Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/04/2011

Pinadmirable

pina-wim-wenders.jpg"Dance, dance, otherwise we are lost". Je m'en allais donc hier voir un film dont l'exhortation finale est "guinche, guinche, sinon on est foutus". Moi... Moi dont les goûts en matière de bailar sont à peu près ce que le sandwich aux rillettes est à la gastronomie. J'aime les chorés de Claude François, voyez-vous ? Que ne m'étais-je embarqué dans cette galère fors ne pas me montrer buté auprès de la belle personne qui m'avait demandé de l'accompagner ?

Première surprise des plus agréables: j'ai enfin compris à quoi sert la 3D. Pour Avatar, j'avais trouvé cela confondant de frime, un gadget qui peine l'arrête du nez sans rien apporter. Là, si. Avec la 3D, les corps dansants virevoltent vraiment face à nous et nous invitent à les rejoindre. N'ayant pas pris de LSD, je ne me levais pas dans la salle comme dans un mauvais remake de "Hair" français, (Note pour plus tard, un "Cheveu" avec Romain Duris, Marion Cotillard, Audrey Tautou et Catherine Deneuve en pygmalione, ça en jetterait, non ? Non...) mais je les voyais vraiment s'affairer tout près.

Bon, donc, la 3D c'est efficace, mais ce n'est pas tout. Le film est sous-titré, mais je ne saurais vous dire depuis quelle langue. Officiellement, Bausch parle allemand, et ses danseurs sont français, sud-américains, russes, américains, italiens et des asiatiques aussi... Le premier miracle du film tien là: elle a recrée une tour de Babel dans sa compagnie: toutes ses langues qui s'ignorent se comprennent dès que les corps dansent. 

Outre la 3D et les différences langagières, je fus enchanté de voir que l'on peut faire de la danse contemporaine sans prêter une attention démesurée au corps. Pour danser, mieux vaut avoir une certaine condition physique (certaines scènes sont, du point de vue de la gesticulation, à couper le souffle) mais Bausch travaille avec des jeunes et des vieux et pas uniquement des musclés, des ciselés, des apprêtés, des beaux. Elle vomit Lagarfeld et c'est assez rassérénant.

Du coup, on se sent plus proche de ces danseurs qui évoluent dans des décors poétiques, on en viendrait presque à vouloir les rejoindre alors mais un reste de pudeur nous fait rester là où nous sommes. Et on y est bien, posés devant un film qui mêle des témoignages très émouvants de grands danseurs expliquant qu'elle a changé leur vie et des reprises de ballets d'une incroyable diversité.

Je ne dis pas que je reverrais nécessairement le film, de peur d'abîmer l'émotion ressentie hier; en revanche, je ne dirais pas forcément non à l'invitation d'un ballet et ça c'est un miracle qui vaut largement la résurrection du Christ que nous célébrons aujourd'hui...

Demain, nous commencerons à réviser pour la canonisation de Jean-Paul II, doit y avoir des chants et des chorés, même si elles ne seront pas de Pina Bausch...

23/04/2011

L'ENA de la diversité, caramba encore raté...

Caramba_encore_rate.jpgEt au milieu coule une rivière. De larmes. Des larmes de rage et d'humiliation. Celles des 15 candidats "issus de la diversité" qui se sont rétamés à l'ENA. Au risque assumé de recevoir des mails d'insultes des couillons qui attaquent Zemmour et Menard SANS écouter ce qu'ils disent, je veux dire que c'est tant mieux: la tartufferie a ses limites. Si une poignée d'entre eux avait intégré, les storytellers ou mythocrates de droite se serraient massés, trop heureux, pour hurler le rétablissement de l'ascenseur social et bla bla bla... 

Donc, bon, fin de l'histoire : 15 inscrits, 15 rétamés. Esquisse d'une autopsie ? Selon Pécresse et les autres huiles sondées sur la question, c'est à cause du profil des candidats. Mais non, je vous venir, pas de délit de sale gueule. Enfin, si. Mais biaisé, les candidats étaient trop littéraires. Quelle insulte...

