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19/10/2010

Ni 1, ni 2, ni 3, mais 17 -très- bonnes nouvelles !

Debutants-oeuvres-completes-t1.jpgPlutôt que d'aller au bout de la manif' où quelques petits cons viendront, le film est déjà écrit, casser pour casser et la police laissera faire en protégeant les journalistes pour qu'ils puissent filmer la France qui a peur et les invasions barbares, mettons la flèche avant la fin de la manif' et prenons un excellent livre.

C'est un semi-inédit: quand Carver, après 10 ans à tirer le diable par la queue, avait fini par trouver un éditeur, il s'était plié à l'injonction de ce dernier de couper la moitié de son oeuvre. Ce qu'il fit. D'où la légende de l'écriture minimaliste de Carver, notre petit Ponge. Le Tchekov américain aussi. Mouaif, comparaison n'est pas raison de lire.

Là, donc, l'éditeur prend deux excellentes initiatives: primo republier d'ici l'année prochaine les oeuvres complètes de Carver, d'une, et de deux publier le manuscrit in petto du premier Carver, du meilleur.

Pour ceux, veinards, qui ne connaissent pas et découvriront, il est délicat de résumer Carver. On y croise souvent des pochards célestes, des alcooliques anonymes, des paumés, des contemplatifs, bref, la société productiviste est rare chez Carver, ou en filigrane, à l'encre sympathique. On boit beaucoup chez Carver, comme chez presque tous les grands américains du siècle. Roth n'a pas le Nobel ? Qu'il se mette à pomper comme un moteur de Maserati... Styron se finissait à l'eau de cologne, Lowry éclusait du mescal à ne plus savoir qu'en faire et Faulkner, Dos Passos ou Steinbeck doivent une partie de leur Nobel au réalisme exacerbé des vapeurs d'alcool dans leurs oeuvres...

Au niveau du format comme dirait un vendeur de la FNAC, donc, des nouvelles. Les imbéciles pensent souvent que la nouvelle est un entraînement pour le marathon romanesque. Débile... Ce sont deux exercices différents, si le roman est un marathon, qu'il faut maîtriser de bout en bout, la nouvelle est un 800 mètres, une course que l'on parcourt à fond du tout long. Exercice d'équilibriste de planter un décor, donner de la chair à 3 ou 4 personnages, marquer une ambiance et nouer une intrigue, le tout en 12 pages. Carver, lui, y parvient à chaque fois. Deux ou trois nouvelles dans le recueil détonne par leur longueur et elles ne sont pas forcément meilleures, ce serait comme opposer court et moyen métrage. 

Enfin, la nouvelle a ceci de jubilatoire qu'elle happe le lecteur qui ne peut se relâcher 5 lignes, avance, gourmand vers la suite et avale la suivante jusqu'à l'indigestion... A la fin, on a retrouvé une immense dalle de littérature, le palais expurgé de ces étouffants essais que l'on s'enfile pour briller dans les dîners en ville...

Demain, nous hasarderons le nez dehors pour voir si comme le prévoient les spadassins gouvernementaux, l'insurrection vient...

Commentaires

Joli (très).

(c'est vrai qu'il faut sucer, pour avoir le Nobel?)

Écrit par : secondflore | 19/10/2010

Merci !
Depends, mieux vaut effectivement ne pas sucer de glace, mais les plus militants des politiques sud américains te diront que Vargas Llosa était un petit suceur plus qu'un censeur...

Écrit par : Castor Junior | 19/10/2010

Castor, tu es en bonne voie... pour le Nobel, s'entend.
Secondflore, encore un effort.

Écrit par : Cecile | 19/10/2010

mais s'il faut se retaper tous les livres en version non expurgée par l'éditeur... déjà Sur la route, maintenant Carver.
Ou alors il ne faut plus jamais lire de nouveauté et attendre une bonne cinquantaine d'années au bas mot que la vraie version paraisse.
Le débat littéraire va s'en ressentir.

Écrit par : ema | 19/10/2010

@ Cécile : Thank You ! Même si cette voie m'a écarté des manifs aujourd'hui...

@ Ema: tsss... Mais non ! C'est le plaisir de pouvoir relire, ce qu'on ne fait jamais arguant qu'il y a trop à découvrir; là, on a une excuse, il faut re-découvrir ! Ce n'est jamais très grave de regoûter à du Grand Cru...

Écrit par : Castor Junior | 19/10/2010

je vais mal le vivre le jour où on m'annoncera qu'en fait Fédor était un minimaliste et que l'on doit ses délires à son éditeur.
JE NE LIRAI PAS UN IDIOT DE 100 PAGES.

Écrit par : ema | 19/10/2010

Ha ha; belle inversion, mais je n'y crois guère... C'est plutôt souvent sécateur que rallonge de soupe...

Écrit par : Castor Junior | 19/10/2010

Les commentaires sont fermés.