07/06/2017
Post élection, électeurs tristes
Dans 4 jours la France devrait être en ébullition avec 577 élections, mais force est de constater que tout le monde -fors les candidats et à la rigueur leurs équipes- s'en fout. Au fond, c'était prévisible : la dernière campagne présidentielle, incertaine comme jamais, a mobilisé tout le monde pendant six mois. Soirées électorales, débats à 5, à 11, puis le fameux débat de l'entre deux tours. Emissions spéciales, émissions inédites, et quelques soirées commentant les débats, décortiquant les stratégies et autres manoeuvres, la France n'a pas débandé politiquement pendant six mois. Une performance étonnante, mais qui forcément, appelle au repos. Pour notre bien-être collectif, il n'était pas possible et surtout pas souhaitable de continuer à s'écharper pendant encore quelques semaines.
Peu à peu, les nouvelles politiques sont passées au deuxième puis au troisième plan des journaux qui préféraient parler du festival de Cannes, des destinations des français pendant les ponts de mai et maintenant, de Roland-Garros. Ceci, pour le plus grand soulagement de Richard Ferrand dont les affaires sont largement aussi blâmables que celles de François Fillon et largement plus documentées, mais qui bénéficie de notre mansuétude collective par épuisement. Dans les matinales radio, les ministres invités n'ont pas à donner leur avis sur le comportement de leur collègue. Castaner hier, Pénicaud ce matin, depuis 8 jours, plus une question sur le sujet : impensable du temps du Pénelopegate.
Idem pour les dérapages homophobes de quelques candidats LREM, idem aussi pour l'infâme sortie du président Macron sur le sort des malheureux commoriens. Se moquer ainsi du malheur du monde, de la mort qui touche en mer ceux qui tentent de rallier Mayotte est immonde. Le président le sait, il s'est excusé et pas une question derrière. Fillon eut sorti cela pendant la campagne, il eut été cloué au pilori. Le Pen ? On aurait dit que le patronyme est éternel et que bon sang aryen ne saurait mentir. Macron ? On s'en fout. Trop tard. Bref, la Baraka de Macron continue et tout ce qui pourrait nuire au mouvement s'efface comme par enchantement.
Résultat ? Les sondages donnent un ras de marée pour dimanche 18 juin. Plus de 400 députés pour LREM. Plus de 66% soit le score du deuxième tour de Macron... Du aux 3/4 à un rejet de le Pen et non une adhésion au messie marcheur : le piège institutionnel se referme sur nous. Méfions nous des projections, évidemment : en 2002, la majorité présidentielle UMP totalisait 43,38% en national pour 398 sièges. Avec un score équivalent (42,9%), la majorité autour du PS et d'EELV en 2012 n'en obtenait "que" 331 députés. 67 députés d'écart avec le même score national, ce, car nombre d'élections locales se jouent à 2% près et peuvent basculer, ou non. Dans le contexte de 2017, l'écrasante majorité de ces basculements risquent de se jouer du côté d'En Marche : les militants FN sont écoeurés par le résultat du second tour et minés par les dissensions. Partout, ils brillent par leur absence et leur refus de faire campagne. Ceux de LR ne savent plus s'ils font campagne avec ou contre Macron, idem pour tant de militants du PS. Quand à la France Insoumise, la vague de la présidentielle s'est brisée sur la statue du commandeur Mélenchon et les dissensions et candidatures ennemies entre FI, Front de Gauche et PCF rendent chimérique l'espoir d'un groupe conséquent. Là encore, tout concorde pour que la dynamique profite à En Marche, seule mouvement à bénéficié de militants toujours hyper motivés, ne lâchant rien, tractant et cravachant malgré la fatigue car la perspective du triomphe est le meilleur des euphorisants.
Il ne s'agit pas de bouder où d'être mauvais joueur : Macron l'a emporté et il est logique qu'il ait une majorité pour pouvoir gouverner, sinon c'est le bordel. Il mérite une majorité relative, bien sûr, mais pas le boulevard qui s'ouvre devant lui. D'où les nombreuses propositions énoncées depuis des décennies pour mettre les législatives en proportionnelle intégrale avec une forte prime au parti arrivé en tête afin qu'il puisse gouverner. Mais encore une fois, Macron aurait pu être éliminé au 1er tour, cela s'est joué à quelques centaines de milliers de voix et il risque d'avoir plus des 2/3 de l'assemblée. Les forces anti libérales, anti loi travail qui vient étaient, si ce n'est majoritaire, du moins équivalent à la moitié des voix. Elles n'auront pas cent députés, peut être pas 50...
En 2012, Hollande avait promis de réformer nos institutions et force est de constater que cette promesse a connu le même sort que le vote des étrangers. Soyons justes, il a amorcé la fin du cumul des mandats, mesure accélérée par la loi Bayrou sur la moralisation de la vie publique. Mais les 10% de proportionnelle intégrale, le redécoupage avec diminution du nombre de parlementaires, tout cela a fait long feu. Car arrivé au pouvoir en 2012 en battant Sarkozy de peu, Hollande avait trouvé des postes à 331 de ses petits camarades, lesquels ne pensaient alors plus follement qu'à leur réelection. Nous avons donc conservé pendant 5 ans de trop des institutions déconnectées de toute représentativité.
