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13/02/2022

Introuvable extrême-droite

C'est assez amusant, cette campagne, dans laquelle plus personne n'est d'extrême-droite. Pendant des années, Marine le Pen s'est battue et menaçait même de poursuites celles et ceux qui qualifieraient sa formation "d'extrême-droite". Et avec l'arrivée de Zemmour, le souhait de Le Pen se réalise, puisque Zemmour explique qu'elle est de gauche... Ce matin, Stéphane Ravier a quitté le RN pour ces raisons "elle n'a plus la gnaque, ne veut plus se battre, tolère l'islam et capitule devant l'Europe et le mondialisme". 

Deuxième lame du Zemmourisme, "Valérie Pécresse n'est pas de droite". Elle est molle, velléitaire, pas contre l'immigration. Ce faisant, ce disant, il redit exactement ce que disait Philippe de Villiers de Sarkozy "il n'est pas de droite, il est acquis à l'atlantisme et  au fédéralisme européen. La droite, c'est les patriotes que nous soutenons avec Charles Pasqua". Inutile, évidemment, de dire que pour Zemmour Macron est tout à fait de gauche, quasi woke. Cette stratégie de l'ultra outrance, c'est évidemment importé de Trump qui dépeignait Clinton comme Biden comme des dirigeants soviétiques. Et ça passait. Et il a réussi à brunir les Républicains qui l'ont suivi comme un seul homme dans la démesure.

L'élection présidentielle est trop proche et Zemmour trop loin pour réussir le même dynamitage. Mais clairement, après la présidentielle, il y aura danger. De deux choses l'une, soit le RN et Reconquête investissent 577 candidat.es et nous n'aurons aucun.e député.e facho. Soit ils s'entendent et parviennent à s'allier et comme ils pèsent près de 30% de l'électorat actuel, voire plus si l'aile droite de LR (rappelons que Ciotti a fait 40% lors de leur primaire) se disloque et les rejoint, une grande union des droites menacerait clairement l'assemblée. Et malgré les nazis, les militaires factieux, les identitaires, les acoquinés à des mouvements violents, on parlera de "bloc de droite" et pas "d'extrême". Déjà, Zemmour n'est plus présenté que comme un "polémiste", ce qui euphémise la couleur politique, ce qui reprend sa stratégie. Au moment où l'extrême droite n'a jamais autant pesé dans le pays, elle est presque introuvable dans les commentaires.. 

11/02/2022

Mélenchon bashing fatigue...

Hier soir, j'avais mieux à faire que de regarder Mélenchon. Boire des bières et lire "les fossoyeurs", l'excellent livre de Victor Castanet. Ce matin, des messages me demandaient si la remarque à Patrick Cohen en faisait un antisémite, si ses propos économiques en faisant un citoyen d'honneur de la Corée du Nord, si, quand même le tempérament, patin couffin. C'est comme si Mélenchon avait été invité à une émission où l'on vous bombarde de questions "pour ou contre" et que vous étiez obligé, dans le lot, de sortir quelques énormités. Alors j'ai pris 2H30 (j'ai un surencombrement professionnel relatif) et j'ai tout regardé. Et mon alacrité à écouter Mélenchon distiller une vision de société n'avait d'égal que mon énervement face à l'attitude pusillanime de toustes ces contradicteur.ices. Toustes sauf un... Geoffroy Roux de Bézieux.

Le patron du MEDEF est le seul à avoir échangé honnêtement avec Mélenchon. Vision économique contre vision économique. Proposition écologique contre l'autre, commandes publiques contre liberté d'entreprendre pour le progrès... Répartition égalitaire des richesses contre récompense aux investisseurs. C'est le seul. Tous les autres ont chicané, coupé Mélenchon qui parlait de façon principiel pour le ramener à des anecodtes. Quand Mélenchon veut parler des courants d'idées de personnes avec qui il pourrait gouverner, Salamé lui montre un trombinoscope, quand il explique dans l'absolu que la concentration des médias est inquiétante elle veut une réponse à la fusion TF1-M6 quand Mélenchon parle du danger du terrorisme d'extrême droite, on lui demande de hiérarchiser des peurs... C'était épouvantable. Heureusement Roux de Bézieux et étonnamment Claire Chazal furent bons. 