On a essayé beaucoup de régime endogames: le gouvernement des généraux est sans conteste ce qu'il y a de pire, mais le gouvernement des philosophes n'a pas plus triomphé; depuis 30 ans, dans tous les pays de l'OCDE on déverse le régime du moins pire: le gouvernement des technocrates. En France, on a un nom pour ça, l'ENA. Ce n'est pas, évidemment, les élèves de cette école qui sont en cause. Ni la qualité de l'enseignement. Ne poussons pas une complainte à la bob poujade, ça trouverait trop d'écho dans la France d'aujourd'hui. Non, la faiblesse infinie de l'ENA c'est son irréfragable côté élite française hiératique, incapable de se mouvoir, de s'ouvrir. On sédimente des codes et des codes avant d'arriver au concours d'entrée de l'ENA. On polit les divergences de langage, d'opinion politique et économique, de conception de la justice... On empile du mainstream bourgeois, des codes d'élite de culture général, des références et des mots-valises (hier "République", aujourd'hui "vivre ensemble") et on obtient un énarque.

Or, notre élite est historiquement blanche et mâle. Et ils se ressemblent avec leurs mêmes costumes, mêmes formules, mêmes solutions... On dit que les recalés étaient trop littéraires ? Fabius et Juppé, énarques, sont aussi agrégés de lettres, mais ils ont pris le soin de penser l'économie comme Le Monde, bréviaire de l'énarque, dit qu'il faut la penser. Ils ont suivi le catéchisme d'Aron, Rémond et Boudon et leur différence s'est estompée. La génération suivante, celle des Copé ou Moscovici, idem. Et récemment, un Wauquiez nous prouve qu'un énarque reste un énarque, un technocrate français, impressionnante machine intellectuelle, capable de compulser des notes, compiler des rapports pour in fine "impulser" une révolution divergente de 2% de celle de ses prédécesseurs. La révolution du 2%, c'est ça qui remue les masses...

Or, les 15 candidats recalés n'entraient pas dans ce cadre de 2%, ils ont des références différentes, des idées différentes en matière d'économie, de justice d'éducation ou de santé... Toutes conceptions non admises par les catéchumènes responsables de l'intégration... Exit l'audace, welcome plus encore de résignation et de frustration...

Honnêtement, lorsqu'on voit les résultats obtenus par 30 années de conformisme mou en matière de technocratie, ces évictions sont déplorables. Heureux les héritiers qui peuvent faire de longs voyages; les damnés eux aussi, ils iront voir ailleurs si l'esprit français y règne...

Demain, nous chercherons fiévreusement les oeufs, pour la plus grosse cloche, elle est trouvée: ce philosoponcule de MBK et son "Après Badiou", livre le plus drôle de l'année; involontairement drôle, bien sûr...

20/04/2011

Ménard sans les manières...

avec-vive-pen-robert-m-nard-dit-noncer-censure-bien-pensants-57225.jpgTiens, elle est de retour. "Elle est sale, elle est glauque et grise, insidieuse et sournoise, d'autant plus meurtrière qu'elle est impalpable. On ne peut pas l'étrangler. Elle glisse entre les doigts comme la muqueuse immonde autour de l'anguille morte. Elle sent. Elle pue. Elle souille. C'est la rumeur.

C'est triste à dire mais Robert Ménard a lu et retenu Desproges. Il a le génie du marketing de l'époque: la rumeur. Oh, "Vive le Pen !" Sortez les étendards, brandissez les boucliers de la vertu, controns l'arrivée d'un nouveau croisé raciste. Bouh sur Robert Ménard. Bouh à renforts de dizaine de milliers d'exemplaires de son torche cul qui lui permettront en royalties anticipées de passer des vacances de parvenu à St Trop ou en Corse... Mais ça ne fait rien, conspuons le en l'invitant partout pour parler d'une plaquette plutôt que de mettre dans la lumière ceux qui se sont escrimé à faire des livres sérieux...

