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09/07/2012

Le Président, François Hollande, itinéraire secret

arton332.jpgC'est une qualité trop méconnue, trop peu prêtée aux livres mal écrits: ils se lisent vite. D'autant plus appréciable lorsque les poncifs stylistiques s'étalent sur presque 500 pages. Hormis l'évidence que Serge Raffy a fait peu de cas de son écriture (certains passages rappellent qu'il sait faire, mais il ne doit jamais se relire. Un peu comme Dan Franck, mais avec l'excuse que son propos n'est pas fictionnel et que le style importe donc moins), on ne peut que saluer l'enquête minutieuse et surtout le recul qu'il a pris avec son sujet pour en tirer un livre assez délectable.

A rebours des quick books parus au lendemain de l'élection, la biographie de Raffy a paru avant. Après les primaires, pendant la campagne présidentielle. Il a continué à l'observer et comme il est sympa, il a complété son analyse par une lecture des dernières semaines jusqu'au soir de l'élection pour l'édition populaire, celle en livre de poche. Cette partie évacuée en une petite cinquantaine de pages ne présente d'ailleurs qu'un intérêt très discret, fort logiquement. Pour qui a lu les journaux, voir exhumées les quelques anecdotes qui ont émaillé la campagne s'avère sans relief. En revanche, l'angle choisi sur les 400 pages précédentes est excellent: il a mis Hollande en joue voici un peu plus de 2 ans. Début 2010, quand il n'est personne. Raffy a été servi par la crise, par DSK, par l'anti-sarkozysme viscéral, bref, par une sorte de baraka puisque comme le montre son livre rien ne prédestinait spécialement Hollande à la Présidence. 

La première chose qui ressort du livre, à l'évidence, c'est l'ambiance village d'Astérix de la rue de Solférino. Dieu que ces gens se haïssent, se méprisent, se vomissent plus qu'ils détestent l'opposition ! Voir comment Fabius, Aubry, Royal, Montebourg, Valls, et même Jospin se comportent avec Hollande relève de l'humiliation la plus forte, la plus primaire, la plus effrayante. Violence des échanges en milieu tempéré, c'est proprement effrayant. Sans parler de la haine d'Hollande mâtinée de mépris puissant pour Mélenchon. Quand on pense qu'aujourd'hui tous ces types sont rassemblés dans un même gouvernement (Mélenchon mis à part), l'effroi guette...

Second point saillant : comme pour Sarkozy, la vie intime d'Hollande a manifestement bouffé sa vie politique. Sa liaison avec Trierweiller connue de tous dès 2005 l'empêche de se préparer pour 2007, implique qu'il ne voit pas sa légitime, sous son nez, lui passer devant et ne lui donne pas envie de ramener l'ordre pendant la campagne où les coups les plus durs sur la campagne de Royal viennent de l'interne. Il fera le nécessaire auprès de Chevenement, de Taubira et autres pour que Ségolène accède au second tour et éviter le bis du trauma de 2002, mais il n'a pas joué gagnant.

Troisième évidence du livre : il est beaucoup plus fort et beaucoup plus limité que prétendent ses détracteurs et louangeurs. Plus fort car au fond, Hollande est sans doute le plus grand mécanicien de la politique que l'on ait connu. Un mix d'Alain Marleix pour la connaissance électorale et de Panoramix pour la capacité à concocter des potions pour requinquer les troupes. Les passages sur tous les congrès du PS rappellent les forces synthétiques d'Hollande qui arrivent à triompher quand tous voulaient sa mort. Bien plus limité en revanche, car s'il peut prétendre idéologiquement au rassemblement avec une posture très centriste, sa vie au fond n'a été vouée et limitée à l'appareil interne d'un parti. Des congrès, des motions, des élus et des coups de Trafalgar. Aucune vraie vision de société. Une seule marotte depuis 30 ans: la fiscalité. Coup de bol, la crise lui amène cela sur un plateau sa phrase naguère honnie "j'aime pas les riches" devient une demande de la nation en 2012. Comme le rappelle très justement Raffy, pour arriver là, il faut de la barraka et Hollande a eu DSK, la crise et Sarkozy. La campagne n'était pas perdable et le miracle d'Hollande n'est pas d'avoir battu Sarkozy (une chèvre socialiste l'eut emporté) mais d'avoir triomphé lors des primaires où se nichaient ses véritables adversaires.  

Enfin, le livre confirme une dernière inquiétude sur le personnage. Alors qu'il va bientôt avoir 60 ans et qu'il a fait des études (HEC, IEP, ENA) lui offrant des possibilités très larges, l'embarras du choix devant sa carrière, Hollande n'a pensé faire autre chose que de la politique que l'espace de quelques semaines. Eventuellement, monter un cabinet d'avocats avec Jean-Pierre Mignard... Mais par défaut, comme son élection, pas d'allant... 

En France, les présidents avaient des passions, des tocades, on pouvait les imaginer ailleurs, même quand ils ne faisaient que de la politique. Mitterrand et ses livres, Sarkozy et ses patrons ou ses sportifs... Bien sûr Hollande ressemble beaucoup plus à Chirac, en termes de parcours, d'attitude politique, et même d'idéologie. Mais le grand Jacques avait une forme de sérénité distante liée à son amour pour Pouchkine ou les Arts Premiers. Hollande, hormis Royal et Trierweiler n'a rien qui nous donne envie de creuser. Sarkozy nous ayant intoxiqué de mauvaise politique comme il y a du mauvais cholestérol, cette indifférence polie à l'égard de notre président est sans doute un mal pour un bien.

 

Commentaires

Bonne analyse somme toute... pas agressive, ni méchante... NORMALE en quelque sorte.. ( normalité : notion vague, redéfinie en fonction de chaque personne )
Le grand Edouard Herriot aimait l'éloquence et l'andouillette.. notre bon François pencherait plutot pour la rouerie et la queue, c'est quand même moins noble...

Écrit par : maudub | 15/07/2012

Ca c'est pas agressive ni méchant, mais juste ! Herriot 1, Hollande 0.... (Et bienvenu !)

Écrit par : Castor Junior | 15/07/2012

Les commentaires sont fermés.