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14/07/2012

L'argent n'a pas d'odeur, pas de patrie non plus

4015971.jpgL'avantage des trains après le boulot, c'est qu'ils permettent de lire des conneries sans mauvaise conscience. Lessivé par une animation de séminaire toute la journée, arrivée en gare de Toulon, je n'avais le courage d'attraper Alternatives Economiques, ou un autre titre un peu sérieux. J'avais fait l'acquisition d'un inédit de Svevo sur ses pérégrinations italiennes, qui me ferait la blague si l'énergie me revenait, ce dont je doutais (ce ne fut pas le cas, je commence à me connaître). J'achetais donc l'Obs, n'en attendant rien par avance. Je ne fus pas déçu et même presque surpris d'y trouver 2/3 pistes de réflexions sur un marronnier des temps modernes. 

Ce débat, donc, avec lequel on nous rebat les oreilles de façon biaisé depuis 5 ans, 10 ans, voir plus : à cause d'une fiscalité passée de "lourde", à "étouffante" et maintenant, "confiscatoire", nos riches s'exilent. Ha ? Plus drôle, Cameron se dit prêt à déballer le tapis rouge pour les frenchys. Fort bien, mais que ne retient-il lui même ses ouailles les plus fortunées ? Car c'est là que le bât blesse : les sujets le plus opulents d'Elisabeth contournent souvent la boîte aux lettres de leur cher mother land. Ho, pas pour aller bien loin, en quelques kilomètres seulement, tout les millionnaires (voir plus) qui nous serinent avec la morale sur la faim dans le Monde (Bob Geldof en tête Bono aussi, mais il a la chance d'être déjà irlandaise) vont déposer leurs émoluments sur les îles de Jersey et Guernesey. Par admiration pour Victor Hugo sans doute... Idem pour les riches italiens et espagnols, qui aiment la fraîcheur helvétique moins étouffante que leurs latitudes. Et les grecs richissimes, ils existent, mais ne voient tout bonnement pas pourquoi on ose leur prélever une dîme... Partout dans le monde, avant d'avoir un sentiment d'appartenance, les ultra riches appartiennent surtout à la nation des ultra riches. Ils ont leur hymne "Money money money; it's a rich man's world" (Abba), leur devise "fuck them all, their profit is our money" (tout en anglais) et leur absence de valeurs... Leur territoire est fluctuant, liquide comme dirait Zygmunt Bauman. Tristesse.

Ceci doit nous appeler à quelques secondes de réflexions à l'heure où l'on nous matraque de débats identitaires: à qui le plus de drapeaux, de symboles tricolores, qui sait le plus prouver sa "Francité". On s'inquiète que nos footballeurs ne s'époumonent pas aussi sur la Marseillaise. On accuse Eva Joly qui ne veut pas des défilés militaires du 14 juillet (quand seuls 2 pays sur 27 en Europe ont conservé cet anachronisme grotesque). Au peloton d'exécution la norvégienne, elle ne veut pas de nos chars Dassault, mauvaise française... A contratio, quand un joueur français de l'équipe de basket ne vient pas jouer aux JO parce qu'il attend de resigner son contrat dans son équipe américaine, on préfère critiquer la législation américaine tatillonne plutôt que d'admettre la réalité qui vaut pour tous les autres ploutos pas forcément crates : sa patrie n'est pas la France, mais le $. Pour l'avenir, pour lui, ce qui compte, ce sont les $. Et quid de tous nos grands sportifs, patrons et artistes qui s'exilent fiscalement mais se rapatrient illico presto en France pour se faire soigner ? Ha ! On a l'attachement national à géométrie variable selon que l'on souffre du portefeuille ou des artères qu'il y a en dessous...  

Aussi, il faudra bien que l'on arrive à cette décision de bon sens, qui avait fait l'objet d'une proposition de loi d'un certain Cahuzac Jérôme, alors député d'opposition : contraindre tout natif d'un pays à payer des impôts ad vitam eternam à sa terre d'origine. Cette loi fonctionne déjà aux Etats-Unis. Ainsi, nos amis yankees ressentant un irrépressible besoin d'aller voir aux Caïmans si l'air est plus pur, paye la différence fiscale à Washington. Or, depuis que notre cher Cahuzac est devenu ministre du budget, il semble souffrir d'anosognosie. Comme Martine Aurby disait de Sarkozy "Grand diseu, petit faiseu...". En attendant, il est temps de reprendre ce grand débat sur l'identité nationale en changeant les termes: reconnaissez vous que la France, a un système social qui nous plaît tous et que ceux qui biaisent avec lui sont des traîtres à la nation ? Après, on pourra causer (pour rappel la fraude sociale ne représente pas 1/10 ème de la fraude fiscale et elle n'est pas liée à 100 % à des populations "d'origines étrangères" comme le disent les tracts). Avant que ces débats ne reviennent en septembre, serait-ce trop demander que de pouvoir aller guincher au bal des pompiers en plein air ? Y a plus de saisons ma bonne dame...

Commentaires

Le privilège d'un 14 juillet au soleil ça aussi c'est pour les riches ;-)

Écrit par : Cécile | 14/07/2012

Ouais, où ceux qui bossent dans leurs champs...

Écrit par : Castor Junior | 14/07/2012

Les commentaires sont fermés.