Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/04/2011

Allez vers André Vers...

9782912667588_1_75.jpgLes français lisent très souvent les mêmes romans. Par paresse. Ceux qu'on leur met sous le nez. A savoir :

- Les romans d'actualité. C'est bien le moins, les statistiques montrent que ce sont les têtes de gondole, grosses maisons ou auteurs primés. La prise de risque des lecteurs est assez minime. Je suis certain que si l'on faisait une étude avec un ratio nombre de livres achetés/ temps passé on librairie, on découvrirait que les gens achètent leurs livres plus vite qu'avant. Des achats d'impulsion comme on achète une fringue vue dans un catalogue. Personnellement, je passe beaucoup de temps à les renifler, 4ème de couv', quelques lignes au hasard, on soupèse, on repose, on revient...

- Les classiques. En France, on s'éloigne de l'actualité pour relire Stendhal, Proust, Voltaire (beaucoup) et les classiques grecs et latins. Mouaif, ventes massives aux scolaires et livres qui s'offrent pour garder une certaine respectabilité morale.

- Les "livres cultes". Des auteurs morts récemment, si possible tragiquement, qui ont alors le droit à un statut de starlette. Hervé Guibert, Huguenin, John Kennedy Toole, voir pour certains Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli (mais en fait il semblerait que pour les enfants de 68, elle ne soit plus si culte)...

Il y a évidemment 1000 raisons de trouver des trésors dans les 3 catégories. Ne serait-ce que pour des raisons de masse, cela représentant la très grande majorité de la production littéraire. Oui, mais les autres ? Les demi-maîtres, pas assez puissants pour être considérés ad vitam eternam comme des grands... Pas de bol ce sont eux que j'aime. Mon idole, Bernard Frank, mais aussi Bove, Hardellet, Hyverneau, Calet, Vialatte, Prévost, Jean-Pierre Enard (moins bavard que Mathias) Bory, Ducharme et tant d'autres... Bon, généralement ils sont moins republiés, avec des tirages plus confidentiels et une durée de vie de la réimpression plus courte.

Certains éditeurs se sont fait une profession de foi de les faire revivre comme le Dilettante, Joseph K et dernièrement, le bordelais Finitude. Il republie tout Enard dont l'excellent "le dernier dimanche de Sartre". Et là, récemment "misère du matin" d'André Vers.

Vers (1924-2002) est un auteur prolo, auto-didacte génial qui fréquenta ses pairs cancres d'école mais génie des mots (Brassens, Prévert) en restant travailleur: ouvrier, apprenti, puis correcteur et libraire à la fin de sa vie... Accessoirement, il cotoyait aussi des cadets à qui il dispensait des leçons de choses au détour de quelques verres de contact; je sais que mon paternel compta parmi les heureux lauréats autour des tablées, assez pour qu'il aille s'en jeter quelqu'un après la mise en bière...

Quand il n'était pas attablé avec ses copains, derrière un établi ou le nez dans un livre, André Vers a aussi pris le temps d'écrire. Là, c'est un roman dont le pitch n'a aucun intérêt: André, jeune ouvrier connaissant les galères de tous les types de son époque (on le prend en 1940...) cherche à découvrir la chair plus que tout au monde. A peine cette découverte effectuée, il rencontre l'amour sous les traits de Mireille et sa vie bascule. C'est beau et triste à la fois. Ecrit en prose et en poésie, en argomuche comme dans le français de Vauvenargues. C'est simple et déroutant d'émotion. En le refermant, on a envie de souhaiter bon vent à Finitude et de nombreuses autres réédition pour retrouver ce plaisir de la découverte...

Demain, nous observerons un silence pudique devant la déclaration de Carla Bruni dans Match : " Peut-être que des gens (sous-entendu les gens qui souffrent d'illettrisme) en lisant notre entretien se diront: "ah il y a des gens comme moi qui souffrent de la même honte. Ah il y a une solution". En ces temps de miracle papaux, pourquoi pas sauver ce qui ne savent pas lire en leur tendant Match et les exhortant "lève toi et lis"... 

Commentaires

Il paraît que la femme du Président de la République française est très intelligente...

Écrit par : Cecile | 28/04/2011

Il faut lire l'entretien (j'ai pas acheté le mag, l'ai emprunté à une étudiante...) on y apprend que le Président embrasse 3 fois en 2h sa femme, et fougueusment encore, il ne peut pas s'empêcher...

Écrit par : Castor Junior | 28/04/2011

Il serait temps qu'on pense à faire reparaître "Jours de France".

Écrit par : Cécile | 28/04/2011

il serait peut-être temps d'arrêter ce blog... les articles sont de pire en pire..

Écrit par : antoine | 30/04/2011

@ Antoine : enchanté. Je vous propose d'arrêter d'y aller, vous cesserez ainsi de vous faire du mal, ce qui, manifestement, vous rend quelque peu aigre. Sinon, désolé, je continue pour moi et quelques lecteurs....

Écrit par : Castor Junior | 30/04/2011

Ce fut une belle mise en bière. Le Muet avait fait le voyage, La Crêche de Noël fut lue et il fut emporté vers le pied du Puy Mary. L'officiant bredouillant quelques sottes banalités, un soleil un peu triste, un moment bien trop las dans un lieu trop étroit pour tout le vide qu'il laissait

Il me manque, l'André, avec Bob, Chaumeil, le photographe -celui là, avec son premier avril !-, Forêt, André et son petit Loup, et tous les autres partis lever le coude à l'Embuscade d'ailleurs.

Misère du matin reste un grand beau livre.

Il préparait la sortie d'une version modifiée de "Gentil n'a qu'un oeil". Perdue, sans doute, avec le pastis de la cabanne.

Écrit par : Le Rouergat de L'Auvergnat | 09/06/2011

Les commentaires sont fermés.