29/06/2012
5 ans d'opposition Copé/Collard
L'alphabet est taquin. Cet outil merveilleux, censé par ailleurs être le juge parfait car le plus neutre, le plus objectif, réserve décidément des plaisirs de fin gourmet. Comme le fait de placer côté à côté au premier jour de la rentrée du Palais Bourbon new look Jean-François Copé à côté de Gilbert Collard. J'admets que de voir leur photo ensemble, je me goberge. Collard fera sans doute comme tous les élus FN -de l'absentéisme parlementaire à outrance pour aller pérorer dans les fêtes vinicoles gardoises -, donc puisque le cliché sera rare, saisissons le !
On parle souvent, à propos de la droite parlementaire (j'emplois à dessein l'expression puisqu'elle est désormais désuète, ou alors on y inclut le FN qui je sache, n'est pas de gauche et que je sache aussi, siège bien au parlement) de "glissement sécuritaire". C'est très étonnant, car le glissement, à part pour les patineurs artistiques, relève de l'accident. Or, chez nos amis de l'Union pour un Mouvement Populaire, tout cela relève de quelque chose de très calculé. Surtout chez l'aigle meldois. Conviction ? Je n'irai pas jusque là. C'est là limite du personnage. Homme de dossiers, la vision n'est pas son fort. On pourrait sans mal jouer à la liste des 7 différences entre JF Copé et Gilbert Collard, mais profondément, on atteindrait pas un score tellement plus important. Et c'est là que le bât blesse. Collard a soutenu Sarkozy très fortement en 2007 et est entré au FN sans souci, il symbolise ses passerelles de plus en plus fortes, ces défricheurs de droite qui enjambent les barrières politiques habituelles. Avec la Droite Populaire et un troupeau croissant de moutons noirs. Enfin, de moutons pas dans le droit chemin. Et c'est eux que Copé veut fédérer pour prendre toute la droite par son aile droite droite. S'il parvient à diriger l'UMP en fin d'année, nous sommes parti pour cinq années d'opposition Copé/Collard avec charger sur l'insécurité et l'immigré ?
Pourquoi l'insécurité et l'immigré à ce point ? Parce que ça se vend à la télé et parce que ça se voit. Dans l'économie, on y voit goutte. Le meilleur symbole de tout cela c'est l'extraordinaire vacuité, nullité, faiblesse, du discours économique par les politiques depuis 4 ans. En période de crise, plus personnes ne parle de vision économique pour un pays, mais emploie un certain nombre de mots clés comme des appeaux à électeurs. "Réduction de la dépense publique" contre "relance par la consommation", "responsabilité devant la dette" vs "ne pas céder au diktat de la troïka". Désormais qu'il incombe à tous d'avoir une conception de l'économie du pays, même pour ceux qui n'ont pas fait leurs humanités économiques, on assiste à ce balais de phrases toutes faites. Pire, je dois admettre que si serais bien incapable de conseiller économiquement des responsables ayant vraiment les manettes au niveau macro, je pourrais sans mal passer sur n'importe quelle radio ou télé pour commenter en tant que ministre ou opposant les rencontres de l'UE et du G20. Mots clés dans un sens ou un autre, on atteint une vacuité de sens jamais vue...
Dans ce brouillard informatif, le discours du FN se distingue, et Copé veut s'engouffrer dans le sillon ouvert: haro sur la fraude sociale (qui représente grosso modo 1/30ème de son homologue financière, on a les défis que l'on peut), sur le faux travail, lien entre immigration et délinquance et autres discours islamophobes. Le tout quand, en sous main, on salue quand même l'arrivée de ces migrants qui prennent les boulots dont personne ne veut.
Ce qui va être amusant (ou triste à mourir) à observer pendant les 5 années à venir, sera l'opposition sémantique féroce sur une ligne politique aux écarts ténus vu l'actuel locataire de Beauvau : certes, Valls n'est pas Guéant. Pas de déclaration à l'emporte pièce, de formules faciles ou de circulaires idiotes sur les étudiants étrangers. Certes. Mais sur le fond ? Sur la question de la délinquance, du trafic de drogue, des flux d'immigrés, je mets au défi quiquonque ayant lu l'interview de Valls dans le Monde d'avant hier de me donner un iota de différence avec Nicolas Sarkozy. D'ailleurs, quel sens faut-il donner à cette pluie de compliments qui tombe sur Manuel Valls de la part de tout l'UMP. Sans doute un gage de modernité...
Pour autant, pour les mêmes raisons débiles d'affichages, la gauche devra désavouer Valls en répétant que l'immigration est une chance et que l'universalime prime. On prendra des mesures symboliques (interdire aux flics de tutoyer...) mais l'opposition à Copé/Collard ne peut se payer que de mots; il faut un renversement de perspective sur les questions identitaires pour que le changement promis advienne vraiment.
Demain, nous entamerons l'été en pente douce en faisant des sushis maison (pas gagné).
07:42 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Cette image est mythique, autant que lorsque Maréchal Le Pen et NKM ce sont croisé! :)
Bonne chance pour tes sushis de demain, j'en veux aussi! =D
Marie.
Écrit par : caf caen | 29/06/2012
Excellent article. Juste une suggestion pour le titre : "Le Meldois dans l'oeil du cyclone" et je conclurais par ce puissant slogan de campagne (dont tu m'as fait part et dont je ne me remets toujours pas). Meldois d'abord..!
Écrit par : VinzlaraG | 29/06/2012
Meldois d'abord, le slogan d'El Lider Mini Meaux...
Écrit par : Castor Junior | 29/06/2012
Les commentaires sont fermés.