Dimanche dernier, on a connu les premiers résultats, ceux des français de l'étranger, ils confirment tout cela. Macron devait faire un quasi grand chelem avec 11 députés sur 12... Mais avec 20% de participation. Au niveau national, tout pousse à croire que nous aurons 50% d'abstention et que tout le monde s'en fout. Bayrou, notre nouveau ministre de la justice écrit depuis des décennies que la vie politique n'est plus pensable sans repenser de fond en comble les institutions pour qu'elles reflètent la démocratie. Le fera-t-il maintenant que les réformes en question amoindriront les pouvoirs de la majorité En Marche ? La réponse me semble dans la question, hélas.
09:24 | Lien permanent | Commentaires (16)
Commentaires
" bon sang aryen ne saurait mentir."
Arien bon à rien !
Au moins deux précédents dans le genre : Hitler , brun et pas bien grand ; Goebbels , gnome difforme ; les grands SS blonds en riaient ( sous cape) en trucidant les Juifs .
Écrit par : ... Ravachol .... | 07/06/2017
"Le Pen ? On aurait dit que le patronyme est éternel "
Ne pas plaisanter sur les patronymes : il existe un Le Pen très respectable , scientifique de haut niveau , discret dans les medias , sans le moindre lien avec la famille honnie ...
Écrit par : ... Saint-Thèse .... | 07/06/2017
"les militants FN sont écoeurés par le résultat du second tour et minés par les dissensions"
Et peut-être surtout par la minable prestation de la cheftaine lors de son débat avec Macron
Écrit par : ... Léo .... | 07/06/2017
"Quand à la France Insoumise, la vague de la présidentielle s'est brisée sur la statue du commandeur Mélenchon "
Les " insoumis" sont perturbés par les propos délirants de leur champion et en viennent à douter de son équilibre mental ...
Écrit par : ... JC Jaurras .... | 07/06/2017
" quand à la France insoumise "
---quant conviendrait mieuc
" seule mouvement à bénéficié "
---seul et bénéficier conviendraient mieux
"Les forces anti libérales, anti loi travail qui vient étaient, si ce n'est majoritaire "
--majoritaireS !
Écrit par : ... Pépé Castor .... | 07/06/2017
. "Bref, la Baraka de Macron continue "
On ne peut exclure que Macron ait tout de même quelques qualités : la " baraka" se prépare , se mérite , et quand elle est là , il faut savoir s'en servir
Écrit par : ... Lysistrata .... | 07/06/2017
La longue plainte du gauchiste déçu ; aucune esquisse d'autocritique ; la réussite de Macron s'explique par la chance , les institutions de la 5 ème République , la météo ..
Écrit par : ... Barbara .. | 07/06/2017
in fine , un vibrant appel à Bayrou ; Castor nous surprendra toujours ...
Écrit par : ... Séraphita .. | 07/06/2017
"Pour notre bien-être collectif, il n'était pas possible et surtout pas souhaitable de continuer à s'écharper pendant encore quelques semaines."
" s'écharper" : Castor ne s'en est pas privé ...
Écrit par : ... Euphémie .. | 07/06/2017
"On ne peut exclure que Macron ait tout de même quelques qualités : la " baraka" se prépare , se mérite , et quand elle est là , il faut savoir s'en servir"
Vous avez mille fois raison , chère Lysistrata ; devant choisir entre plusieurs généraux de valeur égale , pour une promotion , Napoléon retint celui qui avait le plus de chance ...
Écrit par : ... J Mentor .... | 07/06/2017
Les " insoumis" sont perturbés par les propos délirants de leur champion et en viennent à douter de son équilibre mental " ( JC Jaurras )
Ses amis les plus proches se font du souci : il cogne comme un sourd , n'écoute personne , a des visions ...
Un cas qui fait penser à Staline en fin de parcours et , plus près de nous , à Chavez
Écrit par : ... Anna-Lisa .... | 07/06/2017
"Les sondages donnent un ras de marée pour dimanche 18 juin". écrit Castor .
Quel symbole ! un de plus ...
Mélenchon qui aime singer les grands hommes , ne manquera pas , au soir de la défaite , de lancer un Appel à la " résistance"
Écrit par : ... Lorraine .... | 07/06/2017
L' " Appel " de Mélenchon : " La France insoumise a perdu une bataille ..." etc .
Son patron Mitterrand n'avait pas entendu celui du 18 juin 40 et n'est entré en résistance qu' après mûre réflexion ; un gars prudent ...
Écrit par : ... 20 100 .... | 07/06/2017
Dans les discours de Mélenchon , des accents qui rappellent l'époque de la Révolution Nationale un temps chère à " son patron" Mitterrand ...
Écrit par : ... JC Jaurras | 08/06/2017
A défaut de disposer d'un groupe à l'assemblée les frontistes et les insoumis pourraient conclure un mariage ou un Pacs à l'essai sous l'appellation "Révolution Nationale" ...
Révolution : Mélenchon; " Nationale" : Marine .
" National Socialisme" serait un peu trop voyant ...
Écrit par : ... Chiquita | 10/06/2017
Un groupe consensuel avec présidence tournante ...
Écrit par : ... Saint -Thèse .... | 10/06/2017
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