15/06/2020
Relève la tête, autruche, tout le monde a vu
Facebook m'a proposé ce souvenir vieux d'il y a 7 ans. À l'époque, les débats venimeux sur l'adoption par les couples homos enflammaient le pays et la journaliste nous avait demandé à quel point il avait été dur d'être reconnus comme frères sans la même couleur de peau. L'actualité me rappelle cruellement que les seuls qui nous réservaient un traitement différencié pour cette raison étaient les officiers de la maréchaussée du quartier huppé où nous grandîmes. Mon frangin se faisant systématiquement contrôler (y compris à l'entrée de l'école où il travaillait comme animateur et qui était gardée par des CRS car le petit fils Chirac y était élève) et moi jamais ô grand jamais (même quand je volais des bouteilles d'alcool planquées dans le faux fond du caddie que j'avais lacéré au cutter et j'avais plaidé l'étourderie en me faisant gauler une fois, ce qui passa crème).
Un cas ne fait pas système. Je ne peux pas déduire à l'aune de cet exemple qu'il y a du racisme systémique et de la discrimination des pandores. Mais un élargissement au gigantesque réseau amical de mon frangin était éloquent, dans ses amitiés Benetton, seuls les non blancs étaient contrôlés alors qu'ils faisaient tous des petites conneries. Toujours pas système, évidemment. Mais des faits, mis bouts à bouts, accumulés de plus en plus pendant l'adolescence et l'entrée dans l'âge adulte, les moments où les contacts avec les pandores sont les plus fréquents.
Nul besoin d'ouvrir le débat sur les statistiques ethniques pour savoir qu'il y a bel et bien un problème de racisme endémique chez les forces de l'ordre. Le Défenseur des Droits le dit, le Conseil de l'Europe le dit, les observateurs extérieurs le disent, les journalistes qui étudient les violences policières, le disent, l'écrivent. Il faut l'assumer, Macron aurait dû l'assumer, le déplorer, hier. Les statistiques ethniques existent aux États-Unis et la situation y est bien pire que chez nous, de façon incomparable en termes de morts, d'arrestations et d'emprisonnement arbitraires. Se doter de statistiques ethniques n'est évidemment pas la panacée. Pour autant, se réfugier derrière l'idéal républicain aveugle aux différences, c'est incendiaire. Oui, Despentes, s'est trompée, il y eut des ministres noirs. Mais franchement, les non blancs sont-ils représentés dans les gouvernements, les Assemblées, les mairies, à la hauteur de ce qu'ils pèsent démographiquement dans le pays ? Évidemment, non. Dans les grandes boîtes non plus, les campagnes de testing, de name and shame et autres rappellent bien que les discriminations ne sont pas une lubbie de "séparatistes universitaires qui veulent diviser le pays". Il a bon dos, l'universalisme républicain, quand il sert à maquiller que certains sont beaucoup plus égaux que d'autres de naissance... Le temps est venu (ha ha) de citer Gambetta : "Faire des lois, c'est, pour le camp progressiste, créer les conditions de l'égalité, ce qui suppose d'effacer les inégalités qui existent et d'introduire des contraintes pour créer de l'égalité quand la société résiste. Produire des égaux suppose l'instauration de règles contraignantes". En l'espèce, le corps policier plus que la société résiste et le corps politique qui en a bien besoin pour encadrer les mouvements sociaux, ne l'a pas lâché, n'a pas édicté de règles contraignantes et a renoncé à produire des égaux face aux forces policières...
Relève la tête, autruche, tout le monde a vu. Ton ultime feinte est pire encore. Pour ne pas reconnaître le racisme endémique, tu opposes les manifestants aux forces de l'ordre en nous sommant de choisir. Au motif qu'un crétin (une crétine ?) a hurlé "sale juif" à six reprises lors de la manif de samedi, on déballe des tribunes sur l'antisémitisme latent des nouveaux antiracistes. Assia Traoré, en direct, sans sourciller, a condamné ce cri en disant qu'il n'avait rien à faire ici. Fermez le ban.
