Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/08/2013

Saurons-nous, nous aussi, rester en éveil ?

328.jpgJe l'admets sans honte aucune, je m'étais franchement planté sur le coup de la loi du mariage pour tous. Qu'un texte aussi anodin puisse susciter des remous façons affaire Dreyfus et inscrire un mouvement de contestation virulent dans la durée me dépasse. Des milliers d'ânes bâtés marchent cet été pour éveiller les consciences. Rue89 a passé du temps avec eux, on croise un ou deux normaliens en crise identitaire, quelques paumés, des refoulés sans aucun doute et beaucoup d'apprentis fachos. Dans une veine mi-mormons, mi témoins de Jéhovah, ils vont emmerder les touristes pour leur dire "franchement, on seraient pas mieux avec un papa et une maman?" 

En plus de ce mouvement dit "de la société civile", il y a quelques scories politiques. La femme de Jacques Bompard vient de refuser de marier un couple de lesbienne en sa mairie pour protester contre la loi. D'autres élus UMP ont rugi comme des lions avant de lâcher l'affaire et de déléguer cela à des adjoints pour ne pas se salir... Passons. 

Politique fiction : nous sommes en 2017 et en dépit de leur admirable bilan, les socialistes ne sont pas reconduits. Je sais, c'est hautement improbable (le pire, c'est qu'au fond, je parie 2 caisses de ce qu'on veut que Monsieur Petites Blagues repasse. Il a si peu promis qu'il ne peut décevoir) mais essayons juste de se projeter un instant. La droite repasse. N'importe quel canasson : Marine, le Revenant qui a promis de ne pas revenir sauf si la France le réclame, l'Aigle de Meaux, le croque-mort sarthois éternel premier ministre, un des jeunes loups, Plastic Bertrand, bref... Peu importe. La droite repasse. Si elle le fait, ce ne sera pas sur un programme de demies mesures et d'ajustements stratégiques. Mais un programme de surenchère Tatchérienne avec coupes drastiques partout et retour sur quelques réformes emblématiques pour se démarquer de la gauche. A coup sûr, les 35 heures, les retraites et forcément, le mariage pour tous.

Je reste dans une perspective de politique-fiction. En politique réelle la loi ne pourra jamais être abrogée et retoquée. On ne peut pas démarier des couples, pas nier la parenté d'enfants adoptés au motif que du jour au lendemain, ils n'ont plus deux mères ou deux pères, mais un(e) seul(e). Soit. Mais c'est trop confortable de s'abriter derrière le bouclier du Conseil Constitutionnel et des institutions en général pour se rassurer. C'est comme l'inscription de l'abolition de la peine de mort dans la Constitution Européenne. OK, ça nous préserve juridiquement, mais ça n'empêche pas les reflux de volonté meurtrière dans le néo populisme actuel. Donc les fadas reviennent et sabrent la loi Taubira. Une marée humaine descendrait-elle dans la rue pour hurler ? J'en doute. Qui prendrait des jours et des jours, même des semaines ou des mois pour descendre devant les CRS (malheureuses girouettes s'opposant à tous tant qu'on leur demande) alpaguer les élus et mugir ? Quelques militants, mais guère plus. Pourtant, la régression serait bien sur l'abrogation de la loi. Or, le fait d'être englué dans le présentéisme et d'écouter les lénifiants discours libéraux du TINA des années 80 permet d'ouvrir les vannes de la casse sociale. Depuis des années, des coups de canifs de plus en plus gros sont effectués dans la carapace sociale, la gratuité de l'éducation et de la santé sont de moins en moins vraies et pourtant, les millions de personnes lésées ne descendent pas dans la rue. C'est pour cela que le mouvement de la manif pour tous me navre autant : tellement d'énergie dépensée à si mauvais escient...

Les commentaires sont fermés.