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18/03/2010

History of (social) violence

Hier soir sur France 2, docu de Christophe Nick "le jeu de la mort", bon. C'était intéressant en tant que tel mais très con pour les conclusions qui en furent tirées.

L'idée de base tient du syllogisme débile (je sais, redondant, mais vraiment con quoi) dans les années 60 l'expérience de Milgram avait prouvé que 60% d'un panel test torturait un frère humain si on lui en donnait l'ordre. Christophe Nick a transposé l'expérience aujourd'hui sous forme de jeu télé avec de l'argent potentiellement à la clé. Effaré, on voit 80% des candidats continuer de balancer du haut voltage malgré les cris du type (qu'ils ne voient pas). Et là-dessus, la voix off nous dit "la télé a banalisé la violence et on voit que le monde est plus violent que dans les années 60, époque où la télé était marginale, donc la télé rend violent"... Ca m'a laissé sans voix de connerie.

Derrière un débat mené par Christophe Hondelatte (ha ha) avec Morandini (bis) une journaliste de Télé Z ou Télé mag (ter) et David Abiker perdu la dedans en arrivait presque aux mêmes conclusions. Abiker disait, heureusement, que la télé rend con mais pas violent, les autres défendaient leurs bouses. Pire, on était allé chercher Alexandre Lacroix, philosophe bien peigné et poli pour dauber sur la télé : tellement simple pour un philosophe de taper sur ce qui n'est pas livresque en s'affichant à la télé... Il y avait aussi une psy télé : je respecterai la convention de Genève mais les psys télés sont à Sigmund ce que Guillaume Musso est à Julien Gracq...

Je me suis juste interrogé sur une évidence: pourquoi personne n'a parlé de ce qui nous rend vraiment violent: la société libérale et virile. Sur l'argument années 60, années 2010 et contestation: pourquoi les gens désobéissent moins alors qu'il y eut la Shoah s'interroge le réalisateur? Mais dans les années 60, on en parlait constamment, aujourd'hui, l'histoire s'enseigne à partir de Thriller de Michael Jackson jusqu'à la résurgence de Britney, l'histoire on ne veut pas en entendre parler, c'est poussiéreux quoi.

Sur les racines de la violence: il faut lire tous les bouquins de Christophe Dejours sur la souffrance en France, au travail ou ailleurs. Comme disait Staline, "un mort c'est une tragédie, 1 million c'est une statistique", notre vrai drame c'est d'avoir une lecture statistique du monde, par essence externe à la compassion et à la douleur. On a tous des archétypes en tête comme "le plein emploi est une chimère, 6% c'est un beau taux" (les archétypes s'énoncent bêtement) or, cela signifie des millions de personnes en situation très précaire. On s'habitue à tout, les millions de personnes mal logées, les enfants battus qui feront des adultes exclus (70% des personnes en situation de grande exclusion sont issus des services sociaux de l'enfance). Lundi, une étude montrait que 20% des étudiants mangeaient mal faute de moyens (un repas par jour...). Aujourd'hui, le spectre de la violence sociale ne cesse de s'étendre, jeunes, moins jeunes, pauvres à moins de 817 euros (merveilleuse trouvaille de Bruxelles) pauvres à plus de 817 euros par mois et autres...

Corollaire de tout cela, plus la violence imprègne, moins on est solidaire, donc prêt à écraser l'autre. Montrer qu'on est pas une lavette quoi. Cet esprit a imprégné le monde de l'entreprise ou c'est un privilège d'avoir un boulot et un insigne honneur de recevoir un salaire. La compétition virile écrase les autres. D'ailleurs si Renaud était encore un chanteur de qualité, il ne reprendrait pas grande chose à son immense "Madame Thatcher". Merveilleuse chanson qui montre qu'à part Maggie, tous les grands violents de l'histoire sont des mecs. Peut être rajouteraient ils quelque chose comme "patrons voyous, spéculateurs verreux et traders fangio, je vois pas de gonzesse chez ces zozos... à part bien sûr La Parisot"...

Sur ce, camarades, je m'en vais commémorer les 139 ans de la Commune à ma façon (j'ai un dèj place de la Nation quoi...)

 

Commentaires

- Ce que vous dites est faux, on parle beaucoup plus des victimes de la dernière guerre mondiale aujourd'hui que dans les années soixante. On peut voir au contraire Hitler et les nazis érigés en repoussoir comme le meilleur moyen de blanchir des régimes qui ne valent pas mieux mais avec lesquels nous avons des relations commerciales ; on peut très bien se passer de la télévision pour apprendre l'histoire, beaucoup moins pour mener les masses par le bout du nez.

- D'accord avec vous pour inculper le système libéral globalement, même si je trouve le libéralisme plus "efféminé" que "viril" (cf. Sarkozy main dans la main avec sa dulcinée à Disneyland) ; mais inculper le libéralisme ou la télé revient au même tant l'effort de la télé au cours des dernières décennies a été principalement de discréditer toutes les opinions n'étant pas "libérales". Les journalistes se sont d'ailleurs remis au travail pour beaucoup d'entre eux pour tenter de faire oublier la fâcheuse impression d'incompétence et d'imposture du régime libéral produite par la crise sur le grand public, et qui a mené un pays de cocagne au bord de la banqueroute avec une arrogance (la "chienlit" de de Gaulle) incroyable.

- En dehors de Thatcher, vous oubliez Elisabeth Ière qui est en Europe le premier exemple de monarque absolu et totalitaire, précédant le régime tyrannique de Louis XIV qui n'est qu'un décalque.

