27/10/2021
Arrêter l'immigration, le vrai suicide français.
Ce matin sur Inter, Alexandra Bensaïd recevait Nathalie Arthaud (une vraie invitée de gauche traitée dignement quand Salamé est en vacances, hasard ou coïncidence, mon coeur balance) et à la question Zemmourienne sur "les immigrés sont ils bien intégrés à la société française ?" elle a répondu avec aplomb : "ils sont parfaitement à l'exploitation au travail, puisque ce sont eux qui font tourner le pays". Et effectivement, du nettoyage matutinal des bureaux à la livraison logistique des magasins en passant par l'hôtellerie restauration pour cadres, le BTP et l'accompagnement des plus fragiles et des plus âgés, on retrouve nombre de non descendants directs des gaulois. Combien ? Il n'y a pas de stats ethniques en France diront les cuistres. Qui n'a jamais pris le premier RER et vu descendre à la Défense ou sur la ligne B une armée de gens en blouse, prêt à nettoyer quand nous prolongions jusqu'à l'aéroport. Nous avons bien vu. Et nous avons vu dans les autres secteurs cités, pas besoin de faire le chichiteux.
Malgré cette évidence que personne d'autre ne prendrait ces boulots, Zemmour, Le Pen, mais aussi Barnier, Bertrand, Pécresse et Ciotti font campagne sur l'immigration zéro voire le renvoi de populations dans des improbables chez eux, puisque c'est évidemment ici, chez eux. Outre que leurs propos sont inhumains, ils sont un boulevard pour bloquer le pays complètement. Littéralement. Ces gens là lisent ils des reportages sur la situation en Angleterre, où les camions ne roulent plus faute de chauffeurs, où les stations essence ferment faute de pompistes, où les chantiers accumulent le retard faut de main d'oeuvre, où les Uber battent des records d'attente, les supermarchés non livrés et non achalandés pour les mêmes raisons ?
Depuis que Le Pen père faisait campagne il y a 30 ans sur le thème ignoble de "3 millions de chômeurs, 3 millions d'immigrés" l'immigration n'a pas cessé et bizarrement, nous n'avons pas 10 millions de chômeurs... Arthaud a raison, c'est l'exploitation du capital qu'il faut expulser, pas celles et ceux qui la subissent et nous permette de vivre dans le confort.
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24/10/2021
Alerte enlèvement : le volontarisme fiscal
La campagne avance et le temps des promesses de la part des candidat.es appelle, fatalement, la question du financement par les journalistes. Zemmour et Le Pen ont leur équation magique : moins d'immigrés = plus de services publics et de moyens pour tous. LR comme Macron ont une martingale plus proche de : baisser les impôts et enlever tout le superflu de la fonction publique (sans jamais nommer précisément les postes, évidemment) mais jamais ô grand jamais les intervieweur.euses ne lancent les impétrant.es sur l'opportunité de récupérer les 80 à 100 milliards annuels qui nous manquent au motif qu'ils dorment dans des paradis fiscaux....
Bien sûr, toutes et tous ne sont pas aussi ahuris, l'eurodéputée insoumise Manon Aubry ne cesse de faire campagne sur ce thème depuis des mois avec ses t-shirts "taxer les riches" arborés de Bruxelles à Paris. EELV a repris les combats victorieux en la matière de leur ancienne cheffe de file, Eva Joly, mais hormis cela, quelle morne plaine... Ce midi, la radio m'a donné à écouter Olivier Faure et il ne fait même plus semblant de faire campagne à gauche comme le PS le faisait naguère avant de gouverner au centre. Ce temps est révolu. Quand on lui demande comment il financera son ambitieux plan de développement écologique, la lutte contre la fraude n'apparaît pas. Il marmonne sans trop y croire une espèce "d'ISF climat" éhontément pompé à Jadot pour essayer de se verdir, mais pas un mot sur la fraude. Deux semaines après la publication des Pandora Papers montrait les niveaux d'ignominie atteints par la fraude fiscale, perpétrée par des politiques (dont DSK, ancien socialiste...) pas même le réflexe d'en parler. Lamentable.
