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22/04/2013

Pourquoi ne quittent-ils pas le journalisme ?

PHO58e6877e-a743-11e2-925b-4ecab03db8e8-805x453.jpgL'ennuyeux avec l'info en continu c'est que même lorsque vous voulez ignorer certaines infos frelatées, elles vous reviennent en pleine face par des voies détournées. Ainsi de cette nouvelle une du Figaro Magazine "pourquoi ils quittent la France", croisée 100 fois devant des kiosques et toujours poliment ignorée. Et puis, merveille de facebook, des contacts l'ont mis en avant et j'ai fini par le lire... Vous faites bien ce que vous voulez, mais si la perspective de vous pourrir un lundi vous enchante, vous pouvez vous aussi le lire ce dossier sur nos déserteurs, .

Notez l'absence de point d'interrogation dans le titre et ça tombe bien, l'enquêteur ne s'est pas posé beaucoup de questions avant de se lancer dans sa philippique sans mesure, grimée en enquête pour les besoins de la cause de la vente. La messe est donc dite avant que d'écrire le premier mot : "ils" quittent la France, en gros, depuis le 6 mai 2012. Parce qu'on ne leur fait pas confiance, parce qu'ils sont surtaxés, parce qu'ils ne se reconnaissent plus dans ce pays, parce qu'ils étouffent dans une vieille nation où la réussite n'est pas reconnue... Bla bla bla bla.

Ceci est une petite annonce au directeur de la rédaction du Figaro Magazine : plutôt que de payer très cher vos journalistes pour écrire ce torchon d'enquête, donnez moi la moitié du cachet et je vous rédige la même chose plus enlevée et sous pseudo (faut pas déconner...). Non parce que, moi aussi je peux bidonner du témoignage, allez chercher mes potes qui se sont exilés pour raisons fiscales... Ca marche pas, j'en ai pas, on rembobine : lancer un appel à témoignages "vous avez quitté la France pour raisons fiscales ou parce qu'on vous empêchait de réussir ? Contacter xx@figmag.fr".

Allez, d'abord, rendons hommage au journaliste du Figaro Magazine : il dispose de chiffres que personne n'a. Quand il nous explique au début posément, la bouche en coeur, que les candidats à l'exil sont de plus en plus nombreux, il n'en sait rien, mais il l'avance quand même. Pour cause, ayant bossé sur la question, je sais que le nombre de candidats au départs comme le nombre d'exilés fait partie des zones grises statistiques françaises. Impossible à savoir car cela fait tâche. En revanche, si notre ami journaliste était un peu moins con (ou un plus honnête) il aurait pu chercher à connaître le nombre de français électeurs de l'étranger lors des présidentielles et législatives. Parce que ceux-là, par définition, sont de vrais exilés dans le temps, pas des étudiants en ERASMUS ou en VIE ou parti deux ans voir si l'herbe est vraiment plus verte (ou plus légale). Et qu'aurait-il constaté notre ami plumitif ? Que de longue date il y a une explosion du nombre de départs, nonobstants les couleurs politiques de nos dirigeants. Pire pour lui, il y a bien plus de français à l'étranger en 2012 qu'en 2007, l'exil a explosé tous les records sous Sarkozy, mais notre ami ne le rappelle pas... L'amnésie ou la pudeur, sans doute.

Par ailleurs, il parle toujours des rigidités françaises, ce qui reste franchement à prouver, puisque tous mes potes entrepreneurs m'ont bien dit que ce n'était pas plus dur en France qu'ailleurs. Dans le dossier du Fig", seul le témoignage sur l'incertitude juridique et fiscal me paraît 100% justifié, ça fait maigre... Et il reste des zones de départs non soulevées. En effet, quid de ceux qui quittent la France pour discrimination incessante ? Habilement, l'enquêteur a cherché une femme noire pour répondre (effet 2 en un) à l'enquête sur le thème du pays trop étriqué. Ainsi, on instille dans le cerveau du lecteur l'idée que la couleur de peau n'est pas un problème en soi, mais celui des mentalités de fonctionnaires ayant cours. Ben voyons... En revanche, personne d'exilé au Moyen Orient, à Dubaï, parce qu'il vous expliquerait que malgré son Master en finance, il ne trouvait pas de taff en France à cause d'un patronyme ou d'une adresse jugés non conforme. Ou peut être à cause de sa religion supposée, la également jugée non conforme avec la République, puisque merveille de l'axe Guéant-Valls et de 10 ans de matraquage médiatique 76% des français pensent que l'Islam n'est pas compatible avec la République. Du coup, les diplômés qui le peuvent se barrent après avoir été formé par le système de l'Education Nationale. Pas besoin d'avoir un PHD en maths pour comprendre que le pays n'est pas gagnant financièrement dans cette histoire... Tsss, y a pas que Cahuzac pour mentir éffrontément. Mais le Fig Mag ne sera pas contraint à la démission, malheureusement.

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