22/03/2013
Revoir le match un an après
J'avais lu des papiers plutôt laudateurs sur ce livre au moment de sa sortie en octobre dernier. Mais j'avais décliné, la tête encore trop farci de cette interminable matraquage de la campagne présidentiel. Quelques mois plus tard, nous n'en sommes plus là. La guerre Copé/Fillon est passée par là, le Hollande Bashing est devenu un sport national (voir inter) et Sarkozy s'est vraiment imposé une cure de silence médiatique tant et si bien qu'aujourd'hui, le match est loin.
C'est donc avec un cerveau neuf que j'ai lu d'une traite ce très bref livre qui retrace les 15 derniers jours de la campagne 2012. Les 2 journalistes, Vigogne et Mandonnet sont très très bien informés. C'est l'avantage du livre, le point de vue intimiste. Non plus le Sarkozy des foules, des caméras, des meetings. Non, celui du cercle 1, les 10 proches et Carla. Les 3 proches même, Emmanuelle Mignon, Pierre Giacometti et Jean Michel Goudard qui acceptent de l'entourer pour cette anti-nuit du Fouquet's où il rumine sa défaite. Tout un symbole, il finit son règne avec une cheftaine scout sans scrupule, un sondeur et un publicitaire...
C'est la force du livre : nous montrer un misérable. Un boxeur les yeux explosés, qui moulinent dans le vide, à la desperado. A part Patrick Buisson, la plume Camille Pascal et les 3 cités plus haut (et Copé...) tout le monde (même parfois Claude Guéant...) est gêné pendant ces 15 jours. Guaino éructe, NKM enfonce son cou de cygne dans ses vestes Vanessa Bruno, Jupé reste en réserve et Fillon est aux abonnés absents. "Il a tout fait", cette rengaine revient inlassablement : l'appel -faux et archi faux- des 700 mosquées à voter pour Hollande, insinuant même que Tariq Ramadan soutenait Hollande. La séquence sur le "vrai travail" qui hallucine jusque chez les militants UMP ou le clip de campagne du second tour cette immondice où ils ont mis un panneau "douane" écrit en arabe quand il parle de frontières (au bout d'1min 36, là). Là, tout le monde est frappé de dégoût. Comme Claude Chirac qui répond que jamais son père n'appellera à voter pour ces idées là. Ce que cet homme a osé pour tenter de conserver le pouvoir est tout bonnement inimaginable, une campagne inouïe de démagogie, de folie clivante et de tentative de lobotomie collective. Il avait perdu tout contact avec la réalité et Carla Bruni l'aidait en trouvant que la France est un pays de cons qui se permet d'ignorer le génie de son mari.
Amusant hasard du calendrier, l'ex a été mis en examen pour abus de faiblesse. J'ignore évidemment ce que donnera la décision de justice, mais en lisant ce livre, on serait tenter de lui intenter le même procès, non pour Madame Bettencourt, mais pour le peuple de France dont il avait la bouche pleine... Quand on déprime de voir ce que nous avons, on peut se consoler en repensant à ce à quoi nous avons réchappé.
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