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24/03/2022

Si Loïk le Priol avait été musulman

Samedi soir, Federico Aramburu, ancien international de rugby a été tué par balles en plein Paris et la nouvelle fait peu de bruit dans les grands journaux. A lire les excellents articles que Mediapart et Street Press consacrent à l'article, on est ébahis par le profil de l'assassin, Loïk le Priol. Il n'aurait pas dû être à Paris, devant pointer au commissariat de Draguignan dans le Var, pour des faits de violence. Il fut exfiltré de l'armée après avoir étranglé et frappé une prostituée en Afrique, a tabassé plus souvent qu'à son tour, s'est exhibé avec des armes sur les réseaux sociaux, bref, un radicalisé de chez radicalisé, une racaille de chez racaille, un homme dangereux pour les non blancs et pour les femmes.

Et avant le drame, il avait dit aux rugbymen avec qui il s'embrouillait qu'il était "un vrai français, lui, il n'avait pas à partir". Avant de tirer six balles. Et hormis les titres cités, pas de vague, son arrestation en Hongrie n'est même pas dans les journaux. On ne demande pas aux candidats à la présidentielle ce qu'ils pensent de la violence, de la violence armée, à l'extrême droite. Car Le Priol a un historique de photos et de vidéos avec des cadres du RN et des proches de Zemmour long comme le bras. L'Équipe qui y consacre un peu de place vue la nature du défunt parle de l'assassin comme "un sympathisan de l'ultra droite", dans une formule doublement trompeuse : l'ultra droite n'est jamais sympathique et Le Priol n'était pas un quidam dans ces réseaux, mais bien un pilier. 

A chaque approche d'une élection présidentielle, tous les drames, tous les faits divers sont instrumentalisés. Songeons à "Papy Voise" avant 2002, ou, plus près de nous, au policier assassiné sur les Champs Élysées en 2017. Chaque fois, tous les journaux donnaient leurs micros aux commentateur.ices et aux politiques pour recueillir leurs avis forcément doctes et pénétrants sur l'insécurité, l'immigration et l'islam. Là, nous sommes à 3 semaines de l'élection et un meurtre en plein Paris par un homme dont la vie entière est dédiée à l'ultra droite, cette ultra droite dont la violence et les actions terroristes augmentent partout en Europe et l'on en dit pas un mot. Pas un. A cause de l'Ukraine ? Sans doute un peu. Mais, soyons sérieux, si Loïk le Priol s'était appelé Abd el Krim Abdeslam, aurait-on le même silence médiatique et oserait-on parler de faits divers ? Honte à celles et ceux qui couvrent la violence d'extrême droite. 

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