13/09/2015
Les votes de fatigue ne remettent pas en forme
Nous savons que nous traversons, politiquement, une période d'entre deux, mais bien malin qui peut dire combien de temps elle durera et ce qui en ressortira. Dans son livre sur "le bon gouvernement", Rosenvallon rappelle que l'acmé de l'antiparlementarisme avait ravivé les fantasmes d'un gouvernement technocratique, (revenu récemment en l'Italie et en Grèce), avant d'être balayé par la première guerre mondiale. L'actuelle crise ravive les mêmes fantasmes, mais pas seulement. Car la technocratie est trop étroitement associée au modèle qui se casse la gueule. Le capitalisme libéral, sans entrave et sans contrôle est une faillite. La croissance mondiale ne reviendra pas et l'accroissement des inégalités finira dans le sang si elle n'est pas combattue dans les parlements... Et encore faudrait-il que la planète tienne, en attendant ; chose impossible avec notre consommation actuelle.
A l'évidence, il y a quelque chose de pourri dans les royaumes occidentaux. La question est : combien de temps pour s'en rendre compte ? Combien de temps avant que les tenants et les acteurs des dérégulations actuelles ne rendent les armes et acceptent de passer au partage. Au sein de peuples, la colère finit enfin par se traduire dans les urnes. Syriza, d'abord, puis Podemos qui s'empare des grandes villes. Si la France reste étrangement hermétique à cela, les anglo-saxons bougent. L'élection de Corbyn hier, à la tête du Labour doit d'ailleurs être lue comme cela. Comme celui qui s'attaquera le plus violemment à la City, pas pour son programme. Aux Etats-Unis, sans moyens mais pas sans convictions, Bernie Sanders mort les mollets d'Hillary Clinton. Dans les deux cas, on parle de politiciens de carrière, là depuis 30 ans. Ce n'est pas leur discours qui a changé, mais les attentes des électeurs qui se sont lassés de fausses alternances progressistes, avec Blair ou Obama. L'exigence de radicalité monte, mais se heurte pour l'heure à la modestie des moyens dont dispose ceux qui l'incarnent. Ni la Grèce ni l'Espagne ne peuvent mettre en place ce qu'ils voudraient, ayant contracté trop de dettes dans un système qui n'est pas le leur. Il faudrait que des plus grands leur face la courte échelle politique, mais ni la France, ni l'Allemagne ou l'Angleterre n'ont bouger. Du coup, la désillusion se répand sur croyance dans une radicalité possible. Pour raviver la flamme de l'espérance, il faudrait donc qu'un très gros changement s'opère. Pour faire en sorte que les votes de fatigue ne se muent pas en fatigue générale.
14:07 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Je vous invite vivement à lire "La Lucidité" de José Sarramago... Que se passe t-il quand 83% de la population vote blanc ? Bonne lecture.
Écrit par : sacha noore | 17/09/2015
Lu et beaucoup beaucoup aimé, le Sarramago, on parle d'un grand !
Écrit par : Castor | 19/09/2015
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