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13/06/2012

Tweeter n'est pas jouer... quand on est Trierweiler

140018_parole_publique.jpgTweeter n'est pas jouer, madame la compagne de François Hollande, madame Valérie Trierweiler, madame la toujours journaliste à Paris Match, mais surtout madame dont la parole est publique. 

Hier matin, avant que le mundillo du commentaire journalistique ne parle plus que de ça (beaucoup plus d'ailleurs, que du maintien du candidat UMP dans la circo de Gilbert Collard, le gros score réalisé par Georges Tron, le discours de Raoult, l'interview de Morano en une de "Minute" le fait que Philippe Kemel n'ait pas appelé Mélenchon, ce genre de choses, quoi) je disais à celle qui partage ma vie: "dans le fond, c'est bien fait pour Royal. Elle se croit toute puissante, place sa copine dans sa circo et pense pouvoir en briguer une, non loin, comme un baron déloge les habitants des forêts pour agrandir son territoire de chasse. Falorni a mouillé la chemise pendant des années, accueilli les hiérarques sans rien dire. Je le comprends de tenir bon". Grosso modo, je partage donc l'avis de Trierweiler et d'ailleurs j'eusse pu le placer sur les réseaux sociaux car les journalistes, les électeurs rochelais et la classe politique se tamponne assez largement de l'avis du Castor. Tant mieux, la parole publique vous accable comme une chape de plomb sur le dos...

Soit Trierweiler a pensé que son tweet passerait inaperçu et les enfants du bon dieu sont des canards sauvages, soit elle est plus retors que ce qu'elle aime à afficher. Les raisons pour lesquelles elle a posté cette philippique sont transparentes: alors que le président a publiquement apporté son soutien à l'ex, l'actuelle a voulu rappeler qu'elle n'était pas un faire-valoir et aider à l'exécution de l'ex. Bon, politiquement la faute est lourde car ça fait le miel de l'UMP qui dit - à raison- que cette cacocphonie est déplorable. Villepin disait de Sarkozy "un homme qui n'arrive pas à garder sa femme (Cécilia à l'époque) comment voulez vous qu'il gagne la France?". A l'évidence, les formules vont fuser du type : comment François Hollande peut-il résoudre des crises internationales s'il n'est pas capable de mettre un terme à une crise conjugale ? Faute politique également, puisqu'elle fendille l'unité de la gauche bien affirmée depuis le 7 mai et qui a permis le résultat du premier tour. Faute politique, enfin, parce que l'UMP se comporte très mal depuis lundi dans ses alliances possibles et pour un certain nombre de circos, les duels du second tour vont se jouer à quelques dizaines ou centaines de voix. Un peu plus d'électeurs mobilisés, un peu plus d'abstention et la balance penche d'un côté ou de l'autre. Ce genre d'anicroche renforce évidemment l'envie chez les électeurs peu politisés mais atteint par cela car la nouvelle se répand partout d'aller à la pêche dimanche prochain. 

Par ailleurs, c'est une faute personnelle lourde. Quand on veut s'élever au dessus des fonctions officielles, que l'on veut pouvoir continuer à mener une vie normale, on ne s'abaisse pas à des croche pattes de bac à sable. Ou alors, si elle veut vraiment s'affranchir de ces contraintes officielles et continuer à exercer son métier avec passion (sa prochaine chronique est sur Amanda Sthers, la prochaine sera donc sans doute sur Katherine Pancol avant un portrait de Romain Duris, la dame a du goût...) alors il faut renoncer aux avantages dévolus à une première dame. Et ils ne sont pas minces. Elle a droit, outre un bureau, à un cabinet de 4 collaborateurs, chauffeurs et autres avantages matériels. Quand on accepte de manger avec l'argent du contribuable, on accepte son statut et on s'impose une discipline. Comme pour un régime. Et comme pour un régime, les écarts se paient cash. Attention à l'indigestion précoce de renommée, madame Trierweiler. 

11/06/2012

Cross the line

bourgin1.jpgAu moment où nos cousins québécois se battent, ce titre en anglais relève de l'injure linguistique. M'en excuse, mais parfois les associations vous viennent ainsi, à l'oreille. Walk the line, le biopic de Johnny Cash, hold the line la chanson des 80's triomphantes de Toto, "cross the line" serait un mix des deux. Des âmes damnées comme Cash vivant dans une insouciance très années 80 où les périls étaient relégués au second plan. Quand on ne veut pas voir le drame qui vient, on redemande une danse, un verre, un tour de manège. Il ne faut pas que ça s'arrête nous disent les joueurs du barnum. Même si les danseurs chancèlent déjà, que les buveurs ont dépassé la dose autorisée, ou que le manège a les rouages qui grincent et menace de se disloquer...

