03/05/2010
3 mai, 3 bouquins...
Bon, si nous ne pouvons commencer la semaine au soleil à cause que la météo se dérègle ma bonne dame, profitons en pour lire, puisque malgré ce que pensent Marc-Edouard Nabe et autres crétins confits dans leur réactionnisme jusqu'à la moelle, les bons livres publiés aujourd'hui sont encore souvent le fait d'auteurs vivants.
L'heure étant à l'Europe, je propose un allemand, un italien et une française, qui ne sont pas dans un bateau mais dans ma bibliothèque.
L'allemand, c'est Markus Orths qui signe Second Roman chez l'excellente Liana Levi. Elle, c'est une espèce de Label Rouge: peu de textes publiés, mais quasi que du bon, notamment tout Kourkov ou Bruno Arpaia. Second Roman, donc m'a bigrement plu par l'intelligence du propos et les situations burlesques qui poussent un quidam, que le hasard a rendu célèbre après la parution de son premier roman écrit presque par hasard, à angoisser au moment de pondre le second. Il passe par l'écriture sous cuite, sous stimulation neuronale ou sous hypnose. C'est délectable et ça prouve que je ne suis pas rancunier: quand j'étais castor poussin, il y a une décennie de ça, j'avais imaginé une histoire avec le même titre, mais c'était atrocement con, il faut jeter sa gourme avant d'être gourmet (pour l'heure, je baffre encore du Mcdo, mais je me soigne...). Ceci dit, je peux d'autant plus affirmer que le sujet est casse gueule et appelle une certaine dextérité pour mener finement le projet. Il l'a...
L'italien, c'est Erri di Luca avec le jour avant le bonheur, que j'ai pas trouvé en vignette mais bon, on peu lire Montedidio aussi. Je ne connais pas l'auteur personnellement, donc pas de procès d'intention, mais comme pour le verrat, tout est bon chez du Luca. Là, c'est un roman d'initiation à Naples, avec un orphelin trompe-la-mort qui fait son éducation auprès d'un vieux sage qui lui apprend quelques recettes roboratives, comment gagner aux cartes et d'autres trucs pour faire chavirer les filles. C'est écrit maigre, à la manière d'un Echnoz transalpin, sauf qu'il n'a pas l'humour subtil et flegmatique de Jeannot. Non, Erri il souffre dans sa chair, il voit la vie en noir et noir, les seules teintes rouges étant sanguines. Donc, si vous cherchez une pochade pour oublier les averses, passez votre chemin. Si, au contraire, vous êtes l'ami des grenouilles et des normands, que les giboulées ne vous affectent pas le cortex, calez vous avec un le bouquin et un double scotch et descendez les deux d'un trait.
La Française est hexagonale de tout son patronyme. Alix de Saint André dont je trouve la bouille plus vendeuse que la couv' (se sont pas foulé chez Gallimuche...). Que vous soyez grenouille de bénitier ou non, ce livre vous aidera à vous interroger sur les grandes questions de l'univers qui suivent "quand est-ce qu'on mange ?"... Elle y répond souvent, puisque dans l'aventure qu'elle a entrepris et relate ici, la bouffe a une place assez centrale. On parle de bouffe, des excès de clopes, d'alcool et d'ampoules au pied. Non, Alix n'est pas une camarade de course à pied. Elle jogge un peu, nous le dit d'ailleurs, mais sa grande histoire à elle, c'est la marche. Façon Compostelle. Bis repetita placent, mais elle c'est carrément trois fois qu'elle entame le bouzin. La dernière, noblesse oblige, elle l'entame en partant de chez elle. Elle ne nous épargne rien des considérations textiles, articulaires et tendiniques et autres joyeusetés de son périple. Apparemment, suer toute la journée avec son sac sur le dos vous fait apprécier la douche du soir à un point quasi orgasmique. Est-elle tellement plus avancée à l'arrivée qu'au départ et si oui, pourquoi ? Le style, beaucoup plus vif que la marcheuse, invite à l'empathie. On transpire avec elle, souffre avec elle, se goberge aussi... A l'arrivée, de façon assez inexplicable, ce livre qui doit je suppose décourager de nombreuses âmes fraîches de s'engager sur les chemins; ce livre, donc, m'a assez donné envie d'aller, un jour (demain, j'ai piscine...) m'élever l'âme en entreprenant cette insulte au monde qui va plus vite. Après tout, ça n'est jamais que la réalisation d'un caprice de gamin : se taper un 1 000 bornes...
Demain, puisque nous sommes sur une bonne lancée, nous continuerons à lire le dernier Kourkov ...
07:21 | Lien permanent | Commentaires (0)
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