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29/05/2011

La consternante inversion rhétorique de Claude Guéant

689.jpgEncore une. Encore une inversion de problématique par notre ami, notre si tendre ami Claude Guéant. Après l'auto-satisfecit devant les hausses de saisies de drogues, sans reconnaître que c'est surtout parce que le trafic a explosé et qu'une masse croissante de stupéfiants passe à côté des mailles policières.

Après avoir dénoncé -sans fondements statistiques- le fait qu'un grand nombre de migrants débarquaient en France sans "ambitionner" de s'orienter vers la restauration où le bâtiment sans voir qu'aujourd'hui, il n'y a pas légion de ces gaulois pour être éboueur et autres métiers des déchets (métonymie troublante d'une certaine conception française de l'intégration), pousseur dans le métro, boulanger industriel et tant de postes peu valorisés avec les anciens ou nécéssitant des horaires décalés dans le nettoyage... Et ceux-là, quoi ? On considère normal qu'ils acceptent des conditions -salariales et financières- que tous les autres refusent ? 

Et maintenant, donc, l'échec scolaire est majoritaire quand les classes comportent un grand nombre d'enfants immigrés ou d'immigrés. Je ne rentre même pas dans le détail des chiffres, c'est le début de la fin. Pourquoi accepter de biaiser ses convictions pour se lancer dans une chimérique et injuste bataille statistique. D'aucuns enfoncent le clou en disant que pire que les propos de Guéant, il y a la réalité: http://www.atlantico.fr/decryptage/claude-gueant-immigrat... Beurk.

Déplorable rhétorique qui fustige ce qui va mal sans chercher une seconde à s'interroger sur le pourquoi. Mais, à ce titre, pourquoi ne pas dire que les malades, notamment les personnes d'afflictions lourdes et longues, qu'ils sont les causes de nos problèmes de santé.... Après tout, remarquons que les personnes qui coûtent le plus cher à la sécu sont tous des malades lourds... Dans ce cas là, soyons justes et purs libéraux : expulsons également tous les hauts cadres évoluant dans des entreprises aux résultats déficitaires ou qui licencient. Mauvais élèves, à expulser...

Pourquoi, dans le dernier cas d'espèce, le ministre ne s'interroge pas une seconde sur les conditions dans lesquelles ces gosses étudient ? Comment ne pas réfléchir également aux conditions offertes, ou devrais-je plutôt dire subies, par les profs qui enseignent dans ces classes là ? Bien sûr qu'il faut plus de moyens, plus d'encadrement et de suivi pour aider des gosses dont les parents n'ont pas le français comme langue maternelle, ne bénéficient pas d'une chambre à eux pour faire leur devoir quand ils rentrent chez eux, ce qui les incitent moins, évidemment à rentrer chez eux. Idem pour les profs, qui doivent avoir moins d'heures de cours pour appuyer et personnaliser leur pédagogie et pouvoir dégager plus de temps pour certains élèves. Au final, lassés, même eux craquent et cela se traduit par une double peine pour les gosses: des conditions plus dures au départ et des profs moins présents, soit une vraie carence de service public. Ensuite, continuer à aboyer sur l'échec scolaire c'est vraiment accuser les pious pious de 14 ans morts à Waterloo de ne pas avoir remporté cette bataille...

En 2012, encore une fois, ne pas voter pourra provoquer un Président grave...

25/05/2011

Qué viva Espana ?

ole.jpgHa, la jeunesse espagnole qui nous adresse une leçon depuis la Puerta Del Sol, quand chez nous, Porte Saint-Denis, les vendeurs de merguez pleurent l'absence de monde dans les rares manifs...

D'abord, ce slogan "Si vous ne nous laissez pas rêver, on ne vous laissera pas dormir". C'est beau et pacifiste, tenace et pugnace sans être irresponsable, puisque tel est le qualificatif sempiternellement employé par les gouvernants pour décrédibiliser les mouvements de jeunesse. Ensuite, sur la pugnacité. Elle est constructive : rapidement, à l'aide de réseaux sociaux, ils ont drainé des dizaine de milliers de militants prêts à débattre du fond. Contrairement aux révoltes arabes dont la finalité était avant tout (et c'est déjà extrêmement louable) d'éjecter les dirigeants despotes, la révolte espagnole repose sur un projet politique. Un projet de redistribution, de relance par l'emploi et le logement pour mettre fin à une société inique qui voit des jeunes de 35 ans, surdiplômés, vivre chez leurs parents car ils ne peuvent même pas accéder à l'autonomie. Comment voulez-vous que ces exclus du partage puissent entendre des propositions d'allongement du temps de travail quand ils ne peuvent même pas commencer à cotiser ? A 60 ou 65 ans, ils n'auront pas travaillé plus d'une vingtaine d'années, ce qui leur laissera sans doute un demi-SMIC espagnol pour assumer leur retraites... On comprend leur emballement modéré...

