25/05/2012
Un Besson peut en cacher un autre...
Pas de discrimination patronymique chez le Castor. Ce qui hérisse le plus le poil chez Patrick Besson n'a rien de ce qui se voit en surface. Ni son patronyme, ni son employeur (le Point) ni, surtout pas, son goût pour le pastiche. Ce qui gêne le plus chez le très talentueux (c'est bien le drame) Patrick Besson, c'est que dès qu'il cesse d'être sincère, il n'est plus drôle. Besson est un sniper pathologique. Quand il n'aperçoit plus de cibles dans son viseur, il lance des leurres et canardes avec l'élégance d'un chasseur frustré rentrant dans un poulailler pour défourailler à la Kalachnikov en se prenant pour une fine gâchette. Pathétique. Dernier exemple en date, la parité du gouvernement Hollande a valu une saillie de Besson que l'on peut retrouver là :
http://www.lepoint.fr/editos-du-point/patrick-besson/pour...
Lu ? A l'instar de ceux qui jouent au bingo loto, jouez au bingo beauf et exclamez vous "bingo" quand vous aurez trouvé 10 clichés sexiste, beauf et autres formes peu évoluées du cortex ? "l'ingénue libertaire ; l'associative hitchkokienne; le tanagra guyanais ou encore la geisha intellectuelle ". Comparer les ministres à une pute ou une statue en terre cuite, voilà qui fait preuve de panache. Les dernières lignes sur le supposé quintet supérieur de ministres mâles ou la référence à Marisol Touraine qui devra plancher sur la retraite amoureuse à 60 ans ? Ce n'est ni drôle, ni pertinent ni, même pas, impertinent; juste beauf. La seule question qui taraude est : pourquoi Patrick Besson bénéficie t'il de ce curieux bouclier de la liberté d'expression ?
Pourquoi Besson Patrick qui n'en est pas à son coup d'essai après un vomitif billet sur l'accent d'Eva Joly, que n'aurait pas désavoué le Patrick Sébastien des années 80 qui enfonçait chaque semaine joyeusement les limites du vulgaire, s'en sort il toujours blanc comme neige ? Comment s'expliquer que jamais Besson ne soit assimilé systématiquement à Zemmour et Ménard ? Laurent Gerra qui complèterait aisément le quartet des mousquetaires du pire doit son sauf-conduit à son état d'imitateur. "Ce n'est pas moi, mais mes marionnettes dans les cordes vocales qui me font dire ces horreurs" l'énorme subterfuge passe toujours. Mais pour Besson ? Le fait d'avoir signé, il y a quelques années, quelques rares bons romans dans les plus de 50 que compte sa gargantuesque production (à raison de plusieurs par an depuis 5 ou 6 ans) lui vaut il une espèce de bon de talent passé ? Peut être, plus sûrement pour avancer un point final après moult points d'interrogations dira t'on que Besson doit la paix au fait d'éreinter régulièrement de nombreux auteurs (il a, à son actif, un recueil de chroniques intitulées les ai-je bien descendus ?) lui vaut une relative paix de la part de censeurs couards qui préfèrent fermer les yeux plutôt que de voir leur prochain opus démolit par Besson. Cet édito ci semble avoir à peine ému le Nouvel Obs, je suis impatient de voir le crime de lèse majesté qui vaudra enfin réprobation franche au pro serbe le plus célèbre de France...
17:42 | Lien permanent | Commentaires (0)
21/05/2012
L'exigence à géométrie variable
C'est un poncif des entretiens d'école de commerce : parmi les défauts qu'il est de bon ton de se trouver, le perfectionnisme figure en tête de liste. Je suis trop perfectionniste, trop exigent... On le sait, à trop prononcer en boucle une valeur, elle perd sa moelle. Regardez, dans la campagne 2012, tout ceux qui ont de la République ou du Peuple plein la bouche contribuer à ce que, tristement, ces concepts s'affaissent. Jamais eu autant de républicains en France et jamais autant de manquements à l'esprit de la république. Jamais eu autant de défenseurs des valeurs populaires alors que la fracture entre les élites et le peuple ne cesse de se creuser.
