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05/10/2014

Saint Laurent, le vrai film

Saint-Laurent-de-Bertrand-Bonello-deja-pret-pour-le-festival-de-Cannes-2014_portrait_w532.jpgVenir en second offre plus d'inconvénients que d'avantages. Le public est sans doute déjà lassé du sujet, les critiques se sont d'ores et déjà répandues en dithyrambes sur la ressemblance ou la vraisemblance des uns et des autres.

En revanche, pour qui regarde les deux, vous comparez plus cruellement car ce qui pêche chez l'un vous apparaît au grand jour, quand l'autre le réussit. Je dis cela car c'est proprement frappant en allant voir Saint-Laurent de Bonello. Prétendre devoir réfléchir à juger les deux en entretenant un suspens comme l'ont fait certains est d'une mauvaise foi confondante. Pour rester dans le chiffon en jeu dans le film, se demande t'on si Desigual a plus d'allure que Zegna ? Bon...

Enfin un biopic qui abandonne l'idée systématique de suivre le même personnage toute sa vie pour montrer comment l'acteur forcément génial et césarisable (il était très bien, Pierre Niney, telle n'est pas la question) sait s'adapter à tous les âges de la vie. C'est bien le moins quand on s'attaque au mythe de la confection que de bien dessiner son film. C'est le cas de celui-ci. Jamais là où on l'attend, il manie savamment, les bonds dans le temps et ne s'attarde pas sur ce qui est déjà connu de tous.

En outre, l'hagiographie de Pierre Bergé n'a plus court. Sans doute est-ce pour cela que le souriant magnat de la presse, égérie bien élevée, a tenté d'interdire le film. On y voit certes un homme éperdument amoureux et admiratif de Saint-Laurent, mais également un rapace en affaires qui tentera de faire fructifier la marque de son homme jusque dans son linceul. Un belliqueux qui monte au front et qui exige toujours plus de travail de la part de son amoureux, même quand ce dernier voudrait se reposer, ne rien faire. Leurs relations n'en sont pas moins belles, au contraire. C'est l'amour passion, sans artifice clinique que l'on retrouvait dans le premier. 

Et l'histoire d'amour violente avec l'égérie de Karl Lagerfeld ne ressemble plus à une histoire de cul vaguement canaille, mais bien à une tentative d'échapper à son destin de forçat de la mode. Autant de points qui m'ont fait beaucoup beaucoup aimé ce film. Après, dans les deux films, on assiste un peu médusé à des cinéastes aveuglés par leur passion pour leur objet qui n'ont pas la lucidité d'YSL lui même qui savait qu'il n'avait pas l'étoffe d'un grand peintre et que la mode restait la mode avec une modestie artistique aux antipodes des ronflants titres qui l'entoure. Cette réserve mise à part, ça vaut tout de même vraiment la peine d'aller au cinéma pour être ému.

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