23/08/2011
Faire payer les riches : la querelle des Tartuffe et des Tartarin
Ha ! La belle pièce de rentrée qui s'est invitée pendant l'été, sous couvert d'ultime soubresaut de la crise financière : la bataille de l'impôt des riches.
Comme souvent avec les succès populaires en France, il s'agit d'une adaptation d'une pièce à succès aux Etats-Unis. Là-bas, l'acteur Oscarisé sur le terrain de la finance, Warren Buffet, brillait dans son plus beau rôle : une tribune à destination de Barrack Obama, "Taxez moi". Superbe, plein de puissance, de conviction, presque de rage, Buffet mérite sa statuette pour avoir sincèrement fait vaciller les critiques. Il a montré qu'un homme possédant un million de costumes ne pouvant toujours qu'en porter un en même temps, si l'on voulait lui laisser de quoi se changer, on pouvait tout de de même lui en reprendre quelques uns pour les donner aux nécessiteux.
En France, c'est le casting qui pêche. Pierre Bergé voulait le rôle, mais on le trouvait trop vieux. Alors, on a pris Maurice Lévy à l'essai. Mais Lévy en a tant fait dans le genre Harpagon que le tout ne prend pas : "Il faut nous taxer ! Mais juste un peu. Et juste un an. Et avec beaucoup de contreparties"... C'est pas crédible. Un autre second rôle s'est mis à brailler, Geoffroy Roux de Bézieux. Le PDG de Virgin Mobil est quelque part entre Bernard Ménez et Jean Lefevbre, un second rôle talentueux au fond, mais si peu convaincu par le système qu'il se cantonne volontairement dans des bouffonneries. Là, il explique que les riches ont une responsabilité citoyenne, mais en s'étant goinfré avec des méthodes si peu éthiques dans les délocalisations que même Escobar en eût été gêné.
Du coup, tous les autres acteurs de premier plan qui auraient été légitimes, les Arnault, les Pinault, ont expliqué qu'ils ne sentaient pas le script. Alors, on a fait ce truc très français, un remake vaudeville. Une espèce de "taxe moi si tu peux". D'un côté, Baroin, Pécresse et Fillon font un trio très plan plan avec des répliques mollasses "on va y aller, mais sans toucher aux niches, sans froisser les restaurateurs, sans vexer les patrons". Bon, c'est mou et si Tartuffe qu'on s'ennuie. On attend que le camp d'en face nous réveille. Montebourg et Mélenchon contre attaquent et nous sommes victimes de nos préjugés sur ces acteurs : ils apparaissent tant comme des Tartarins que nous n'écoutons plus le texte. C'est dommage. Montebourg, notamment, fait mouche en rappelant un rapport de hauts fonctionnaires de 2010 soulignant que sans les cadeaux fiscaux décrétés depuis 2002, la France serait à 3% de déficit. 2002, étonnant, non ?
Demain, nous laisserons Tartuffe et Tartarin pour pâtes aux truffes et tarte tatin... Demain, que la Rhur ose ou que la Sarre daigne....
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