Alors, j'en venais à m'interroger sur l'avenir de cette vertu dont tout le monde se pare en temps de crise : l'exigence, corollaire du perfectionnisme. Forcément, lorsque les temps incitent à la pénitence, pas question d'apparaître léger, on donne tout, on se sacrifie, on est exigeants. Bien.
Une émission sur France Culture leur accordait une demie-heure, de ces célibataires d'un genre nouveau qui claquent chaque moi entre 30 et 60 euros pour être connectés à des alters égos exigeants en termes de rencontres. Dans la myriade de célibataires de la France de 2012 on peut aller sur un site généraliste (Meetic) ou des sites ciblées par affinités politiques, croyances religieuses, voir maintenant avec Gleeden, on peut se rencontrer uniquement dans un but adultérin. Mais Attractive World intrigue par son approche, des célibataires "exigeants". Qu'est-ce que cette vertu vient foutre là-dedans ? Les écouter donner leur conception de cette forme d'engagement, ça vaut le détour. Réécoutable là : http://www.franceculture.fr/emission-les-pieds-sur-terre-...
Pour qui a une conception parfaitement marketée de l'existence, rien d'intéressant, rien de choquant. Pour les autres, la surprise est au bout de chaque phrase, de chaque commentaire où le cynisme n'est que de facade; c'est de la pure ingénuité en réalité. "Sont refusés ceux qui ne sourient pas sur la photo. C'est un peu un entretien d'embauche". "On manque de temps, en s'inscrivant là dessus, on gagne du temps : pas de chômeurs, pas d'employés, que des gens comme nous qui partagent nos valeurs". "Il faut s'extraire de son carcan, s'obliger à sortir car on n'a pas le temps".
Au final, ce qui est vraiment intéressant lorsqu'on écoute ces célibataires exigeant c'est de voir que le site a parfaitement réussi une inversion totale de la charge de la preuve. Plutôt que de s'auto blâmer pour l'existence vaine et creuse qu'ils s'infligent, ils préfèrent critiquer les autres, qui ne sont pas à leur niveau... Plutôt que de se donner les moyens de chercher quelqu'un, c'est à dire de se rendre disponibles, ils préfèrent se maintenir dans leur indisponibilité totale et payer pour croiser leurs semblables avec l'alibi de la bonne conscience censitaire. Attractive World, c'est un site reposant sur les mêmes ressorts que l'octroi pour la barrière rassurante à l'entrée et l'indulgence médiévale en ce qu'il permet le rachat de son âme damnée à bas prix. Enfin, le site inverse la charge de la preuve en termes de sélectivité. Ce n'est évidemment pas la sélection chez l'autre que l'on recherche. Non, on vient satisfaire l'image que l'on se projette de soi : voir que l'on appartient à des CSP+, que des gens souriant et succesful cherchent à entrer en contact avec vous, tout ceci donne l'illusion d'une certaine attractivité. Bien marketé, bien ficelé, mais pas nécessairement bien vu. Dans le reportage, la journaliste a bien capté ces masques de ceux qui se prêtent au jeu, les rencontres qu'ils font via le site ne les satisfont pas. Ils en déduisent que les belles rencontres sont impossibles. Un peu comme la fable de l'homme qui montre la lune du doigt où l'idiot regarde le doigt...
Demain, nous continuerons à lire Notre Dame de Paris parce qu'il est délicat de lâcher un livre pareil.
08:43 | Lien permanent | Commentaires (0)
19/05/2012
Un Valls en trois temps ?