On nous opposera quoi encore ? Que les victimes de violences policières ne sont pas des enfants de choeur ? Il y a évidemment dans le lot des délinquants qui se sont défendus de manière hyper vive pour échapper à une incarcération, qui se sont débattus, battus, avec des objets dangereux, pouvant tuer. Évidemment. Mais outre que la loi du Talion n'est en théorie pas prévue dans la Constitution de la République, les garants de l'ordre ne peuvent répliquer par le désordre. Pas en ripostant à un coup de batte par un "tu montes dans ma voiture banalisée, mon chéri ?", mais pas à coups de taser et de LBD systématique. Faut-il rappeler les éborgnés, les estropiés, de manifestants perdus dans la foule ? La mort de Cédric Chouviat qui s'énervait simplement et ne menaçait personne ? La riposte juste ne peut jamais être une riposte létale. Qu'Adama Traoré fut un dangereux délinquant ou pas, rien ne justifiera jamais une mort par interpellation. Rien. Fermez le ban, bis.
Enfin, les auteurs de violences contre les policiers ne sont pas protégés. La prose d'extrême droite est récupérée par un arc croissant de responsables politiques, allant d'Eric Ciotti à Manuel Valls voulant créer des lois de circonstances pour demander la réclusion criminelle à perpétuité pour ceux qui auraient tenté de tuer un flic. On se sert de l'émotion liés aux attentats pour faire passer des messages et des textes loin d'une réalité quotidienne dangereuse, certes, mais pas celle là. A contrario, allo IGPN de David Dufresne montre méticuleusement toutes les stratégies dilatoires employées par l'IGPN comme le parquet pour blanchir les flics : 3 plaintes suivies de condamnation sur 65 enquêtes pour violences... Si ça c'est pas de l'autruche...
21:06 | Lien permanent | Commentaires (6)
Commentaires
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Depuis que tout le monde ou presque porte le masque , le contrôle au faciès est devenu malaisé voire impossible .
Cela explique que les services de renseignement n'ont pu identifier à temps les tchétchènes en route pour Dijon .
Écrit par : Javert | 17/06/2020
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-----Les touaregs du Sahara n'ont pas attendu le confinement pour se couvrir le visage d'un voile , d'un beau bleu (d'où l'appellation " hommes bleus " )
De vaillants et nobles guerriers , maintenant motorisés et pour une part reconvertis dans la contrebande et le commerce des otages .
Avant la pacification française , ils s'adonnaient au trafic des esclaves , hélas noirs, qu'ils livraient , sur les côtes du Sénégal aux " négriers" du trop fameux "commerce triangulaire" .
Il leur arrive encore d'en exporter vers les pays du Golfe , friands de cette main-d'oeuvre à la fois peu coûteuse et docile .
Rappel : le Père de Foucauld ,l'ermite du Hoggar , est l'auteur du premier dictionnaire franco- touareg , toujours édité avec un supplément intégrant des termes qui prennent en compte l'évolution technologique (l'automobile , la moto , la bicyclette , les armes modernes, les changes )
Écrit par : Général Bol | 17/06/2020
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Un couplet d' " Ils ont des chapeaux ronds " ( hymne breton importé chez les Homme bleus par l'un d'eux , fils spirituel de Charles de Foucauld )
" Au Sahara , les dromadaires
Ont la peau du ventre si tendue
Que pour entr'ouvrir leurs paupières ,
Ils doivent fermer leur trou du cul"
Écrit par : Barbara | 17/06/2020
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"le Père de Foucauld ,l'ermite du Hoggar" (Général Bol )
Le nouvel exécutif algérien , incapable de lutter contre l'expansion galopante de la pandémie et embourbé dans une réforme constitutionnelle improbable ,tente de faire diversion par une bouffée d'hypernationalisme qui n'épargne personne : le Maroc , le "séparatisme " berbère et bien entendu la France ...
Parmi ses décisions les plus symboliques :déboulonner la statue du Père de Foucaud , ensablée dans le désert saharien et pousser la "communauté" algérienne de France à faire la chasse , sur les places , dans les rues et les musées de l'hexagone à tout ce qui évoque la colonisation ; "vaste programme ! " comme le disait de Gaulle commentant le slogan " mort aux cons ! "
fièvre nationaliste
Écrit par : Pied -Noir | 18/06/2020
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" L'as -tu vue , la casquette , la casquette ,
L'as-tu vue , la casquette du Père Bugeaud ? "
Écrit par : Jean-Marie | 18/06/2020
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"c'est nous les Africains
qui revenons de loin
Pour défendre la patrie
nous avons laissé la-bas
Nos parents , nos amis
et nous gardons au cœur
Une invincible ardeur
Car nous voulons porter haut et fier
Le beau drapeau de notre France entière
et si quelqu'un venait à y toucher
nous serions là pour mourir à ses pieds
Pour le pays, pour la Patrie, mourir au loin
C'est nous les Africains."
Écrit par : Ali Bi | 18/06/2020
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