun, qu'elle n'a jamais abandonné. Habile et madrée, elle fait profil plus bas à la tête de la région Ile de France, mais celle qui a proposé de "démarier les couples homosexuels" n'a jamais totalement renié Versailles.
Pour 2022, le bloc bourgeois peut tout entier se retourner autour de Macron. Pécresse va disputer le vote homophobe et socialement réac à Le Pen et Zemmour, mais le gâteau n'est pas assez gros pour tous... La droite non rabougrie ira invariablement vers la Maison Commune macroniste. Leur priorité, c'est baisser ce qu'ils appellent les charges et ce qu'ils estiment des impôts trop importants et ça, ça fédère en masse. Plus que la messe..
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