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24/10/2015

Ce que la folie Macron dit de notre dégoût de la politique

photo-1427779726.jpgEncore une Une de l'Obs, cet ancien hebdomadaire respectable qui l'est de moins en moins (les 3 dernières fois où je l'ai acheté pour égayer des trajets en train m'ont assez largement persuadé de cela...). Encore une palanquée de sondages portant aux nues le sémillant Emmanuel Macron. A une époque où les politiques au pouvoir se grillent en moins de temps qu'un papillon de nuit, la stratosphérique popularité de Macron a de quoi interpeller. Après tout, il appartient à un gouvernement où tout le monde, y compris le premier des ministres, dévisse. Lui, non.

L'analyse majoritaire avance que Macron est extrêmement populaire parce que rassembleur. Il serait suffisamment à droite pour séduire le camp d'en face, suffisamment poli pour ne pas les insulter et comme il a sa carte au PS et figure dans un gouvernement dit de gauche, il séduit une part certes en déclin, mais toujours vive, de l'électorat de gauche. J'ai même vu un de mes grands amis, plutôt centriste, me dire que la personne qui aide le plus les dominés en France est... Macron Emmanuel. Les bras m'en sont tombés. Sans sombrer dans une polémique macabre à la Noël Mamère sur l'accident de car survenu avant hier, reconnaissons tout de même que les autocars sont un bon symbole du macronisme : acter que le politique ne résolvera pas les inégalités et entériner cet état de fait en recréant des strates. Aux privilégiés, le train, aux gueux, le car. Cette semaine je suis allé à Lille pour le boulot. Mon client avait payé les billets, tant mieux car c'est hors de prix. En car, on met au minimum le triple de temps pour moins cher, certes, mais dans le même temps le train vous a déjà emmené à Marseille... Y a t'il une plus triste illustration de ce "le temps c'est de l'argent". Idem pour le travail des mineurs, apprentis, pour le travail du dimanche, de nuit, pénible. Macron s'en fout de réparer le pays, il regarde le monde et surtout les Etats Unis et dit tout haut "mettons le curseur la bas". Avouons que ça n'est guère nouveau un libéral forcené. D'autres l'ont essayé, Madelin le premier et se sont fracassés. Pourquoi Macron en sort il indemne ? Parce qu'il est dans le bon camp pour ça ? Je ne crois pas. Jean Marie Bockel ou Valls prête allégeance à Tony Blair et ça ne suffit pas.

Non, je crois que la raison de la macronmania et qu'il n'est pas politique dans un pays qui n'en veut plus. La défiance à l'égard du personne politique français atteint des sommets et monsieur Macron n'a pas sa carte au PS. Il ne veut pas se présenter aux législatives contrairement à Valls, Vallaud Belkacem et autres politiques à vie qui se décrédibilisent à cause de cela. Macron s'en fout, il correspond parfaitement aux bureaucrates libéraux définis par Graeber. Il a empoché 2 millions d'euros pour faciliter des fusions acquisitions pour Nestlé et fait un crochet par la case politique. Il pourrait très bien diriger le FMI aussi, ou la BCE, ce genre de trucs où l'onction électorale ne sert à rien. D'ailleurs, il n'aime pas cela et l'a dit, le fumet monarchique l'attire davantage. Pourquoi se faire suer avec la démocratie, franchement ? D'ailleurs la démocratie montre ses limites : regardez, bonnes gens, le score de Marine le Pen. Vous ne préférez pas un bon petit techno ? La politique ayant été trop abîmée, fracassé, déviée et vidée de son sens, les français n'y croit plus et remercient donc assez logiquement au fond, celui qui a l'air de faire des choses. Car indubitablement il fait. Avec un sens de l'intérêt général assez spécieux, mais il fait. On a les élus qu'on mérite, pour les ministres nous sommes tributaires du fait du roi. Il faut donc croire que lui aussi n'aime guère la politique et préfère sa réélection.