Spinoza, toujours, et son célèbre, "ne pas rire, ne pas pleurer, comprendre".

Ne pas rire, c'est simple: voir un crytpo débile, mili fana et amateur de peine de mort promu au rang d'héraut de la liberté de pensée, débloque modérément mes zygomatiques. Ne pas pleurer, itou, ouvrons les pages "International" de nos gazettes et raison gardons. Comprendre... Laissez moi cinq minutes, je vais lire l'opus de l'histrion. A y est, debout dans une librairie, d'un derrière distrait mais le cortex en émoi devant la syntaxe molle la disputant aux clichés en pagaille. Enlever 15 pages à un livre, c'est fréquent, quand il en compte 20, c'est pour le moins gênant... Donc, il ne parle pas de le Pen, mais de la "liberté d'expression", car on veut faire taire les mal pensants... "On peut dire vive Trotsky mais pas vive le Pen", voilà l'argument. S'en suivent quelques pages de clichés contredits par la réalité factuelle (les faits intéressent peu Menard) : on ne peut pas dire qu'on préférerait que son enfant ne soit pas homosexuel, par exemple. Cher Bob, je me trompe peut être, mais je ne vois pas de hordes de parents si progressistes qu'ils défilent en hurlant "je préférerais que mes enfants soient homosexuels", de même que je ne vois pas leurs alter ego marcher en scandant "on veut des enfants hétéros". D'abord, on a des principes, après on a des enfants et on s'adapte... 

Quoi d'autre ? On ne peut pas avoir un débat sur notre identité nationale, sur la laïcité, sur les religions, sans se faire traiter de facho nous dit Menard. Ha ? Mais depuis 2007 on a eu quoi ? Tous les six mois un nouveau débat.... Personnellement, un débat sur l'identité nationale ne me pose aucun souci.... Dès que la question devient "l'Islam est elle soluble dans la République? "; je trouve cela plus trouble...

Bref, aucun des arguments de Menard ne tient évidemment la route, mais comprendre, cela veut dire aussi comprendre pourquoi l'irrésistible ascension médiatique, toutes les portes ouvertes à ces deux cerveaux si médiocres, Zemmour et Menard (je laisse de côté Philippe Cohen qui vire mal lui aussi, mais au moins, lui a du chou; remarquez c'est encore pire...). Pourquoi donc ?

La question est assez peu agitée. Il est plus aisé de cogner sur les deux médiocres que de leur reconnaître un mérite: penser différemment de la sacro-sainte "pensée unique". Là dessus, deux secondes, la fameuse "pensée unique" qui permet de dire à Marine le Pen, "les français en ont marre de l'UMPS", existe t'elle et si oui, à qui la faute ? Elle existe dans la mesure où sur des thèmes majeurs comme la régulation des fluxs économiques, le partage des richesse, la gouvernance mondiale et aussi et aussi et aussi l'immigration, les différences entre les amis de Jean-François Copé et DSK sont cosmétiques... Au fond, ce qui les différencie, c'est surtout le QI... C'est d'ailleurs d'autant moins excusable, Morano et Lefevbre prennent les décisions stupides que leur intelligence discrète leur indique, Moscovici a les mêmes idées qu'il présente avec plus de retenue, ce n'est guère acceptable. Aussi, si en 2012 ce sont les amis du priape de Washington qui passe, nous en aurons fini des frasques de mauvais goût et des formules à l'emporte pièce sur le besoin de nouveaux Charles Martel, mais nous n'éloignerons pas les Menard/Zemmour. Reconnaissons leur ce mérite: ils poussent comme le chiendent quand la gauche cesse d'être de gauche et déboussole profondément l'homme de la rue...

Demain, promis, vraiment, nous parlerons des candidats diversité qui ont raté l'ENA. Ce qui a d'ailleurs du ravir Menard et Zemmour...