03/11/2011
Pourquoi tant de haine de la démocratie ?
Le mot de Churchill n'est même plus vrai. "La démocratie est le pire des régimes, à l'exception de tous les autres". Cet apophtegme soulignait fraîchement notre passion à reculons pour la démocratie vers laquelle le monde marchait lentement quand même, parce que l'autre chemin vers le fascisme. Bon, mais ne serait-on pas en train de faire curieusement machine arrière ? Il y a comme des vilains relents de 2005 avec les réactions à l'annonce de Papandréou de convoquer un référendum. "Il est fou. C'est très grave. Pourquoi demander ça au peuple ?" se demandent à l'unisson les dirigeants du G8 bien vite rejoints par les marchés qui plongent en choeur à peine le mot prononcé. Exactement comme notre VGE national qui avait rédigé le projet de constitution et avait été dévasté à l'idée que Chirac soumette ce texte au peuple...
Que les marchés ne soient pas démocrates, ce n'est pas nouveau. Ils fonctionnent sur l'information et la fiabilité de celle ci, alors son caractère confiscatoire est crucial pour leur maintien en état de profit permanent. Rien de tel qu'une bonne dictature pour les marchés et agences de notation qui ont d'ailleurs, mais on l'a déjà oublié, dégradé la Tunisie, l'Egypte et la Lybie car n'est-ce pas des régimes instables, ce n'est guère encourageant pour nos affaires. Ils réagissent fort logiquement de la même manière pour l'annonce du référendum grec, craignant que ces connards de populos n'acceptent pas ce qu'on leur donne alors que Sarkozy l'a pourtant bien dit "il n'y a pas d'autre plan", la similitude avec 2005 est troublante et décourageante. Car en 2005, la France, le Danemark, l'Irlande ont tous voté non et le traité de Lisbonne reprend le même texte... Les dénis de démocratie sont de plus en plus patents et la presse est plus que modérément critique. 90% des éditorialistes étaient favorables au "oui" hier et 99% tremblent aujourd'hui à l'idée que la France puisse perdre son AAA.
Enfermé dans leur fameuse "pensée unique", gouvernants, leaders économiques et médias oublient pour autant une vérité inchangée: on a personnalisé les profits et mutualisé les pertes en 2008. Mais ceux qui ont gagné beaucoup d'argent avec les junk bonds et spéculent depuis, les coupables en somme, n'ont toujours pas payé... La démocratie dont le triumvirat cité-ci dessus a plein la bouche devraient trouver cela illogique.
"La démocratie c'est la République lorsqu'on a éteint les lumières" écrivait fort justement Régis Debray. Et effectivement, quand la démocratie vacille sur ses bases, les extrémistes de tous crins fleurissent et pas seulement politiquement: depuis le théâtre du Châtelet avec des connards de cathos ressuscités à Charlie Hebdo hier il y a des vilains relents dans l'air... Dans un cas comme dans l'autre, quelques petites factions n'admettent plus qu'une loi à la base de la démocratie, s'expriment au dessus de leurs croyances : la liberté d'expression. Et ils vont être d'autant plus légitimes que l'indignation devant ces actes de salopards est à géométrie variable: toujours prompte à dénoncer les relents racistes de la France, la nouvelle passionnaria télégénique de la lutte pour la diversité, Rokhaya Diallo, fondatrice du collectif "les indivisibles" commentait l'événement d'hier d'un troublant "les conneries d'hier vont relancer Caroline Fourest pour deux ans". On écrit "conneries" pour dire qu'on dénonce mollement un attentat criminel mais surtout on déplore que cela fasse la part belle à son ennemie juré... Ce type d'attitude chez une supposé héroïne de l'anti-racisme révèle en réalité les crispations internes d'une France figée dans ses petits clans, en col blanc, col bleu, peau jaune, noire ou rouge, toutes petites coteries peut compatibles au demeurant avec le concept de démocratie... Idem pour les fous furieux du Châtelet qui sont modéréments tancés par le pouvoir en place qui a besoin de son électorat catho et s'en voudrait d'aller les stigmatiser les plus nerveux d'entre eux... Beurk.
Demain, nous réfléchirons donc à la réécriture d'une constitution d'inspiration Maurasso-Trotskyste, revisitée par De Gaulle; on est en France tout de même...
07:36 | Lien permanent | Commentaires (8)
Commentaires
J'adore Rokhaya Diallo, la nouvelle Eric Zemmour mais en noir. Omniprésente sur les plateaux de TV comme dans les colloques très sérieux (?) organisés par tous les chantres de la diversité et les plus grandes universités. Madame sert la bonne culpabilité des politiques de gauche aux adeptes du tout libéral, qui bloquent les ascenseurs sociaux (signe des temps, ceux de Paris Habitat se cassent la gueule) mais signent la Charte de la diversité de Monsieur Bébéar. Rokhaya Diallo est le symbole de cette confusion des genres. Elle sert son intérêt (médiatique), celui d'une minorité pas très progressistes, et ceux d'une majorité influente qui la met en scène, comme ils accordent 5% de leur masse salariale aux handicapés dans leurs organisations. On s'achète un peu de paix sociale/sociétale comme on peut.