Dire que la composition du gouvernement m'a abattu relève de la litote. Pour une fois, Alain Minc avait vu juste à la veille de la nomination d'Ayrault: "Si Aubry va à Matignon, dans 15 jours elle ne prendra même plus Hollande au téléphone". Soit. D'ailleurs, Hollande se méfie d'Aubry comme d'une guigne, comme les mauvais élèves redoutent les bosseurs. Il sait qu'il a laissé le parti dans un état déplorable, à Reims, en 2008, et que si c'était ce même village gaulois qui l'avait accompagné pour conquérir l'Elysée en 2012, c'était ciao Hollande. Welcome Hollande, donc mais hello certains pantins dans ce gouvernement déserté par l'édile de Lille. Certains ont des ministères pochette surprise et ne risquent pas de causer grand tort, mais deux d'entre eux ont dans les mains une capacité de nuisance énorme. L'autre c'est Moscovici, évidemment, mais aujourd'hui, allons voir l'autre usurpateur d'idéal, Manuel Valls. Il n'aurait sans doute pas accédé à de telles responsabilités avec un autre locataire de Matignon, peu de dire qu'il ne figure pas dans la liste des chéris de la fille de Delors.
En effet, Martine Aubry avait adressé une lettre ouverte au maire d'Evry en juillet 2009 où l'on trouve cette formule : "si les propos que tu exprimes reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le parti socialiste". Plutôt que de le quitter ce qui l'aurait gêné en termes d'ascension, Valls avait préféré tenter une OPA sémantique en plaidant pour changer le nom du parti, jugeant que "socialiste" ne convenait plus à l'époque.
Buisson (Ferdinand...) Blanqui, Jaurès & Guesde (et pas "ou") Louise Michel et tant d'autres, doivent se retourner dans leurs tombes s'ils apprenaient que l'impétueux marquis d'Evry se réclame du même projet politique initial qu'eux. Dans le fond, Manuel Valls, c'est un peu comme un GPS qui répéterait inlassablement "tournez à droite" devant n'importe quel sujet: TVA sociale, retraites, autonomie des universités, flexibilité du travail, hôpitaux de proximité, respect de la laïcité intangible, origine de la délinquance -sociale ou ethnique- à chaque carrefour idéologique, notre nouveau ministre de l'intérieur n'hésite pas une seconde, c'est à droite.
Ce n'est ni le premier, ni le dernier a être entré à Solférino avec des idées pareilles. Problème, contrairement à un politique aussi médiocre que Jean-Maire Bockel, Manuel Valls n'est pas un abruti. Dommage. Car après avoir comme son héros Sarkozy conquis et bétonné son fief qui transpire l'imaginaire de gauche, avec des quartiers sensibles, des tensions communautaires à apaiser, la volonté de combattre ce cancer du chômage, Valls imite son mentor en entrant Place Beauvau. Comme le père, il critique vertement le passé, contrôle et verrouille son image. Nous voilà parti pour des reportages en cascades, tout à la gloire de notre toréador prêt à agresser les "racailles", les "fracasser" et rendre les rues "aux whites, aux blancos". Mais bon peuple de France, cette fois, ne t'offusque pas, c'est un homme de gauche qui le fait. Enfin, c'est lui qui le dit... Comme le père, enfin, il est un intime d'Alain Bauer et partage cette vision du contrôle des masses par la peur. Chouette, 5 ans de plus comme ça...
Allez, un peu d'optimisme pour finir: heureusement pour nous, il n'y a pas de vallsistes à gauche ou si peu. Le vallsisme n'existe pas. 5% dans la primaire mais plutôt pour droitiser Hollande que pour soutenir vraiment le réformiste moderne admirateur de Blair. Cette dernière phrase, en la relisant, est un peu sévère, "le vallsisme n'existe pas". C'est faux: la mise en avant de la compétitivité, l'abaissement des services publics et l'écrasement systématique des bandits par de la répression brutale, puis l'assimiliation de ces mêmes bandits à des étrangers c'est un courant de pensée politique qui existe. Mais l'OPA sémantique a l'a aussi échoué, la greffe de "vallsisme" n'a pas pris, les français ont trop assimilé ce courant de pensée au sarkozysme. C'est bien la preuve qu'ils sont moins cons que ne le pensent les éditocrates...
07:48 | Lien permanent | Commentaires (8)