Écrit par : Lapinos | 18/03/2010

Bon, il est logique de ne pas faire s'épouser un castor et un lapin...
Je commencerais par deux compliments: j'aime beaucoup votre blog, que je viens de découvrir, mais je n'aime pas que vous surlignez tant de choses en gras, comme si les gens n'avaient pas le temps de lire et qu'il fallait choisir pour eux.
Ensuite, je suis parfaitement d'accord, la télé a épousé les thèses libérales au delà du raisonnable.
Enfin, ce que je dis est vrai, on parle beaucoup plus de la Shoah aujourd'hui, mais on la discrédite, on la questionne, on la relativise à un "événement", comme le génocide arménien à une "querelle entre arménien et turc"... Gesticuler et afficher ne sont pas des garde-fou suffisants !
A bientôt

Écrit par : Castor Junior | 18/03/2010

Je vous laisse à vos querelles de Castor et de Lapin (qui ne sont pas sans intérêt), mais je m'étonne qu'à propos de cette émission, aucun d'entre vous n'ait dénoncé, tout bêtement, la saloperie qui consiste à faire de l'audimat en dénonçant la saloperie.

Nuit et brouillard à 20h 35 c'était pas mieux ?

(Naturellement Estellebeaurivage, qui a sa dignité, n'a pas regardé l'émission)

Écrit par : estellebeaurivage | 19/03/2010

T'as ta dignité ou t'as pas la télé ?
D'un autre côté t'as pas tort, je suis certain que France 2 a briser l'audience avec un truc pareil...

Écrit par : Castor Junior | 19/03/2010

Non seulement j'ai ma dignité, mais j'ai aussi la télé, Monsieur. Et refuser de l'allumer pour des cochonneries pareilles, c'est comme voter blanc : c'est politique !

(;-))

Écrit par : estellebeaurivage | 19/03/2010

- Je rebondis sur Estelle B. : l'émission de Christophe Nick me paraît au contraire avoir été sabotée par "France 2" et Hondelatte. Peu d'images, pas de victimes de la téléréalité dont la vie privée a été jetée en pâture par de sinistres gugusses dans le genre de Delarue, et qui s'en sont mordus les doigts ensuite, mais un débat entre professionnels bossant directement ou indirectement pour la télé ; ça revient à faire faire le procès des banquiers véreux par les hommes politiques dont les partis politiques ont été financés pendant des années par ces banquiers véreux.
Bientôt le procès de la télé sera dit "populiste".
- Sur la Schoa, à partir du moment où on a voté une interdiction d'en discuter, on en a fait une religion avec le parfum de l'interdit avec. Je me souviens quand j'étais lycéen il y a une quinzaine d'années, les bouquins révisionnistes anarchistes circulaient sous le manteau dans mon bahut, et quand je m'étais fait choper avec un exemplaire par mon paternel, je m'étais pris une mandale direct. Je parle d'une époque où baiser les gonzesses par tous les orifices n'avait déjà plus rien de scandaleux tant que le consentement y était.
L'autre jour j'étais au BHV, rayon "Histoire et Schoa", et il y a un beur qui passe, s'arrête et me dit : "Ils sont tous en train de vous mentir et de vous mener en barque", en montrant les bouquins sur la Schoa, et puis il se casse. Mais ce genre de type est loin d'être représentatif voire d'être représenté en France.
Le problème c'est qu'énormément d'infos dans tous les domaines viennent de la télé, qui a piqué son rôle en partie aux instituteurs. Débat truqué dès lors que la légitimité de ce pouvoir encore plus centralisé que le pouvoir politique n'est pas questionné.
L'information, c'est ce dont les abeilles ont besoin pour retrouver le chemin de la ruche et y rapporter le miel à la reine. Pour moi le devoir d'information et les informateurs n'ont qu'à aller se faire f...

Écrit par : Lapinos | 27/03/2010

HMMM, sur le truquage des débats force est de reconnaître que c'est assez juste ma foi...
Quand aux abeilles, merveilleuses abeilles, je recommande la lecture d'un livre que les éditions Alternatives viennent de leur consacrer, conscientes avec Einstein qu'après la mort des abeilles, notre monde n'en a plus pour longtemps...

Écrit par : Castor Junior | 27/03/2010

Ah, voilà tout le problème, il ne faut pas se sentir solidaire du monde ; c'est le miel avec lequel les politiciens et les médiats attrapent toutes les mouches. Le "devoir d'information" n'est justifié que par cette idée complètement abstraite.

Écrit par : Lapinos | 29/03/2010

10 000 morts à Manille importent moins qu'un à Paris XVIII, rien n'a changé depuis que Deproges avait théorisé cette échelle sinistre en disant que le jour d'un tremblement de terre, un boucher a du aller à l'hosto pour la coupure de l'index de son rejeton et c'est ça qu'il a gardé à l'esprit...

Dura lex, sed lex...

Écrit par : Castor Junior | 29/03/2010

Un sentimental peut aimer 10.000 personnes. Dans la pitié qu'on éprouve pour les morts de la Schoa ou d'un tremblement de terre, entre sans doute beaucoup d'auto-complaisance.
Quelqu'un qui aime vraiment ne peut pas aimer 10.000 personnes.
Est-ce que le point de départ d'une relation sentimentale ne peut pas avoir lieu avec presque n'importe qui ? On peut d'ailleurs remplacer la cristallisation de Stendhal par le psyché, qui a le même pouvoir dédoublant.

Écrit par : Lapinos | 29/03/2010

Inquiétant... Les politiques n'aimeraient pas VRAIMENT les milliers de personnes qui assistent à leurs débats, logique dans une gigantesque partouze, ce n'est pas de l'amour entre les milliers de personnes qui prennent par aux ébats...
C'est que les sentiments, comme les gâteaux, se divisent, et c'est dans la nature humaine de vouloir garder la plus grosse part...

Écrit par : Castor Junior | 29/03/2010

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