Écrit par : Cécile | 03/11/2011
I am Castor Junior and I approve this message ! D'autant plus dangereuse que dans la vraie vie elle est très sympa, je l'ai croisé avant de la lire et de l'entendre...
Écrit par : Castor Junior | 03/11/2011
Bon moi je suis vraiment d'accord sur le déni de démocratie devant l'idée d'un référendum. Mais j'ai rien contre Rokhaya Diallo en particulier (je connais pas assez le sujet, mais j'aimais bien sa façon de remettre en place Slama une fois sur France Culture). Par contre je trouve que citer sa réaction pour en faire un cas général c'est biaisé : les réactions face à l'attentat d'hier sont unanimes (moins R. Diallo, qui en fait bien une belle elle-même en parlant de "connerie"). Ce n'est pas vrai que ça se produit dans l'indifférence générale : les Charlie Hebdo étaient aussitôt invités par la rédaction de Libé, soutenus par Guéant et présents le soir même sur Canal, où ils étaient forcés de reconnaître qu'"ils sont même soutenus par des cons" ! (sans compter que le numéro d'hier appartiendra sans doute à leurs meilleures ventes, et tant mieux !). En revanche je tilte plus sur le fait qu'on ne sait pas qui est responsable de l'attentat mais visiblement la question est tranchée. Tout un faisceau de soupçons ne font pas une certitude, si on veut éviter le déni de justice...
Quant aux réactions cathos du Châtelet, je ne sais pas si le pouvoir en place a réagi, mais la liberté d'expression des artistes était dûment protégée, ironie du sort, par un minimum de 4 cars de CRS tous les soirs ( je fréquente assidûment le Châtelet en ce moment)...
PS : si Castor Junior est bien A.M., toutes mes salutations (enfin ça vaut pour ts les castors)
Écrit par : Josse | 03/11/2011
@ Josse: pour Rokhaya, le fait de remettre en place Slama c'est bien, mais pour l'écouter souvent, elle est toujours sur la promo d'elle même... Bon.
Quand à Charlie, il semblerait, d'après le Monde que ce soit encore nos amis turcs, jamais avare d'une modération suspecte.
Écrit par : Castor Junior | 03/11/2011
Castor Junior n'est autre que l'hôte de ces lieux. Josse, il faut donc mettre un terme à ce quiproquo virtuel et aller dîner italien fissa en compagnie de rongeurs sympathiques.
Écrit par : Marmotte | 03/11/2011
Pas de mortalité, pas de feu, pas de passion.
Il faut rappeler que ces sujet font votre gratte-papier.
De plus, il n'y a pas lieu de condamner un attentat si c'est pour protéger un torchon notoire, dont les couvertures sont merdiques avec récurrence, dont celle-ci en particulier confine au zéro absolu. La caricature était non seulement ratée, mais navrante. pas moins navrante qu'un coup de cocktail par une vitre.
De plus, on suppose qu'ils ont une assurance habitation chez Charlie... Après, il nous fait le coup des disques durs. Tout homme prévoyant a toujours 2 ou 3 sauvegardes de ses dossiers vraiment importants. Donc, tout ça est NS.
C'est un coup de pub' extra. pour Charlie dont j'ai été tout de même étonné d'apprendre qu'il tirait à 48.000... encore...
Après, je suis heureux que tu sois parvenue à trouver une dissension dans l'opinion publique sur ce coup-là... Parce que c'était dur !
Écrit par : atlas | 04/11/2011
Un torchon ? Un torchon notoire ? Je n'achète plus Charlie, mais c'est un hebdo satirique, qui annonce la couleur, avec souvent du fond, Maris, Fourest et autres... La bilbiothèque de Polac est plus intègre que celle de Busnel...
Je crois que la colère t'égares: bien sûr, il n'y a rien de dramatique, mais les turcs qui ont fomenté ça n'ont pas attaqué leur cible au hasard, et il ferait mieux de plastiquer les déserts, ça ferait moins suer... La liberté de la presse reste un révélateur de l'état d'avancement d'une société et je ne souhaite même pas que l'on plastique ce torchon notoire du Figaro, le fait qu'ils tirent encore à 350 000 ex me navre, mais bon, la haine conserve, tant mieux pour eux.
Écrit par : Castor Junior | 04/11/2011
Beurk! Ça résume assez bien l'époque…
Écrit par : Yola | 05/11/2011
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