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11/02/2021

Les bousiers de l'info

Le bousier comporte nombre de déclinaisons, près de 5000 scarabées différents physiquement, mais qui se retrouvent dans une même famille en vertu de leur caractéristique principale : pousser une boule de merde pour en faire de l'engrais. En regardant le débat entre Gérald Darmanin et Marine le Pen, débat animé par Léa Salamé et Thomas Sotto, je ne pouvais penser à une comparaison plus adéquate que les bousiers de l'info. 

Après deux heures de débat, un constat s'impose : elles et ils sont tous d'accord. Politiques et commentateurs. Dès lors, la question de la responsabilité de la dramatique dégradation du débat public m'échappe. Comme pour la poule et l'oeuf, difficile de nommer un primo délinquant. Deux heures à parler voile, immigration, insécurité ; "un parti pris assumé" disait Léa Salamé dans un aveu fou d'immondice.

Le pays vit sa pire crise sociale depuis 1945. 2 millions de nouveaux pauvres, un million de chômeurs en plus, le nombre de personnes qui ont faim ayant doublé, des urgences psychologiques qui débordent, comme les trottoirs à cause des expulsé.es... Il y avait tant et tant à dire sur la déréliction de notre pays ce soir. Or, 100% du temps d'antenne donna l'impression que ce qui menaçait notre pays c'était le voile, les "réseaux sociaux" et Trappes. 100%

Si nous étions dans un débat public sérieux, prenant les ordres de grandeur financiers en compte, tout le monde ne parlerait que des Open Lux révélés par le Monde cette semaine. 15 000 français présents dans un paradis fiscal et non des moindres : des sportifs de renom, la première fortune de France (Bernard Arnault est retrouvé dans 31 holdings), son ennemi juré Pinault et son empire Kering y sont plus que présents et l'ineffable, Xavier Niel. Des milliards qui échappent au fisc en se réfugiant à quelques encablures de nos propres frontières…

Les milliards qui manquent à nos hôpitaux pour avoir des lits, du personnel décemment payé, du matériel, ils sont là. Il y en a tant qu’on pourrait même sauver l’École, qui est bien plus menacée par le ras le bol des profs dont les conditions de travail et la rémunération ne cessent de dégringoler (en même temps que notre rang dans le classement PISA) que par le supposé séparatisme. Nous avons les moyens de nos ambitions publiques et ils sont sous notre nez, mais nous parlons du voile islamique ou des biceps de notre ministre de la santé. Nous subissons les bousiers de l'info, pas étonnant que cela se retrouve dans les urnes. 

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