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11/02/2017

Royaume pourri & Danemark, edit 2017

hamlet-Sir-Laurence-Olivier.jpgHamlet, ressors ton crâne, le pourrissement est de retour et c'est à nouveau au Royaume du Danemark qu'on s'en rend compte ! Ce pays de 5 millions d'habitants célèbre pour son mode de vie favorisant le bonheur, a récemment fait parler de lui avec une drôle de nomination : un ambassadeur auprès des GAFA. Le communiqué accompagnant la nomination nous informe que Google, Apple, Facebook et Amazon doivent être considérées comme des nations et qu'il faut donc entretenir des relations diplomatiques avec elles.

D'un strict point de vue arithmétique, c'est imparable. Et ça n'est d'ailleurs pas neuf. En l'an 2000, la liste des 100 fortunes mondiales comprenait 51 entreprises pour 49 pays. Je ne sais où en est ce classement, mais nul doute que la part des entreprises, voire des individus, a encore augmenté au détriment des nations... D'où la question sous-jacente : faut-il s'arrêter aux GAFA ? Quid de Microsoft qui veut coloniser les systèmes scolaires à commencer par le nôtre. d'AirbNb qui entend exploiter nos canapés pour le plus grand confort de ces actionnaires, d'Uber qui contourne les législations pour faire revivre Germinal. Quid de Zaza et H&M, emblèmes de la mode rapide qui détruit les ressources naturelles et exploitent la planète ? Et encore, si l'on regarde la surface financière, pourquoi s'emmerder à avoir un ambassadeur pour des confettis pécuniaires comme Haïti alors qu'on peut avoir un ambassadeur auprès de Bill Gates ? Faut pas se gêner... Nous pourrions nous mêmes nous en inspirer en créant un poste d'ambassadeur auprès de Bernard Arnault. François Ruffin serait à mon avis le plus qualifié, mais il n'est pas dit qu'on lui accorde le job. Car c'est bien là le problème : on veut être diplomates avec les GAFA. 

C'est là l'ennui, d'un strict point de vue arithmétique et pragmatique, cette décision danoise peut s'entendre. Mais elle doit aussi nous révolter. Enfin, elle devrait. Quand Trump propose de rendre l'Amérique à nouveau grande, qu'il commence par ça (voeu pieu) : cesser d'être diplomate avec ceux qui ne le sont pas. On parle souvent de réciprocité commerciale pour évoquer l'impérieux besoin d'harmoniser taxes entrantes et sortantes. Quid de la réciprocité relationnelle ? Face à des entreprises qui s'enrichissent de façon frauduleuse, contournent les fiscalités locales, mais aussi les droits du travail locaux, les droits immobilier locaux, etc ? On serait fondé à se fâcher... 

La seule ambassadrice qu'on devrait nommer à ce poste est bien une danoise, mais elle s'appelle Margrethe Vestager et c'est elle qui poursuit Apple pour réclamer les 12 milliards qu'ils doivent aux irlandais. Si l'Europe veut qu'on croit toujours en elle, qu'elle fracasse les sièges sociaux des Molochs plutôt que de laisser toujours les seules villes se débrouiller avec Uber ou AirbnB. Voilà qui serait moins pourri. Mais pour cela, il faut oublier les bonnes manières et les Ferrero de la Diplomatie pour se rappeler que l'Etat a le monopole de la violence légitime et qu'en l'espèce, la légitimité intime d'agir pour les peuples contre les trusts 2.0.