30/04/2011
Sous les quotas, l'argent fou du foot...
Qu'on l'aime ou non, reconnaissons une qualité à Edwy Plenel: il ne lâche jamais prise. J'étais un peu jeune, mais pour les besoins d'une cause, me suis plongé dans l'affaire des Irlandais de Vincennes. Il les a essorés. Idem pour toutes les affaires qu'il a empoignées, de la cassette Méry (DSK si tu nous écoutes...) à la fameuse Bettencourt Woerth. Donc quand j'ai vu qu'il se lançait dans une guerre contre l'équipe de France, je me suis dit "cher Laurent Blanc tu as du souci à te faire". Effectivement, 2 jours après, on apprend qu'il y avait un mouchard, que tout a été enregistré et que les dénégations vont être délicates... Comme pour Bettencourt, le petit personnel (un majordome, alors) n'est plus fiable, ou alors il veut relancer la lutte des classes...
Inévitablement, cette histoire va puer. Puer parce qu'elle est lancée dans un contexte de montée en puissance du crypto poujadisme, que Blanc et Montbaerts vont être défendus par Zemmour, Menard, Lévy et Rioufol... Avec 4 avocats comme ça, tu n'as pas besoin d'accusateurs, la potence t'est promise. Je me goure peut être, mais je crois qu'on se trompe de procès.
Sur l'histoire des quotas de bi-nationaux, l'histoire est assez simple: on repère des gosses français dont les parents sont étrangers. On les forme, ce qui coûte un bras, ils font leurs classes en espoir et quand la route de l'Equipe de France leur est barrée pour une question de niveau, ils préfèrent aller jouer pour l'autre équipe ce qui finit par causer des problèmes quand il s'avère qu'ils ont le niveau par la suite. Bon... C'est un peu énervant, mais faut-il pour autant crier à la délocalisation de nos talents et relancer la préférence nationale ? Peu probable.
L'autre polémique est à prendre avec encore plus de pincettes et mérite que l'on s'y arrête 2 secondes. Le conflit oppose les tenants des "blacks puissants" aux "petits blancs techniques plus à même de comprendre notre culture". Mais quelle culture puisque tous les gosses sont français ? L'argument ne tient pas, le biais est culturel et, à mon avis, financier. Je m'explique.
Ce qui est reproché à ces types (les blacks puissants), c'est d'être prometteurs, mais trop limités en pro et de ne pas tenir leurs promesses. Pas faux. Je me suis souvent amusé à imaginer les équipes de France que l'on devrait avoir depuis 1998 si nos espoirs avaient porté leurs fruits: Luccin, Djibril Cissé, Dalmat, Simana Pongolle, Mavuba ou encore Sankharé, Bernard Mendy, David N'Gog et la liste serait infinie...
Or, ce que ces gosses ont tous en commun, plutôt qu'un morphotype, c'est d'avoir été très précaires et très forts très tôt. L'argent fou et la médiatisation outrancière du foot aujourd'hui fait qu'après trois petits ponts et un but en coupe de la Ligue, les mômes posent des conditions, poussés en cela par des entourages peu recommandables... Très vite, ils partent à l'étranger pour gagner 100 000 euros par mois et ne feront jamais carrière... Ce n'est pas le squelette qui est en cause, mais la folie et la célérité du pognon qu'on vous met sous le nez qui fait péter un cable aux typex comme Martin Djetou, natif du Neuhoff à Strasbourg qui rentrait en jet depuis Parme tous les week-ends cramant toutes ces économies instantanément car on ne lui a jamais appris à gérer...
Zidane et Ribéry ont eu la très grande chance de ne pas être précoces. Aussi, ils se sont formés petit à petit et ont commencé à gagner des sommes indécentes quand ils avaient déjà parachevé leur formation technique. La différence est là. Des Desailly, des Thuram et autres savaient au début de leur carrière qu'ils devraient mettre de côté pendant 10 ans pour mettre leurs proches à l'abri et ils bossaient. Là, on brûle le cerveau de nos minots en leur filant plus de ronds en un an que leurs parents n'en ont gagné en 42 ans de turbin... A quoi bon se fouler ?
Il sera plus aisé et surtout tellement plus drôle et plus vendeur de papier de s'étriper sur l'écume du problème. On fera contrition, génuflexion, tournera un clip avec Obispo pour montrer notre engagement contre le racisme, mais ça ne guérira que pouic; la société est malade de l'argent fou et on voudrait nous faire croire que c'est une histoire de couleur de peau pour nous élever les uns contre les autres. Pardon, je voulais dire "le milieu du foot" bien sûr, la société va très bien merci pour elle...
Demain vous je ne sais mais je défilerai avec pôpa l'après midi, aux côtés sans doute des quotas de Tamouls et de Sri Lankais qui remercient leur aieux syndicaux....
18:20 | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
Vous m'invitez ?
Écrit par : Cécile | 01/05/2011
Bah évidemment, on se retrouve à la Grand place qui risque de paraître bien vide et on se retrouve justement devant l'échope sportive !
Écrit par : Castor Junior | 01/05/2011
J'ai entendu le président de la Fédération du foot dire que les clubs ont un rôle social et d'intégration. C'est bien d'aider les jeunes à sortir des banlieues, mais si on ne leur donne que la perspective de gagner des fortunes pendant 10 ou 15 ans et rien d'autre, je me demande si le remède n'est pas pire que le mal. Quant à la couleur de peau, l'ancien entraîneur de Marseille pense que le foot est à l'image de la société française, c'est dire…
Écrit par : Yola | 01/05/2011
Disons qu'il ne faut pas leur mentir et préciser que les chances de faire fortune sont aussi grandes que celles de voir Besancenot succéder à Lagarde à Bercy...
Quand à l'entraîneur de l'OM, ho peuchère...
Écrit par : Castor Junior | 01/05/2011
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