Trop d'expert.es invité.es en plateau se cachent derrière la "complexité de lutter contre la fraude et l'impérieuse nécessité d'avoir ce débat au niveau mondial. Inepte. La discussion mondiale a abouti à une taxation à 15%, soit peu ou prou le taux employé par un paradis fiscal légal comme l'Irlande. En dessous de 40%, on fait de la broderie... Il n'a jamais été aussi simple de lutter contre la fraude fiscale. La comptabilité est connue comme jamais, moins de moins en d'espèces en circulation, et de plus en plus de paiement en ligne, donc datés et géo localisées instantanément. Avec un peu de volonté, et certaines villes, certains états le font, on peut savoir précisément le chiffre d'affaires de n'importe quel boîte, réalisé sur quel territoire et appliquer une fiscalité afférente. Avant le Covid, alors qu'ils étaient florissants, Airbnb payait moins de 100 000 euros par en France, nous privant de plusieurs dizaines de millions d'euros pour nos hôpitaux, nos écoles, et nos transports collectifs. Pas besoin de l'aval de l'OCDE ou même de Bruxelles pour suspendre le CICE et toute aide publique à des entreprises fraudeuses, on peut taper très fortement au portefeuille tout seul demain. C'est uniquement une affaire de volonté et celle-ci est honteusement aux abonnés absents au moment où cela urge le plus.
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13/10/2021
Banalisation de l'emploi du pluriel pour extrémismes
Ce matin, je suis tombé incidemment sur une interview de Christophe Barbier pour son nouveau média, Franc Tireur, dont le but est de "faire triompher la raison contre les extrémismes" et Barbier d'enchaîner "nous sommes en lutte, contre Marine Le Pen, contre Mélenchon, contre Zemmour, contre Sandrine Rousseau"...
Ça n'est à la fois pas neuf et différent. Jadis, Alain Minc et Hubert Védrine parlaient déjà du "cercle de la raison" pour désigner des propos politiquement acceptables, allant de la droite de la gauche à la droite tout court. Nombre de débats n'accueillaient que des personnalités issues de ces pôles, "L'esprit public" version Philippe Meyer sur France Culture en étant l'incarnation la plus absolue. Mais même chez eux, on distinguait les choses. On parlait des dérives insupportables de l'extrême-droite en des termes accablants, rappelant le danger qu'ils font peser pour la démocratie, la justice, la liberté d'expression, l'inégalité de traitement pour des millions de personnes... Alors, l'extrême-gauche, c'était la LCR et LO et on ne les disqualifiait pas plus que "ils sont un peu utopistes, ça ne marchera jamais, mais qui peut être contre le partage et la justice ?". Vision évidemment biaisée, mais à tout prendre aujourd'hui, je la prendrai volontiers.
Les propos de Barbier n'ont rien d'anodin, ils sont repris de plus en plus largement par des éditocrates et des ir-responsables politiques qui mettent dos à dos l'extrême droite la plus folle (Zemmour et sa remigration) avec Sandrine Rousseau. A propos de cette dernière, on voit à quel point la forme l'emporte sur le fond. A lire les propositions de Zemmour et Le Pen, on se pince, on hurle et on s'indigne. A contrario, la radicale de la primaire c'était Delphine Batho avec une décroissance forte. Mais Rousseau ? Sur le ton, elle parlait dru et exprimait une salutaire colère contre un ordre dominant, mais où était les mesures "radicales" ? La réduction du temps de travail, OK, mais il n'y avait pas de Guantanamo pour les maris violents, faut arrêter la fantasmagorie...
J'espère que ceux qui sont taxés "d'extrémistes" parviendront à se sortir de cette pince de crabe, précisément, avec les armes de la raison, que revendiquent Barbier. Le programme de Mélenchon, aujourd'hui, serait jugé "social traître" par l'alliance socialo-communiste de 1981 : c'est l'explosion des inégalités et de la précarité, le recul des services publics et de la biodiversité qui furent radicales, depuis quatre décennies. Espérons qu'on puisse remettre la charrue programmatique avant les boeufs de commentateurs.
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