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18/10/2012

Le Maire écrivain !

musiqueabsolue_lemaire.jpgPuisqu'il n'a pas eu ses 8000 parrainages de militants à l'UMP, on ne saura jamais comment notre ancien ministre de l'agriculture Bruno Le Maire serait rentré dans les salles. Glaciales ou surchauffées ? Les murs auraient résonné au son de "Le Maire Président !". Pour l'heure ça reste de la fiction et je ne pense pas que la face de la France en soit changée. En revanche, en cette fin d'année, le Maire fait ses premiers pas dans la fiction littéraire et après l'avoir lu je suis tout disposé à venir faire la claque pour hurler "Lemaire, écrivain !".

Si vous n'avez pas suivi cette affaire, Bruno Le Maire vient de publier son premier roman, intitulé "Musique absolue, une répétition avec Carlos Kleiber". L'amoureuse m'a regardé avec sa tendre compréhension, mais je sens bien qu'au fond, elle était un brin navrée que je ne connaisse pas Carlos. Enfin, je connais un Carlos terroriste et un autre terroriste chansonnier, mais ils ne figurent pas dans le livre. C'est la presse qui m'a appris qu'il s'agissait d'un chef d'orchestre mythique, "rival" de Karajan, qui a soigneusement entretenu sa légende en n'enregistrant presque aucun disque et en accordant aucune interview. Soignant maladivement son image, l'analogie qui nous vient immédiatement est celle d'une espèce de JD Salinger symphonique. J'étais hameçonné. Ce d'autant que si les décisions de le Maire sur la PAC ou ses prises de positions dans les guerres pichrocolines entre Fillon et Copé ne m'ont pas marqué, j'ai été franchement emballé par ses deux précédents livres ("sans passé le présent se vide" et "des hommes d'Etat"). Alors, j'ai acheté le nouveau. 

C'est une douceur qui s'avale en un rien. Une centaine de pages aériennes, à la prose ciselée. Le Maire nous épargne son érudition, mais l'on sent qu'il pourrait écrire une biographie du grand chef. Il se campe dans un personnage de journaliste candide qui vit l'émerveillement un soir de pluie en écoutant à la radio un enregistrement d'un concert dont il apprend après coup qu'il fut dirigé par Kleiber. Alors, on suit ce personnage déroutant qui, au crépuscule de son existence demandait à des directeurs de salles philharmoniques combien ils étaient prêts à payer pour qu'il dirige un concert. Pas pour le faire, pour connaître sa valeur. Au sommet de sa gloire, il terrorisait ses musiciens en leur lançant au premier jour d'une répétition "je vous préviens, j'ai réservé un billet retour chaque jour de la semaine". Le Maire aime la musique plus que tout et il nous fait partager sa passion avec gourmandise. En refermant le livre, on se prend à musarder sur Internet pour trouver ce fameux Kleiber en audio nous même... Youtube en a conservé quelques traces, la grâce est au rendez-vous.

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