Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/06/2013

C'est maintenant !

9782757817964.jpgComme souvent en entrant dans une librairie en cherchant un livre, j'en sors une demie-heure après sans le précieux volume, mais lesté de quatre ou cinq autres dont je n'avais même pas entendu parler avant. En l'espèce, je connaissais bien sûr l'un des auteurs - Jean-Marc Jancovici- mais pas l'autre - Alain Grandjean- ni ce titre, quelque part entre Hollande, Beigbeder et le lipdub de l'UMP : "C'est maintenant. 3 ans pour sauver le monde". Je me réveille un peu tard, le livre a paru en 2009. Selon leur calcul, le monde est donc foutu, mais ce n'est pas une raison pour ne pas lire cet excellent essai.  

Les auteurs sont trop intelligents pour jouer du lamento, mais trop en colère pour nous épargner une tonalité agressive. Le livre se distingue d'abord par cela : un ton. Les auteurs sont excédés. Ils ne veulent plus débattre, notamment du réchauffement climatique. "Continue-t-on à débattre de l'Océan Atlantique ou du nombre de bras qu'ont les humains ?". Les manchots prendront sans doute ombrage de ce jugement un peu définitif, mais on ne peut complètement leur donner tort. Leur colère se nourrit d'une peur, mais pas celle que l'on croit. Rappelant que le réchauffement climatique ou encore la fin du pétrole n'arriveront pas du jour au lendemain, ils craignent que les tensions liées aux dérèglements écologiques entraînent la fin de la démocratie : "Pour diviser la consommation planétaire de n'importe quoi par 4, il est équivalent de tuer les trois quarts de la population ou de demander à chacun de diviser sa consommation par quatre. L'acceptabilité sociale, on en jugera, n'est pas tout à fait la même !". Pas faux, les gars.

Il est délicat de ne pas être d'accord avec eux, notamment, dans leurs dénonciations de faux procès ou fausses croyances sur les éoliennes qui ne décolleront jamais vraiment (c'est une licence poétique). Ils rappellent aussi que si le nucléaire n'est pas la panacée, Tchernobyl n'est rien en termes de dégâts à côté du barrage des 3 Gorges, en Chine. Ca remet les choses en place... J'aurais aimé qu'ils parlent plus des points positifs avec les nouvelles énergies hydrauliques, notamment celles liées au choc thermique entre les eaux profondes et froides et celles à la surface, plus tempérées. Mais bon... Ils étaient trop en colère pour parler de ce qui va bien et leur réquisitoire n'en est que plus âpre et puissant comme un vin de la Vallée du Rhône. 

Tout de même, ce qui me chiffonne chez ces auteurs qui reconnaissent l'importance de certaines croyances, c'est là toute puissance qu'ils accordent aux politiques qu'ils ne cessent, dans le même temps, de dézinguer. Aucun ministre, élu, bâtisseur de la chose publique ne trouvent grâce à leurs yeux et pourtant ils n'envisagent pas de révolution planétaire fors le politique. A l'évidence, le politique est l'échelon de décision le plus important, le plus puissant et donc potentiellement le plus rapide. Néanmoins, c'est occulter un changement déjà à l'oeuvre et dont les auteurs sont conscients : plus vous êtes proches dans votre métier des conséquences du changement climatique, plus vous avez anticipé les évolutions sur votre business et vous avez modifié vos produits. Vous ne devenez pas plus vert par vertu, mais par nécessité. Cela, les auteurs le disent peu. Pour eux, tous les modèles actuels sont voués à l'obsolescence, surtout la grande distribution, et il faut que le politique encadre, régule et taxe. Voilà la nouvelle sainte trinité ! Après tout, je préfère celle-là à celle des églises...

Les commentaires sont fermés.