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04/06/2018

Ecologie et libéralisme : la fin de la pensée magique ?

La réception de la loi EGA sur l'agriculture et l'alimentation a de quoi laisser pantois. Il fallait, sans rire, entendre des éditorialistes et autres experts massés sur les plateaux avant le vote de la loi pour parler du cas Hulot et dire des choses comme "pendant la campagne, Macron a été très clair sur l'économie, mais on ne sait pas vraiment ce en quoi il croit sur l'écologie". A force, on va tous finir en Vénus de Milo, mais c'est vrai que les bras vous en tombent devant tant de naïveté... Comment tous ces brillants cerveaux peuvent ils croire qu'on peut à la fois essayer d'obtenir les prix les moins chers possibles avec une surproduction forcenée, ne vouloir aucune entrave règlementaire, sanitaire, et en même temps (...) mener une politique écologique ? Si ça n'était si dramatique, on rigolerait de la naïveté de ces commentateurs, mais c'est dramatique. 

Macron croit au libre échange, point barre. Au nom de cette doctrine écocidaire, il arrive à arranger sa conscience avec l'installation près de Marseille d'une usine qui produira annuellement 300 000 tonnes d'huile de palme pour le compte de Total. Mieux, il a réussi à faire dire à Nicolas Hulot "dans l'intitulé de mon portefeuille ministériel, il y a "solidaire" et je n'oublie pas les emplois à la clé". T'as raison, au nom de la même logique, on n'a qu'à autoriser le gaz de schiste, et pourquoi pas demander à quelques centaines de personnes d'enfouir les déchets nucléaires dans la Creuse... Désespérant. Ca n'est qu'au nom de cette absence d'entrave qu'on arrive à prendre des lois barbares. Quand on interroge les députés sur le fait qu'on pourra continuer à broyer des poussins ou éviscérer des porcs, il ne faut pas se tromper de combat : quand il vote pour, ça n'est pas par goût pour la souffrance animale, juste par l'agro business leur demande de continuer ces pratiques qui permettent d'aller plus vite pour décimer et produire... Il n'y a pas d'autre logique, pas d'éthique cachée. 

De même pour le glyphosate, ça n'est pas goût pour l'empoisonnement des masses, mais juste parce que cet herbicide dégueulasse va plus vite pour de grandes surfaces. Tous les agriculteurs qui y ont recours disaient d'ailleurs "si on veut l'interdire, faut nous aider parce que sans ça on ne s'en sortira pas sur nos terres". Et ainsi de suite, ad nauseam. Là, les députés LREM vont défoncer la loi littoral, un texte fondateur sur la protection que ni Chirac ni Sarkozy n'ont osé remettre en cause, mais que ces idéologues du marchés vont défoncer pour permettre aux géants du BTP de bétonner les rivages corses, bretons, basques et ainsi de suite... Qu'on ne s'étonne pas s'il y a des chantiers plastiqués, ça s'appelle la violence légitime et les origines de ladite violence sont à chercher au Palais Bourbon.

La semaine dernière, le héros de Macron, Justin je fais du surf du yoga et de la boxe Trudeau, est allé plus loin qu'aucun autre en rachetant 4,5 milliards à Kinder Morgan l'exploitation d'un gisement de pétrole dégueulasse... Il a nationalisé l'écocide sous les yeux médusés des conservateurs classiques (Stephen Harper est enfoncé) sans parler des écologistes qui n'ont plus qu'à pleurer...  Chez Trudeau, comme chez Macron, la réponse à leurs actes coupables pour la planète est toujours la même "on ne peut pas tout changer du jour au lendemain". Un sophisme inacceptable. Si on ne peut pas sortir du nucléaire demain quand 80% de notre production énergétique, on peut arrêter de construire des centrales (Macron en promet une toute dernière avant la fin du quinquennat), ne pas renouveler leur concession, accélérer leur fermeture avec le seul en même temps qui vaille : mettre le paquet sur les renouvelables. C'est intolérable de voir tant de pays montrer que la volontarisme suffit : au Chili, au Portugal, la révolution énergétique s'est accomplie à un niveau national en moins de 5 ans et nous sommes immobiles pour préserver quelques intérêts privés. Idem pour l'agriculture, on ne sera pas autosuffisant demain, mais on peut d'une décision cesser de faire l'apologie de la malbouffe au lieu de se coucher devant les annonceurs qui ont obtenu sans problème l'interdiction du Nutriscore à la TV (le fait d'afficher la dangerosité des aliments dans les pubs). Si la génération à venir pouvait nous intenter un procès en irresponsabilité générale et requerrait des peines lourdes, elle aurait tout à fait raison. Y a des baffes et des révolutions agraires qui se perdent...