Reste évidemment à voir comment se traduira cette insurrection dans le calme: expulser Zapatero pour remettre Rajoy ou autre n'est sans doute pas une solution. Toutefois, un embrasement de ceux qui vont concrètement être confrontés à cette inacceptable situation sociale me semble être un signe de bonne santé mentale, l'inverse du "SIDA mental" naguère cité par Louis Pauwels...

Maintenant, reste à savoir si l'on envie l'Espagne uniquement pour son football, ou si notre jeunesse à nous arrivera aussi à se fédérer en propositions globale, plutôt qu'en tristes petits happenings festifs revendiquant un bout de strapontin. Quand on voit Julien Bayou monter son "jeudi noir" et "génération précaire", on a envie de l'aimer, mais le voyant louvoyer chez les Verts et se faire adouber d'emblée au conseil régional et commencer à adopter des postures du type "il faut être réaliste" on a envie de lui dire comme Jouhandeau aux jeunes de 68 "rentre chez toi, dans dix ans tu sera notaire", où son avatar politique, député européen...

En attendant, François Hollande fait de la jeunesse sa priorité pour 2012, ce qu'on peut saluer. Maintenant, François Hollande comme étendard...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

23/05/2011

Conne quête vs Tom oh boy !

Confrontation.jpgL'idée de la critique croisée -prisée par les nouvelles écoles critiques en mal de trucs intéressants pour innover et se démarquer- me laisse plutôt froid. Wagner et Haddaway / Flaubert et Yann Moix, toutes ces oppositions improbables où l'on fait ressortir que, n'est-ce pas, tout peut être mis en parallèle tant qu'on est là pour servir l'art, j'y crois que pouic.

Ce préambule posé, je voulais quand même en faire au sujet de deux films : La conquête et Tomboy. J'étais certain d'adorer le premier, pour sa matière, son casting, sa bande-annonce et sa mauvaise critique dans Télérama, signe de qualité du film... Je fonçais.

Le second m'ennuyait par avance, branlette pour lecteurs de Libé, xème pseudo réflexion sur l'âge tendre. Je renâclais fortement. Je tournais les talons, même. Et puis, très vieux médium, deux amies m'incitaient sans détour à y aller. Leur avis valait viatique. Je cheminais.

Le problème de La conquête est dans la bande annonce. On a déjà vu le film. Même si Bernard le Coq est bluffant en Chirac et Podalydès en Sarkozy (les autres sont beaucoup plus discutables) le film fait pschittt... Pour les geeks de journaux politiques comme moi, toutes les répliques sont connues et le film semble avoir été brodé autour, comme une grosse série, rythmée par quelques bonnes saillies verbales.

A la différence près que les politiciens n'ont pas vocation à être scénaristes et que le procédé, plaisant, lasse très vite à la dixième phrase choc, rassemblées d'ailleurs dans la bande-annonce. Par ailleurs, on voit trop que le film a été écrit (Rotman) par un type qui méprise Sarkozy. Et cela sonne creux, on ne voit que les failles du petit garçon, ses tocs et sa dépendance à sa nana. On ne voit pas, à part face à Chirac, la bête politique; le tueur. Or, pour gagner cette bataille-là, il doit falloir un peu plus que les rodomontades dépeintes dans le film. Plouf...

Séance de rattrapage hier. C'est un film de crise. Econome. Economie de plans, de gros plans, de temps (1h22), de répliques. Un film qui sonne juste tout du long. Où les deux jeunes actrices ne sont même plus des actrices, ce qui est compliqué avec des comédiens si jeunes. On revoit des scènes que l'on a tous vécu : dans le bain, avec les parents, à table, lors d'un baiser furtif et honteux ou encore dans un "action ou vérité" saisissant de réalisme. Surtout, en évitant toute dérive trash ou voyeuriste, toute facilité vers le cliché, Céline Sciamma réussit un très, très beau film.

Demain, nous tenterons d'imaginer ce que peut être le quotidien de Moscovici, Cambadélis ou le Guen depuis dix jours. Je les vois  mangeant des Chocapic en robe de chambre, avec LCI ou I Télé en boucle, en pleurant devant une photo de DSK....