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20/05/2011

La fin du travail... et le début d'une nouvelle pensée de gauche ?

9782707147837.jpgInterviewer Jeremy Rifkin fut sans conteste l'un de mes meilleurs moments de vie professionnelle. Je ne vous dirais pas quels sont les autres, pour la bonne et simple raison que je les cherche, mais passons. C'était pour son livre sur le "rêve européen" que j'avais dévoré, avant de lire son dernier sur la civilisation de l'empathie. 

Et puis un jour en passant dans ma librairie favorite, je découvrais, ô honte bue, que je n'avais toujours pas lu son grand oeuvre sur le travail dans un monde qui n'en fournira plus. Dont acte. Préface de Michel Rocard, postface d'Alain Caillé, ça résume bien l'OVNI. Rocard comme père de la deuxième gauche et fondateur du RMI, une idée géniale selon Rifkin, pour préparer le monde à l'après-travail. Et Alain Caillé, à la tête du MAUSS (mouvement anti utilitariste en sciences sociales) qui pense lui le don et le bénévolat.

Dans son livre, Rifkin évoque des chiffres sidérants qui vous pousse à courir. 1/ Vers un tube de Valium. 2/ Vers un manuel de décroissance...

En effet, la thèse de la fin du travail, assez peu contrariée par les faits depuis une quinzaine d'années qu'il a paru (très intéressant d'ailleurs de lire la préface inédite de l'auteur à l'édition de 2011 où il évoque en quelques pages la révolution Internet qui n'influe qu'à la marge sur sa thèse...) : le chômage, cette mère de toute les batailles, est une activité en voie de propagation incontrable. Le travail deviendra, quoi qu'il arrive, une activité rare. L'explosion de la productivité rendant les masses humaines bien moins importantes, il arrivera un moment où l'inventivité ne suffira plus. Nous aurons ad vitam eternam besoin de commerces, de santé, d'éducation ou d'ordre, mais toutes les activités commerciales et de services sont très fortement touchées par le progrès. Le plus évident est le secteur agricole: de plus de la moitié de travailleurs de la terre, nous sommes passés à 2%... Et le problème est mondial: aujourd'hui, avec plus de 2 milliards de paysans dans le monde, nous sommes à l'aune d'un problème de chômage massif. Bien sûr, tous les ougandais, les benghladis n'auront pas demain les moyens techniques des paysans américains, mais une diminution ne serait-ce que de moitié produirait un milliard de chômeur. Déroutant...

Au-delà de l'agriculture: 37% d'employés de banque en moins avec la numérisation, les services de voyage, aujourd'hui potentiellement les employés de caisses... La liste est longue et morne des emplois que l'on ne récréera pas et ne pourra remplacer.

Pourtant, l'explosion de création de richesses se poursuit de façon ininterrompue, c'est là où Rifkin arrive avec des solution ancrées à gauche et à examiner.

-La semaine de 4 jours, où à tout le moins un meilleur partage du temps de travail. Rifkin dresse une sidérante apologie de la réduction du temps de travail pour un américain, avant les 35h, en mettant en garde que si cela ne crée pas suffisamment d'emploi, la désillusion populaire n'en sera que plus forte. Bien vu l'ami. Mas le débat n'est pas clos, loin de là...

-Le salaire social. L'innovation est là : le budget de la générosité est 30 à 40 fois supérieur aux USA par rapport à la France. Avec ses perversités puisque les fondations flèchent leurs dons vers les associations et les causes qu'elles souhaitent, excluant de facto certains publics. D'où l'idée de Rifkin de labelliser le bénévolat et de salarier ce temps passé à aider les associations avec une gouvernance publique, seule à assurer l'intérêt général non entravé par des visées particulières, fussent-elles généreuses...

-On peut poursuivre en allant vers un débat plus français que Rifkin n'aborde qu'à fleuret moucheté car il a l'air modérément fan d'imposition. Si l'on sait que les emplois commerciaux marchands ne sont pas légions, les besoins de services publics eux, augmentent. D'où l'idée qu'il faudrait taxer de façon confiscatoire (le mot ne me choque pas)  les profits des très hauts revenus et des boîtes pour réembaucher tous les personnels de service public vraiment manquants pour la population : c'est à dire ni les impôts, ni la cohorte de consultant en consultance publique et autres agences d'évaluation para publique pour replacer ses potes, mais des dizaines de milliers de personnels éducatifs et les mêmes bataillons de personnels de santé notamment pour nos plus anciens...

Voilà, je ne sais pas si on trouvera cela dans la "Présidence Normale" de François Hollande, où la "France qui soigne" de Martine Aubry, mais m'est avis que Rifkin comme conseiller spécial du Président, ne serait certainement pas pire que Guaino...

Demain, pourquoi pas Caillebotte ? Parce qu'il y aura plus de deux heures de queue et qu'on ne peut déjà plus acheter les billets en ligne....

 

Commentaires

Le travail

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PS : tu nous torches ça à 7:11 le matin...

Écrit par : Atlas | 20/05/2011

7h11, je suis matutinal et mon blog n'est pas du taff, ça se tient...

Écrit par : Castor Junior | 20/05/2011

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