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18/06/2022

Lutter contre l'amnésie environnementale

Dans un article de 1995, le biologiste marin Daniel Pauly a forgé le concept "d'amnésie environnementale" pour évoquer le fait que trop de spécialistes de la pêche se concentraient sur leurs références de début de carrière sans embrasser une perspective plus large. Dès lors, des prises moyennes de poissons de 500g leur semblait honorables quand elles étaient d'1kg auparavant. Et de 180g aujourd'hui, car nous sur pêchons de manière folle et attrapons les poissons à peine nés, nonobstant les promesses de pêche durable. On voit bien qu'à se féliciter des 180g, nous allons rater le moment de bascule lors duquel nous pêcherons des poissons impropres à la consommation, car trop petits pour nous nourrir.

Le concept de Pauly a fait florès avec l'exemple très célèbre des moucherons sur les pare brises des voitures qui obligeaient à des arrêts toutes les heures il y a 50 ans, là où vous pouvez désormais sillonner la France sans vous arrêter, les pesticides agricoles ayant décimé les insectes entre temps. Et vous ne l'avez pas noté petit à petit. Vous ne déplorez pas l'absence de moucherons sur vos fenêtres à chaque trajet. 

Il en va de même avec les canicules. En 2003, celles et ceux qui avaient vécu 1976 s'en souvenaient vaguement où l'avait oublié, les autres découvraient l'étuve, mais n'y pensaient déjà plus lors de la suivante, plus rapprochée, et encore plus et encore plus, jusqu'à celle de cette semaine. Depuis ce matin, nous respirons mieux et le sujet ne sera plus à la Une des médias qui pourraient même regretter la pluie de la semaine prochaine.

On voit bien que des températures comme celles vécues cette semaine sont invivables. Les climato négationnistes se gaussent, nous renvoi au fait qu'à Abu Dhabi il fait 15 degrés de plus et les gens vivent. En ce moment, ils mettent le paquet pour nous dire qu'on ne traverse pas une vague de chaleur exceptionnelle et ils diront la même chose à la prochaine, et à la suivante quand bien même elle serait six semaines après la dernière, ils jureront que ça a toujours existé. Pour s'opposer à cela, il va falloir une lutte méthodique contre l'amnésie, se souvenir en permanence que c'était moins pire avant pour que ça ne soit pas encore pire demain. Comme on dit trop souvent en ce moment, ça va être chaud.... 

 

17/06/2022

Projections, pièges à cons

Depuis la semaine dernière, en dépit du bon sens, les médias continuent à commenter en boucle des projections en siège comme s'il s'agissait de sondages. Ces derniers, bien qu'imparfaits, bien qu'avec une marge d'erreur, se plantent sur les scores, pas les tendances. Ils avaient le second tour de la présidentielle, le 3eme, peu ou prou le score de Jadot, Roussel ou Hidalgo, ils ont juste manqué l'étendue de la gamelle de Pécresse et de Zemmour. Mais les projections, ce sont 577 élections, pour lesquelles on a que très peu de sondages, faute d'intérêt et de moyens. D'où les gigantesques plantades que donnent cet outil qui n'ont en commun que les instituts qui les proposent.

Ainsi, en 2017, LREM a perdu près de cent sièges entre ce qu'on disait au soir du premier tour et avec les résultats effectifs du second tour : on leur annonçait 410 à 455 député.es, ils ont fini à 349... Cent sièges ! Près de 20% de l'Assemblée. Interrogé les sondeurs vous diront "oui, bon, enfin, y a une majorité Macron, quoi"... 

La réalité, c'est que sur 577 élections, plusieurs centaines d'entre elles vont se jouer dans la marge d'erreur des sondages, de 3 points. Une des plus emblématiques de ce second tour, entre Guedj et Montchalin, donne le premier vainqueur à 51 contre 49. Cela va se jouer dans les marges, dans les interstices, à 1% près. Et 1% dans une circo où moins de 50% personnes votent, ça fait quelques centaines de voix... 

Dans 3h la campagne pour les législatives s'arrêtent et c'est la seule certitude que nous ayons avant dimanche 20h. L'histoire de ce pays appartient à celles et ceux qui voteront dimanche. L'abstention ne fera reculer ni le dérèglement climatique, ni les inégalités, ni la casse des services publics. A bon.nes électeur.ices. 

14/06/2022

Quand l'idiot commente la météo, le sage pour le climat

Ça n'est pas l'élimination très probable d'Amélie de Montchalin qui menace la transition écologique à la Macron, mais l'inventaire du premier quinquennat. En 2019, Macron a présenté une feuille de route pour la transition énergétique en repoussant les obligations de 2025 à… 2035. Deux ans d’inaction, dix ans de prolongation ! Si les libéraux croyaient en la science, ils auraient renforcé les objectifs fixés pour 2025 par Ségolène Royal et déjà peu ambitieux, à des années lumières des feuilles de routes prises par les exécutifs scandinaves actuellement. Les macronistes sont des climatosceptiques socialement plus acceptés et pourtant le macronisme environnemental est, de loin, le plus inacceptable.

L'entre deux tours nous "offre" une canicule plus précoce que toutes celles observées depuis que Météo France mesure. Ça n'est évidemment pas le fait du pouvoir en place et le climat est un phénomène mondial, tant que le charbon s'extraira partout en Europe comme réponse à l'invasion de l'Ukraine, des vagues de chaleurs, de gel, des tempêtes et autres joyeusetés secoueront la planète. Il est évident que l'on ne se sauvera pas seul, mais ça n'est surtout pas une raison pour ne pas agir. Les macronistes n'aiment rien tant que maquiller leur inaction climatique (pour lequel ils ont été condamné par le Tribunal administratif de Paris l'an dernier) en expliquant qu'ils agissent au niveau du Parlement Européen. D'abord, c'est faux, là bas leur groupes vote des textes dégueulasses permettant la réintroduction du glyphosate où les droits à polluer des cimentiers. Ensuite, en France, ils continuent ad nauseam à renvoyer les français.es aux éco gestes, à demander de baisser le chauffage (ce que les pauvres font déjà avec une technique révolutionnaire : l'impossibilité de payer) où de baisser la clim. Mais eux ? Où est la commande publique pour repeindre en blanc les bâtiments publics pour lutter contre les ilots de chaleur ? Où en est la rénovation thermique abandonnée en rase campagne ? Et la révolution agricole quand de l'aveu des habitués de ces dossiers, aucun gouvernement n'a été aussi proche des désirs de la FNSEA ? 

Cet exécutif a un bilan, un passif de véritables climato négationnistes et les nominations du trident Borne Panier Runacher Montchalin montre bien le peu de cas qu'ils font de ces enjeux. Si vous trouvez que le programme de la NUPES sur le climat est trop radical, rappelez vous que le secrétaire général de l'ONU disait en commentant le rapport du GIEC "ce rapport qui prône l'arrêt de l'extraction des fossiles et le passage à la sobriété n'est pas radical. Aujourd'hui, les radicaux irresponsables sont ceux qui continuent à ne pas changer de modèle". Pas mieux.