Comment expliquer la rapidité avec laquelle les membres de l'UMP emballent littéralement les thèses et les représentants du FN ? Est-ce par adhésion aux thèses frontistes ? Est-ce par déplacement des thèses UMP ? Sans doute un peu des deux, sans doute surtout par implosion littérale de la notion d'intérêt général et de conviction politique, qui ne font pas le poids face aux velléités particulières de ne pas voir la fête s'arrêter. 

Dans une armée comme l'UMP, le respect du commandement est la règle absolue. Or, en ayant montré le mauvais exemple, le général en chef Sarkozy a donné la consigne aux gradés: à droite toute, chargez ! Les dubitatifs n'ont pas voulu risquer le peloton d'exécution ou la désertion en pleine guerre. Du coup, les législatives ne sont pas simples pour les bleus bites: Juppé a déserté le champ de bataille, Fillon est planqué dans une circonscription très facile, quand à NKM elle subit la première rafale avant de tomber au champ d'honneur la semaine prochaine sans doute. A l'inverse, tous les zélateurs du FN sauvent leur peau et augmentent leur score en territoire délicat. Morano a lancé un appel sans ambiguïté, Luca et Estrosi ont réduit le score du FN local avec une campagne de contrefaçon. 

Pour le PS, l'aubaine conjoncturelle est évidente. Faut-il s'en réjouir ? Oui si on est candidat PS aux législatives, non si on se projette à moyen terme. L'américanisation de la vie politique française rend les électeurs plus "fans", moins vertébrés autour de valeurs et plus autour de camps. Comment ne pas faire l'addition des voix UMP et FN hier soir quand on est supporter de l'UMP ? Ainsi, il est aisé de refuser la défaite en se persuadant que l'on est pas loin. Ce d'autant plus qu'un certain nombre de hiérarques de l'UMP tiennent le même discours à leurs ouailles en demandant une trêve dans les leçons de morale de la gauche quand elle même s'allie avec Mélenchon. Un certains nombre de chiens de garde, avides de bipartisme tombent dans le piège grossier tendu par l'aigle meldois et reprochent aux élus PS leurs sympathies pour le front de gauche. Ils singent ainsi le célèbre et triste débat historique sur Hitler et Staline.

Le 17 juin, l'assemblée sera très majoritairement à gauche, donc. Si le redressement, productif, éducatif, sanitaire & socialiste promis n'a pas lieu, alors la marée de boue nous guette désormais. En effet, un sondage réalisé récemment demandait à l'électorat UMP ce qu'il souhaitait, en cas de triangulaire. Le "ni ni" "était très fort et ironie chiffrée de l'histoire, ceux qui décidaient représentaient des chiffres inversés 14% préféraient le PS et donc 41% le FN... Décidément, le ver a bouffé la pomme. Les digues ont lâché et ce que l'on prendra sur la gueule en cas d'échec n'aura rien à voir avec ce que l'on a subi de 2007 à 2012. Cette vision apocalyptique n'a pour l'heure rien d'une prédiction, évidemment. Camarades socialistes, le pare boue n'est pas l'objet le plus noble qui soit, mais soyez certains que les amis de la République vous sont reconnaissants de l'incarner.

05/06/2012

Le libéralisme, avaleur de valeurs

091222114059602465107054.jpgOscar Wilde a sans doute tout fait pour être présenté ad vitam eternam comme un plaisantin. Le propre du dandy est de ne pas vouloir être pris au sérieux. Pour autant, son aphorisme célèbre, "aujourd'hui on connaît le prix de tout et la valeur de rien" n'a jamais été autant d'actualité. En effet, jamais il n'a été possible d'ériger des frontières ou des barrières visibles pour faire en sorte qu'1$ ne soit pas toujours 1$. Pour faire en sorte que l'argent produit par du poison ne possède pas la même valeur que celui de l'antidote. L'impasse libérale se trouve là.

