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26/10/2015

Reparler du fond avant de le toucher

67623031.jpgLa nuit du 6 décembre hante par avance le PS avec une angoissante question en perspective : se maintenir, ou pas. Dans 2 régions, une obstination électorale permettrait au Front National de prendre les commandes de la région. Les arguments sont connus par avance et d'ailleurs, parfaitement recevables. Un retrait signifierait une absence d'élus d'oppositions de gauche pendant 6 ans. Là, il ne s'agit pas de moquer une conception électoraliste avec maintien, mais une vraie question de représentation démocratique : faire 25% au premier tour et ne pas du tout être représenté ? Bienvenu dans le monde du Front National aux législatives... 

Et face à cela, le minimum que pourraient faire les hiérarques serait de s'interroger sur les raisons politiques qui ont conduit à une telle débâcle ? Que nenni. J'ai entendu JM le Guen dire sur RTL : "l'important ça n'est pas de savoir si l'on met 5 milliards de plus ou là, mais de savoir si on est dans le camp de la République ou non, du côté du Progrès ou non". C'est beau comme "ma gauche, c'est la gauche qui gouverne" de Valls. Et hier, nous avons touché le fond sur Europe 1 puisque le lanceur d'alerte historique du PS, Julien Dray, est venu débiter les mêmes sornettes "on a besoin de la gauche radicale, comme de la gauche réformiste". Il est sérieux là ? Si la formule peut s'entendre dans l'absolu, comme la référence historique à la synthèse mitterrandienne, je voudrais demander en retour au camarade Dray : quelle réforme radicale a été adoptée depuis 3 ans ? Et c'est bien là le problème. Cherchez. Cherchez encore, vous n'en trouverez aucune. Même le mariage pour tous a été raboté au minimum memorandum. Comme à chaque fois le PS hurle "promis, ça n'ira pas plus loin", comme il l'avait fait avec le PACS qui "promis n'ouvrira pas le droit au mariage". Faudrait pas aller jusqu'à affirmer une vision de société... 

Soyons un peu sérieux : les impôts augmentent pour les ménages et baissent pour les entreprise (cf ici). C'est de gauche, ça ? Pire, pour la 1ere fois depuis plus de 50 ans, l'Etat supprime les subventions à la constructions de logements sociaux et très sociaux. Désormais, les bailleurs sociaux devront compter sur leur propre trésorerie pour financer les futurs HLM. De gauche ça ? Même réformiste, même honteuse, même minimaliste, toutes ces réformes sont injustifiables pour quiquonque est, ne serait-ce qu'authentiquement progressiste... C'est cette réalité que le PS ne veut pas voir, par opportunisme : parce qu'avec la scission chez EELV et des mercenaires comme Placé ou de Rugy, les écolos se retrouvent sans moyens de pressions, sans moyens d'oppositions. Avec la rupture consommée entre Pierre Laurent et Mélenchon, les choses avancent de la même manière du côté des communistes. Et le PS se réjouit de ce champ de cendres, qu'il a lui même crée en agitant frénétiquement la possibilité d'un hochet ministériel qui en fait baver certains. Dès lors, certain d'être hégémonique et de représenter l'incarnation unique de la gauche pour le pays, le PS avance sans réfléchir à ce qu'il est, à la bataille des idées, au projet de société. Nous n'en sommes pas encore au niveau d'exaspération du Guatemala qui a porté en tête de l'élection présidentielle un comique, cas vu récemment à nos portes avec Beppe Grillo. Chez nous, c'est Marine le Pen qui tire profit de cette mort cérébral de la gauche. Et c'est nettement moins drôle.