02/06/2010
Anti-manuel de management...
"Orange : le déchirement " c'est pas moi qui le dit, ce sont Bruno Diehl et Gérard Doublet. En plus, ils l'écrivent chez Gallimard ce qui me laisse perplexe sur le devenir de la maison de Gaston à l'aube de son centenaire, mais ceci est un autre débat.
Entre Roland-Garros et la coupe du monde, je sais que votre temps de lecture est compté, mais pas de souci: l'opus minima fait 107 pages écrites dans une police pour hypermétrope et dans une langue plus pâteuse qu'après une cuite au Ricard.
Pourquoi faut-il diantre alors allez prendre ce livre à la bibliothèque (pas la peine de filer des droits d'auteur...) ? Mais parce que plutôt que de vous énerver contre les gauchistes qui prétendent qu'on ne peut pas réguler le capitalisme mais qu'il faut le transformer; vous vous direz qu'ils ont pas tort, les barricadistes.
De quoi parle t'on ? D'une succession d'enculés se refilant la faute et à la fin qui l'a dans le cul, nous, ceux qui ont un cul, disait Coluche. Vous remplacez les enculés par Michel Bon, Thierry Breton et Didier Lombard et je ne parle pas de leurs moeurs. En gros, à une époque, France Télécom a tutoyé les étoiles et voyageait en Concorde. Quand les investisseurs ont vu l'ampleur de la dette, ils ont coupé des têtes... Tous les managers qui se sont succédés n'ont eu qu'une hâte, prendre les décisions en cercles de plus en plus restreints, les 500 de la dream team de Thierry Breton au comité innovant de Lombard. Ces isolationnistes n'ont eu de cesse de pousser un maximum de salariés au départ avec le programme TTM: time to move. All a programm, not ?
Dès que les difficultés s'accentuaient, le climat se délitant, la direction improvisait artificiellement du "vivre-ensemble" via le service de communication ou prévention du stress. Enorme surprise: ça marchait pas. La vie est vraiment injuste, parfois. Pendant ce temps, depuis les années 1990, un authentique génie, Jean-Baptiste de Foucauld, leur avait crée un Institut des métiers, qui permettait aux salariés de s'exprimer, de s'aérer, d'être valorisé. Resté dans un placard... Voyons si le sémillant Stéphane Richard le ressortira, on peut toujours rêver.
A l'arrivée, le livre nous convainc de deux choses: 1/ la rentabilité à court terme est nécessairement vomitive et destructrice. 2/ tous les connards de consultants et de journalistes qui continuent à faire le lien entre climat social et suicide sont des sacs à merde et des usurpateurs. On trouve sous la plume des deux jocrisses auteurs du bouquin sur Orange "chez PSA ou Renault, la tension était là, mais, après quelques suicides, la direction a su réagir" (page 16 !!!!)... N'importe quel imbécile ayant suivi 8 heures de socio suffisamment intéressantes pour vouloir lire posément "le suicide" de Durkheim sait que ce geste désespéré est infiniment plus complexe. Je ne nie pas qu'il puisse être lié au travail, loin s'en faut. Mais tenir cet acte extrême comme un indicateur dépasse les bornes de la décence. Quand bien même les suicidés laissent des lettres sur le lieu de travail, cela n'explique pas tout, n'importe quel joueur débutant de Cluedo connaît l'existence des leurres.
Demain, bah, puisque c'est un génie et qu'il vient de publier "L'abondance frugale" de Jean-Baptiste de Foucauld (Odile Jacob).
12:05 | Lien permanent | Commentaires (9)
Commentaires
Pour les consultants sacs à merde & le suicide :-(
(Oui, je sais, pas mieux que pour M. Hirsch)
Écrit par : Cecile | 02/06/2010
Tu devrais réfléchir à la communication intuitive par smileys, tu excelle dans cet art consommé de la litote !
Écrit par : Castor Junior | 02/06/2010
Et pourtant on peut suicider quelqu'un.
C'est peut-être dur de reconnaître cette réalité, mais elle existe parfois, et on est en droit de se poser de sérieuses questions.
Écrit par : Marie | 04/06/2010
Et un leurre avant l'heure n'est que le début de la fin.
(Confucius)
Écrit par : Jean-Pierre Doisno | 04/06/2010
@Marie: je ne dis pas, mais ça ne concerne pas automatiquement tous les cas...
@JP: l'avait vraiment oublié d'être con, ce fucius...
Écrit par : Castor Junior | 04/06/2010
Comme vous j'ai lu le bouquin "orange le déchirement" et j'y ai trouvé pas mal de positif et particulièrement "la libération de la parole" alors évidemment il reste beaucoup à faire mais je suis ravie que des hommes et des femmes bougent ...dans le bon sens" en réhabilitant les hommes et les femmes dans l'entreprise... allez courage paroles exprimées, sentiments libérés... je crois que ce témoignage ( parce que je l'ai vu comme un témoignage!) est le bienvenu.
Écrit par : Ivinskaia | 06/06/2010
@Ivin : pas faux, reste donc à l'offrir à tout la base de chez France Télécom !
Écrit par : Castor Junior | 06/06/2010
Je viens de lire un article de Mr Stéphane Richard patron de France Telecom et je suis stupéfaite par ses propos!
Il est vraiment urgent que chaque salarié de FT puise des idées dans tous les bouquins consacrés à leur tragédie pour enfin "OSER" libérer leur parole....
A en croire Mr RICHARD " si on en arrive au suicide c'est parce que "les français" sont portés à la nostalgie, donc à une certaine méfiance vis à vis du futur" et comme ces français sont vraiment des êtres étranges il rajoute..."les français" ont un rapport compliqué au monde de l'entreprise et de la compétition économique"
Vraiment ces français Ils ne comprennent rien à rien... Bien sur je ne crois pas une seule seconde à ces affirmations assénées pour faire porter l responsabilité sur les salariés . Non les salariés français sont autrement plus puissant et intelligent que la présentation simpliste faite par S.Richard dans le nouvel Obs Et Mr Je vous invite d'abord à les respecter!
Écrit par : Ivinskaia | 19/06/2010
@Ivin... Le débat Français, je ne me hasarderais pas, mais l'ineffable Stéphane Richard, 100% d'accord... Et il veut racheter Le Monde maintenant, inquiétant...
Écrit par : Castor Junior | 24/06/2010
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