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25/03/2012

La fan s'y collle...

Unknown.jpegRude est la charge car ce livre se voulait ode. Chanson de geste inachevée. Les flèches issues des carquois de Plenel, de Bayrou et autres s'esquivent car on en connaît la trajectoire, mais celle de Catherine Nay, à cause du vent mauvais de l'histoire sans doute, ne peut se parer. Elle voulait s'adresser aux contempteurs du quinquennat de Sarkozy, Hollande en tête, mais avec une maladresse insigne, elle revient se planter dans la nuque du Président pour mieux l'assassiner.

Le livre retrace cinq années de règne par le menu. Nay a pris des notes au fur et à mesure des mois et nous les retranscrit comme un nouveau né vomit son lait qui ne passe pas. Car Nay ne s'y retrouve pas elle même et se refuse à chercher une cohérence dans tout ça. On apprend qu'Hortefeux à été l'homme de l'ouverture, allant chercher Kouchner, Bockel et même Jack Lang (rien que pour fréquenter ce type, tous devraient être rayés des listes à Solférino m'enfin c'est leur problème) avant d'être le même qui sera celui de la fermeture. A quoi bon créer un ministère des droits de l'homme pour prononcer le discours de Grenoble qui rappelle la prééminence de l'homme sur le rom ? Tout y passe : fiscalité, éducation, religion (ha, Latran) et surtout politique internationale. Impossible, en suivant le récit de Nay de comprendre ce qui se trame dans les "six cerveaux" de Nicolas Sarkozy comme le dit sa nouvelle épouse. Peut être s'il n'en avait qu'un serait-il mieux rangé... Voilà pour la partie politique. 

Le livre en lui même: première surprise et elle est de taille, c'est extrêmement mal écrit. Bâclé. On trouve du style oral partout, chagrin pour un livre politique, d'autant plus quand il s'agit d'interjection de cour d'école "et tac", "bam". Etonnant de la part d'une journaliste dont l'élégance de la plume peut valoir celle des tailleurs, son "le noir et le rouge" sur Mitterrand était un modèle de phrases admirablement tournées. Là, elle a rendu son opus au dernier moment, demandé qu'on gonfle la police pour donner à l'objet un air de gros livre mais c'est assez creux. Le faux-filet est délicieux, le faux-pavé est filandreux.

Seconde surprise, son manque de discernement. La neutralité n'existe pas, mais la volonté de contourner les évidences confine au grotesque. Des pages interminables de défense du bouclier fiscal qui n'aurait été, au final, qu'une "erreur de communication alors que fiscalement cette réforme était juste, notamment parce qu'elle profitait aux travailleurs" font que la journaliste n'est plus audible. Tout le livre est rédigé avec une telle détestation de la gauche qu'on en vient à souffrir pour Catherine Nay. Le plus bel exemple se niche dans une note de bas de page. Commentant la branlée phénoménale des municipales, Nay trouve le moyen de sauver Juppé et surtout Wauquiez, plein de talent qui a conquis le Puy en Velay au premier tour et là, la note de bas de page vaut son pesant de cacahuètes: "contre la mère de Bruno Julliard, ancien dirigeant de l'UNEF toujours prêt à faire de l'obstruction contre le gouvernement", l'intérêt de la notule ? A part se payer un socialiste ? Madame Nay vous tombez bien bas...

Sinon, on a le droit à d'interminables bruits de chiottes sur Cécilia et Carla, "Parolière inspirée au vocabulaire subtil, elle est douée. Elle n'est pas une cantatrice qui envahit l'espace sonore". On sent la lave qui se retient. Dommage. On peut sauver une belle formule, qui reste malheureusement anonyme "Sarkozy n'est pas un bon chasseur, il blesse l'animal et s'en va tirer ailleurs. Chirac, lui, abattait d'un coup, assistait aux obsèques et consolait la veuve". Onctueux. Hormis celle-ci, le livre étant rempli des confidences de proches incultes, on s'ennuie ferme, chez l'impétueux.

L'autre problème, évident, c'est la distance avec le sujet. Ou plutôt son manque. Elle est transie d'amour et d'admiration physique. Elle lui pardonne Jean et l'EPAD, quand le roitelet chute à Versailles en joggant on la sent proche de défaillir telle une pompadour de chef lieu de canton apprenant que son bienfaiteur a eu de mauvaises selles. Le plus grotesque est atteint avec la crise russe "il la résout avec son incroyable énergie, il n'a pas dormi pendant 24h de suite". Catherine Nay sait-elle que c'est le lot commun de tous les internes en médecines, de nombreux médecins qui doivent souvent opérer sans avoir vu un matelas pendant le même temps avec du café et Hippocrate comme tout réconfort ? Non, vraiment ridicule. Rien à sauver fermer le ban et le livre dont la conclusion est empruntée à Napoléon (encore) "la balle qui me tuera portera mon nom" Nay croit donc que la gauche ne peut abattre Sarkozy et qu'il se liquidera tout seul, espérant que les français empêcheront ce drame...

Au final, il ressort de ce livre à peu de choses près le diagnostic que formulait Emmanuel Todd en 2007 : "Sarkozy ne peut pas être un bon président car il fou et incohérent". Pour le premier thème, laissons les autorités compétentes juger mais pour le second l'histoire l'a fait. Et c'est manifeste... "L'impétueux" se voulait une hagiographie. C'est sans doute pour cela qu'elle achève le monarque. Quand vous allez chercher un grand photographe pour vous tirer le portrait et que le résultat vous chagrine, n'en déduisez pas forcément que le photographe ne connaît pas son métier...

Commentaires

Et il n'est pas impossible que les Français soient capables d'empêcher ce «drame» :(

Écrit par : Yola | 25/03/2012

Certainement, et sans doute ne verserais-je pas de larmes..

Écrit par : Castor Junior | 25/03/2012

Les commentaires sont fermés.