Et je m'interroge vraiment sur le pourquoi de tant de haine, de tant de véhémence. Je rappelle que grâce à cette manière de l'interroger, Mélenchon est devenu la personnalité politique la plus détestée du pays, devant le Pen (Zemmour n'était pas encore testé). On répondra qu'il rudoie les journalistes, mais ces derniers ne le laissent pas en placer une. Et au fond, la seule explication que j'ai, c'est une question de niveau. Hugo Clément et Chazal l'ont interrogé sur des domaines qu'ils maîtrisent et n'avaient pas besoin d'invectives, de questions biaisées, pour lui parler. Idem pour Roux de Bézieux. Salamé et Guimier, en revanche, n'avaient tout bonnement pas le niveau pour le coincer et ça les rend fous. D'où les questions de relance et les recoupes pour essayer de lui faire sortir une phrase à même de buzzer. Une telle opiniâtreté n'est pas employée avec Le Pen, ni même avec Zemmour et ça c'est fatiguant. 

Dans quelques semaines, quand on sera sûr qu'il n'est pas assez remonté, on dira que c'est le seul à gauche à porter encore beau, à porter le verbe et soulever des questions importantes. Et si jamais il monte trop, on nous refera le coup de 2017, les chars de l'armée rouge aux portes de Paris, les riches aux travaux forcés et la réouverture des goulags. On peut évidemment détester Mélenchon et ne pas vouloir voter pour lui. Aucun souci. Mais cet acharnement à attaquer l'homme pour ne pas parler du partage de toutes les ressources qu'il propose, vraiment ça me fatigue. 

 

 

10/02/2022

2022, la haine sans masque

Marine le Pen avait réussi sa dédiabolisation. Elle n'est plus la personnalité politique la plus détestée des français, laissant cette triste place à Jean-Luc Mélenchon. Personne n'avait commenté ce changement, chez les éditocrates. Quand elle a repris le FN, elle était à plus de 65% d'opinions défavorables, et dépassait encore les 50%, en 2017. Elle est à 39%. 39% seulement qui rejettent frontalement le RN. Le résultat de dix ans de sourires, de nazis et crânes rasés mis hors cadres, de storys Instagram avec ses chats, d'adoucissement sur l'euro, l'Europe, l'islam et surtout les "races".

Dans "la langue de Zemmour" Cécile Alduy montre que Marine le Pen n'a employé que 2 fois le terme de "race" dans ses discours et paroles publiques et c'est en défense quand on l'accuse de racialiser le débat. Zemmour, lui, l'a employé 135 fois. 135, pour assumer une "guerre de civilisation entre la race blanche et les autres". Avec une précision scientifique qui n'est pas sans rappeler les commentateurs du site ReinfoCovid qui notent souvent une augmentation de pathologies incurables dans les 48h suivant une injection de Pfizer...

Zemmour ne dédiabolise rien du tout, il diabolise de plus en plus et les condamnations pour incitation à la haine ne l'inhibent pas du tout. Hier, il proposait d'ériger des murs à l'ensemble des frontières européennes, curieuse entorse fédéraliste pour un nationaliste convaincu, mais l'homme n'est pas à une contradiction près. Expulsion des délinquants, peines alourdies, déchéance de nationalité, refus de HLM aux non français, tout, ad nauseam jusqu'à l'inepte interdiction des prénoms musulmans transpire la haine. Et ça marche. Il n'est pas à 25%, bien sûr, mais sans troupes, son segment de pure haine décomplexée est au dessus des 10%. Bien sûr, il a des soutiens financiers et des relais médiatiques incommensurables et ça n'est pas rien, c'est énorme et nul doute qu'un tel appui de grands groupes médiatiques à une candidature rouge ou verte changerait la donne. A minima l'arrêt des attaques... Passons. 

Depuis 10 ans, celles et ceux qui s'alarment de la montée de l'extrême-droite en France sont toujours modérées par l'argument "les électeurs RN ne sont pas racistes. C'est plus compliqué. Il n'y a pas 25% de racistes en France". Et de parler du discours de Philippot sur les services publics abandonnés, le pouvoir d'achat, l'isolement, toute une vulgate de gauche. Zemmour ne s'embarrasse pas de ça, au contraire, il veut diminuer le périmètre de l'État, désarmé l'école dans ces missions éducatives pour la cantonner à la seule instruction, il veut renforcer le ruissellement et financer toute ses invraisemblances, toute cette folie oligarchique par "des mesures contre l'immigration". Avec ça. Ce discours racialiste, séparatiste, qui ranime le pire des ligues fascistes, est sondé entre 12 et 14% depuis trois mois. Va peut être falloir arrrêter de trouver des excuses aux électeurs. Note d'espoir, je dis "électeurs" et pas électeur.ices parce que, pour la première fois, on tient un vote genré : 20% des hommes de moins de 35 ans sont tentés par le vote Zemmour contre 4% pour les femmes. La femme est l'avenir de la démocratie française.