16/03/2013
L'Etat, un patron voyou ?
Pour quiquonque croit encore en la puissance publique, le simple fait d'écrire un titre pareil est un crève coeur. Mais je dois reconnaître que 150 jours pour être payé d'une mission où il était écrit par contrat que le règlement s'effectuerait après 30 jours ce sont des méthodes de margoulins.
Dans ma carrière indépendante, entamée il y a un peu plus de 3 ans, j'ai travaillé avec tous types de structures. Petites et grosses associations, collectivités locales, groupements d'entreprises, grosses boîtes, acteurs du CAC40 ou encore fondations. Généralement, pus la structure grossit, plus il devient délicat de se faire payer vite car l'on quitte l'échelon humain du comptable (ou de "la personne qui gère la compta" dans des toutes petites structures qui n'ont pas salarié cette fonction) pour muter vers "le service compta". Là, on se perd souvent dans un maquis de références, codes, chiffres et procédures, mais bon an mal an, ça finit par arriver.
Les seules fois où j'ai eu des tracas, c'était lorsque mon client se nommait Etat, sous l'une de ses déclinaisons. J'ai rédigé plusieurs rapports annuels d'une grosse agence publique et n'ai du mon salut qu'à ce que l'Agence de communication qui m'employait me réglait rapidement, en me confessant que la puissance publique n'avait pas cru bon d'en faire autant.
Pour la dernière mission, j'étais en cavalier seul et le 19 octobre, j'envoyais ma facture pour clore notre relation professionnelle qui ne devrait jamais se renouveler. Sans génie, sans heurts non plus, tout allait bien. J'aurais donc dû être payé au 19 novembre et comme je déménageais dans ces eaux là, je mis quelques semaines à réaliser que le versement n'avait pas eu lieu. Je relançais, ils cherchaient, trouvaient. Miracle. Là, on m'expliqua qu'il y avait eu un vice de forme et qu'ils avaient égaré ma facture. Re 3 semaines. Alors, je voyais le truc s'enfoncer dans un embrouillamini sans fin, je décidais de me lancer dans une petite expérience mensongère pour voir à quel point une réponse humaine pouvait venir. La somme était relativement importante, sans doute plusieurs mois de salaire pour la personne que j'avais au téléphone. (Sans doute pour ce que j'avais fourni comme travail, mais ça c'est un autre débat : l'Etat est parfois un patron idiot, c'est eux qui m'ont donné ce tarif). Alors, je lui expliquais que j'étais travailleur indépendant, que ça représentait beaucoup et que mes créanciers (sic) commençaient à s'impatienter. J'avais un être humain au téléphone qui ne l'était pas et qui me répondait "votre commande est en cours de traitement, les délais sont longs". La femme cessa de me prendre au téléphone et me répétait la même chose par mail. Impossible d'obtenir une date.
Excédé, j'ai demandé à un ami un mail de type de menace avec envoi de recommandé avant "action judiciaire" pour obtenir recouvrement avec délais de retard. 3 jours après ce mail, sans l'envoi du recommandé A/R, la somme apparaît donc sur mon compte. Tant mieux pour moi, mais c'est tout de même épuisant de passer par là et navrant du manque d'humanité de l'Etat dans le règlement d'une question vitale.
Dans mon cas, problème de riche, la somme n'était pas vitale, mais au même moment où je voyais clignoter le virement, je lisais le Monde et les articles sur les problèmes des chômeurs qui, même de bonne foi, continue de percevoir des indemnités de Pôle Emploi qui, quelques mois après, leur envoi un simple courrier réclamant les milliers d'euros de trop perçus sans autre forme d'explication. Si cela s'entend pour les finances publiques, on voit ce qui peut arriver à quelqu'un qui a connu une période difficile et n'a peut être pas penser à mettre de côté tous ces trop perçus et se retrouve soudainement dans une situation économique très délicate.
L'exemplarité des acteurs publiques est une thématique de plus en émergente. Il serait bon que l'on étende cela aux acteurs publiques. Renseignements pris autour de moi, tous mes copains indépendants sont toujours plus mal payés par l'Etat que les autres. Quand au droit social, l'Etat ne se distingue pas, loin s'en faut, par son caractère vertueux. Recours massif aux CDD, invention d'autres contrats précaires et flexibilisation des parcours toujours plus fortes. Sans doute le statut de fonctionnaire est il trop protecteur, mais ce n'est pas une raison pour fouetter les centaines de milliers (voir les millions) de personnes employées hors ce statut qui elles aussi, servent l'Etat.
Demain, nous irons acheter un nécessaire à luminothérapie, parce que ce ciel de papier mâché, c'est plus possible.
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