Parfois, on pousse l'entrechoquement des chiffres jusqu'à la perversité. Au grand jury RTL le Figaro, dimanche, Mougeotte, interrogeait Pierre Moscovici en lui demandant s'il ne craignait pas de raviver une "lutte des classes" en menant une "chasse aux riches" avec l'empêchement de primes gargantuesques et autres retraites dorées ou parachutes et tutti quanti. Mosco s'en sorti comme il le pouvait, pris en étau entre une promesse présidentielle d'exemplarité et l'imminence de législatives où il ne faudrait pas désespérer Billancourt, qui s'est bien embourgeoisé depuis 68. Mougeotte le relança plusieurs fois pour savoir si une rémunération supérieure à 1 million d'euros était "indécente" ce qui est le cas, mais en bon social démocrate (il est plutôt soc-lib', mais pour les premiers jours, en crise, faut faire bonne figure) il répondit qu'une forte taxation s'imposait.

Bon, au cours de l'émission on lui chercha noise au sujet des 5 milliards manquant au budget de l'Etat. C'est beaucoup, 5 milliards. Mais ce sont tout de même 5 milliards pour payer des profs, des médecins, des psys, des aides alimentaires et aux logement sociaux, de l'accompagnement, des crèches et autres. Pas seulement, comme disent les crétins contempteurs de droite "pour faire des routes" ce d'autant que l'ineffable Villepin ayant bradé nos autoroutes, les impôts ne servent même plus tant que ça aux routes. Quand on voit les manques en termes d'éducation et de santé, de sécurité là où il en faut (transports nocturnes, et quartiers populaires où l'on a ôté les commissariats) et de transports de proximité, on se dit qu'il ne faut pas ôter ces 5 milliards. 

Ni Mougeotte ni Apathie ne se sont étendus sur l'affaire Kerviel, auprès du locataire de Bercy. Il aurait pourtant peut être eu des choses à dire, notre patron du porte-monnaie sur l'irresponsabilité qui pousse certains types isolés à perdre 5 milliards comme ça, sur des écrans comme on joue aux jeux vidéos. Ces mêmes 5 milliards qui manquent à l'Etat. Quand Kerviel ne déconnait pas, les 5 milliards récupérés  servaient à quelques types, qui d'ailleurs désertent la France. Une autre façon d'avoir un manque à gagner de 5 milliards pour la France. D'ailleurs, suite à cela et quelques autres opérations hasardeuses, la Société Générale a eu le culot d'aller demander de l'aide à l'Etat...

Il suffit de regarder cet indicateur, le PIB, pour voir qu'en 2012 la France produit plus de ces fameuses valeurs qui enivrent tous nos amis libéraux que jamais dans l'histoire. Pour autant, sommes nous victimes d'une hallucination collective lorsque nous estimons que ces amas de richesses ne profitent pas aux besoins collectifs ? Evidemment que non. Pour les raisons énoncées plus haut, à savoir que ces chiffres à l'aveugle ne tiennent jamais compte de l'utilité sociale. Un certain nombre de bulles plus ou moins néfastes viennent faire gonfler ces valeurs. La plus néfaste est évidemment l'immobilier. Contrairement à d'autres bulles libérales (sport, marché de l'art, vins) celle ci est vitale. On peut vivre sans un Rothko dans son salon, passer un bon repas sans boire du cheval blanc, il est plus délicat de vivre convenablement dans 8m2...

Hier, pour des raisons professionnelles, je me suis rendu dans un de ces endroits qui détient des objets symboles de cette folie. J'ai tenu dans mes mains très propres, un certain nombre de livres, assez anciens, voir très anciens. Le genre qui ont été écrit, à la main, quelques centaines et parfois seulement dizaines d'années avant ma naissance. Bon. Que ces documents, par leur rareté, leur originalité, ce en quoi ils ont fait avancer la pensée humaine, représentent plus de valeur qu'un beau costume ou un excellent repas, rien de choquant. En revanche, quand ces papiers permettent d'acheter un appartement, deux et jusqu'à un immeuble quand la France compte 8 millions de mal logés, là il y a un hic. D'ailleurs, j'ai consulté cela par pure conscience professionnelle, mais pour ce que j'ai à faire, la gratuité de contributions internet sur le contenu des oeuvres me suffira. Tant mieux. J'en transpirai de manipuler ces objets dépassant par leur "valeur" tout ce que je pourrais gagner en travaillant dans ma vie. Ne pas commettre d'erreurs. Je sais enfin ce que ressent l'employé de banque comptabilisant les liasses de billets de 500 quand lui même n'en empoche que 3 à la fin du mois. Et encore, l'employé comme moi hier n'avons aucun risque autre que matériel, avec une dégradation du papier. Le convoyeur de ces fonds ou de toiles de maître risque lui une attaque frontale. Voilà à quoi mène un système aveugle aux richesses qu'il produit. Les 10 et 17 juin prochain, espérons que les électeurs décideront massivement de voter pour que l'on rende la vue à l'économie.