30/12/2012
Argo see it !
Je ne suis pas assez patriote ces derniers temps. Non seulement je n'ai pas acheté l'aspirateur fabriqué en France que l'on me proposait à grand renfort de drapeau tricolore apposé dessus, mais en plus les deux derniers films que je suis allé voir sont américains. Avec des traîtres à la patrie comme moi, tu t'étonnes que Depardieu et Gad Elmaleh aillent voir ailleurs.
Mes choix cinés reflétant souvent mes humeurs, il faut en ce moment trouver un divertissement prenant, où je puisse déposer mon cerveau à l'entrée dans la salle et le récupérer à la sortie en me laissant guider. Ca a fonctionné avec Skyfall -boum boum, gros muscles, blagues et contre blagues sur les clichés liés à James Bond - et ça a moins fonctionné avec Argo. Que j'ai préféré... L'injonction contradictoire vient du fait qu'Argo est effectivement un excellent divertissement, mais qui mobilise plus votre cogito dans la mesure où c'est une histoire vraie. Qui suscite donc deux réactions à la sortie : pourquoi ressortir cette affaire de 1980, révélée au grand public par Clinton en 1997 seulement fin 2012 ? Et pourquoi maquiller une réalité déjà saisissante.
Le pitch est assez dingue : suite à l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis en Iran au moment de la révolution islamique de 1979, un agent de la CIA va alors partir exfiltrer 6 américains planqués à l'ambassade du Canada selon un scénario assez dingue. Et pourtant vrai. Ca dure deux heures qui passent comme un clin d'oeil, Ben Affleck est trop impassible mais John Goodman est là pour pimenter le jeu. On suit les rebondissements de l'intrigue sans jamais avoir l'impression d'être manipulés par un réalisateur jouant l'esprit fort. Tout est justement dosé.
Ce n'est qu'en sortant de la salle, après le happy end de rigueur et attendu que se pose les deux questions mentionnées plus haut. Pour le rajout de maquillage, ça se comprend. Il semblerait d'après l'Internet que l'exfiltration se soit déroulée bien plus simplement et à l'écran, le calme est mal payé en retour, en termes de nombre d'entrées, s'entend. Mais pour la question du momentum. Sans virer à l'éternelle théorie du complot, c'est tout de même curieux de sortir ce film fin 2012 connaissant la réactivité d'Hollywood ou le biopic de DSK est déjà en tournage... Pourquoi 15 ans de latence ? Peut être parce qu'en 1997, les Etats-Unis étaient dans le désert d'affrontement : plus de popov, pas encore de chinois ou de barbus. Après 2001, les superproductions où l'on assassine du dangereux terroriste se sont multipliés. Là, la chose est plus subtile. D'abord, on montre le pire visage de l'Islam. Pire que le terrorisme isolé, un régime qui pend les gens dans la rue, s'oppose et verrouille tout, terrorise les femmes. Ensuite, on montre les américains à leur top : pacifistes. Ils ne donnent pas un coup de feu du film et gagnent en soft power. Le film est produit par Clooney, énorme soutien à Obama et réalisé et joué par Ben Affleck, idem qui envisageait même de se présenter au congrès. Ca ne peut être une coïncidence. J'attends de voir Guillaume Canet et Romain Duris nous refaire l'exfiltration des otages au Liban : on recherche des seconds rôles pour jouer Pasqua et Marouani...
09:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.