12/04/2010
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En ce lundi au soleil, revenons sur ce truc de zozos : le marathon de Paris.
Lors de la première édition, il y a 34 ans, on était dans une approche doux dingue... 1 500 fadas avalaient les 42 bornes avec un parcours inhumain qui passait par les grands monuments parisiens et détour par la butte Montmartre. Rien que d'y songer, je souffre.
2010, parcours tout plat pour optimiser les chronos et permettre à tous les non athlètes de finir. Car on étaient 40 000 inscrits, 35 000 au départ, je crois, et beaucoup relevant plus de l'allure du sportif du dimanche bissextile que du champion. C'est très mode le marathon, d'ailleurs l'Oréal est le grand sponsor du truc avec GDF: rapport avec la course à pied ? Je cherche encore, peut être que le marathon parce que je le vaux bien et que quand je vois la ligne d'arrivée, je mets les gazs ? Mais bon, ça reste minimal comme lien....
Le côté mode est pénible, il amène une foule de connards, fagotés en robocop avec des baskets chromées. Ils font de la muscu' à outrance, courent avec un Ipod qui crache de la techno russe à 120 db et avalent red bull sur red bull sur la ligne de départ. Ils viennent pour le côté extrême, se faire mal. Je les ai tous vu hier vomir ou s'écrouler dès le bois de Vincennes après 10 bornes. Bien fait pour ces cloportes.
La course en elle même est un vrai défi mental. Physiquement, pas du tout. Tout se joue avant, si vous êtes un champion, vous mettrez moins de 3h, si vous vous entraînez correctement, vous finirez entre 3h et 4h (j'ai mis 3H13) et sinon, vous finissez en plus de 4h parce que vous n'avez plus 20 ans ou que vous avez abusé du MCdo en pensant que 42 bornes c'est 4 fois 10 bornes, alors que c'est un peu plus complexe... Mais cet entraînement, il est derrière nous, il nous permet d'avoir un moteur qui avance à une certaine allure, la vraie difficulté c'est de forcer son cerveau à la maintenir, d'ignorer les jambes qui ressemblent à celles de Pinocchio. Je ne suis pas masochiste mais il y a une vrai jouissance à transcender ses limites.
Sinon, le marathon c'est que du bonheur pour le moral. 30 000 types qui courent pour eux, se passent les bouteilles au ravitaillement quand les autres les ratent, relèvent ceux qui chutent s'encouragent quand d'autres grimaçent... Cette course reste, en dépit de sa starisation et le côté modeux, un vrai moment solidaire. J'ai rarement vu des gens applaudis comme les coureurs aveugles qui font ça avec une guide, ça me laisse pantois. En plus des 40 000 fous, il y a des centaines de milliers de personnes sur le bord de la route qui vous encourage, leur champion et les autres, vous, pour la beauté du geste. Ils soutiennent l'ensemble des participants, ce qui, n'est-ce pas, change des stades de foot...
Quand on a fini certains vomissent, d'autres se contentent dignement de marcher comme un cow-boy (mon cas)... Dans le métro, des étrangers vous sourient en regardant votre grosse médaille dorée autour du cou. Alors, la douleur s'estompe et on sait bien qu'on y retournera...
Demain, nous parlerons littérature car après la course, la lecture est l'activité la plus indiquée....
08:47 | Lien permanent | Commentaires (5)
Commentaires
Très beau, ton billet, très touchant.
Sous ta plume une phrase comme "il y a une vraie jouissance à transcender ses limites" prend un caractère de vérité simple et insoupçonnable qui rappelle de vieux souvenirs aux vieux.
Chapeau Léon !!! (et non pas "nabot" !)
Écrit par : estellebeaurivage | 12/04/2010
Bravo, cow-boy :) Ça me semble quand même très sportif, mais je veux bien croire que c'est quelque chose de très fort à vivre.
Écrit par : Yola | 12/04/2010
Merci Mesdames, je remarque que les femmes saluent quand les mecs se planquent (politique de l'autruche...)
Estelle, Léon va prendre quelques congés du footing, payé ou non... Et le vieux est venu encourager le petit !
Yola, le cow boy te confirme, c'est un peu sportif, mais pas pire qu'un goûter d'anniversaire pour rase-moquettes !
Écrit par : Castor Junior | 12/04/2010
Un jour de fête votive dans le village que tu connais, un certain Bruno, ouvrier du bâtiment, nous a raconté son Marathon de Paris, pour lequel il avait cassé la tire-lire. Sa femme et sa gamine,(personne n'avait jamais mis les pieds à la capitale) de station de métro en station de métro suivaient son parcours et l'encourageaient. Il nous a dit penser mourir. Son récit était si simple et si beau,et tellement plein de choses retenues et de tous ces mots qui ne sortent qu'en ces occasions, que j'ai failli pleurer dans mon pastis.
Écrit par : estellebeaurivage | 13/04/2010
Bah... Tu aurais pu, 5 volumes de larmes pour un volume de Ricard (mais c'est chaud les larmes... beurk...)
Écrit par : Castor Junior | 13/04/2010
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