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23/12/2021

Le second tour, véritable aiguillon de la droitisation du pays

Alors que la victoire de Boric a redonné une certaine dose de grinta aux thuriféraires de gauche, peu de gens commentent la question de la dynamique entre deux tours, puisque c'est le point commun entre ces deux présidentielles. Au premier tour, Boric était resté pur et dur sur sa ligne et n'avait pas fait le plein de voix d'une gauche éparpillée. Alors, il avait fait les concessions nécessaires lors de l'entre deux tours (notamment un mea culpa sur le bilan tiédasse de Michelle Bachelet pour s'assurer les voix des centristes) et avait fait du "tout sauf Kast" sa boussole. Face à un avocat ultra libéral qui concédait une certaine nostalgie pour Pinochet, il pliait le game avec la manière, à 56%. 

Imaginons que les rêves les plus fous d'union de la gôôôche se produise et que, dans un élan miraculeux plus fou encore, l'addition parfaite des voix de gauche se fasse. Hop, la voilà au second tour. Et bien quel que soit l'heureux lauréat (Mélenchon, Jadot ou, soyons magnanimes, Taubira) ielle aurait au second tour les mêmes chances de succès qu'un agneau face à une meute de loup dans un enclos hermétiquement fermé. Et ça, ça fait mesurer l'ampleur de la dégringolade.

En 2017, laminée par cinq années de sociales et écolos trahisons du quinquennat Hollande, la gauche suffoquait. Ça n'empêchait pas Mélenchon de faire 20% sur une ligne au dessus de tout soupçons de compromissions. S'il était passé (je ne pas refaire le film pour la 1000ème fois, mais il était à 600 000 voix du second tour, ce dont rêverait toustes les candidat.es de gauche aujourd'hui), il perdait lourdement contre Macron, mais faisait bonne figure contre Fillon et pouvait prétendre à battre Le Pen. Il y avait doute donc je maintiens évidemment le conditionnel, mais il pouvait la battre. Qui voit encore Mélenchon battre Macron, Pécresse ou Le Pen aujourd'hui ? (Je mets l'autre taré de Zemmour de côté, persuadé que son trumpisme sans bi partisme ne trouvera pas son public. Trump donnait envie aux pauvres d'être milliardaires, les ouvriers et chômeurs ne rêvent pas d'être essayiste...). Personne. Et face à ce trio, Taubira serait balayée encore plus salement. Le niveau de rejet que suscite ces personnalités, c'est triste mais c'est ainsi, est le bon aiguillon de la droitisation du pays. Lors de ce quinquennat, folie insuffisamment commentée, Mélenchon est devenu la personnalité politique la plus détestée du pays, strapontin détenu par les le Pen père et fille depuis des décennies, c'est dire...

Alors les plus optimistes ont vu que je n'ai pas mis Jadot dans la liste. Il faut incarner pour être honni. Il n'imprime rien, raison pour laquelle je crois évidemment impensable qu'il fédère un électorat en colère social et écologique. Mais si on veut jouer jusqu'au bout, il serait évidemment humilié par Macron et Pécresse. Peut être arriverait-il à limiter Le Pen tant les centristes, les démocrates mous irait voter pour le champion vert pâle. Tu parles d'un bilan... 

Au fond, la gauche française ressemble au tennismen tricolores : ils se poussent du col à l'idée que, s'ils n'ont pas de pépins, que tout est bien aligné et qu'ils jouent le tennis de leur vie, ils pourraient aller en 1/8e voir en 1/4. Mais plus personne ne joue la gagne. On peut penser ce qu'on veut de Mélenchon, mais en 2017, il n'y allait pas pour faire de la figuration. 

18/12/2021

Impasse sanitaire

Pour qui a eu des parents communistes, la capacité des minorités agissantes à tout bloquer est bien connue. Hélas, le blocage actuel n'est pas celui des centres de décisions d'une économie inhumaine, mais des hôpitaux. Et la minorité n'agit pas avec le courage de la lutte, mais la lâcheté égoïste de la non vaccination... 

Nonobostant 90% de la population adulte vaccinée, on retrouve plus de non vaccinés à l'hôpital et en réanimation que de vaccinées, alors qu'ils sont 9 fois moins nombreux. C'est la fin du débat sur l'efficacité vaccinale. Personne ne dit que le vaccin est parfait, qu'il protège de l'infection ou des formes graves. Personne ne dit qu'on peut se contenter du vaccin et ne pas faire gaffe. Mais toutes les personnes saines d'esprit disent que dans une course de vitesse et dans une embolie dangereuse des hôpitaux et surtout de ses soignant.es, ne pas se vacciner est criminel. Et 10% de non vaccinés suffisent à faire suer, vraiment... Comme l'expliquait parfaitement le virologue Etienne Decroly sur France Culture : "La circulation est majoritaire et surtout la plus forte chez les personnes non vaccinées, comme les enfants. Mais il faut reconnaître que nous avons une déception chez la capacité de la vaccination pour freiner  la circulation. De plus, l'immunité est moins forte qu'attendue d'où le besoin d'une troisième dose. Mais cela ne peut occulter le fait que la majorité des difficultés actuelles tient aux non vaccinés".

On ne compte plus les reportages accablants sur ces irresponsables. Au premier rang desquels, les authentiques crapules qui fournissent ou utilisent les quelques 110 000 faux pass sanitaires actuellement en circulation. Au deuxième rang, ceux qui font la fête et voient du monde sans être vaccinés... Il suffit de voir la situation dramatique en Ardèche, où l'on compte 7% de vacciné.es en moins par rapport à la moyenne nationale et où les hôpitaux sont plus engorgés. Et là, on atteint l'os. Les 2000 à 4000 euros promis par le ministère de la santé aux soignant.es qui renonceront à leurs vacances de Noël, le doublement du prix des heures supplémentaires montre à quel point nous sommes aux abois, désoeuvrés, dépourvus face à la situation actuelle. Les 10% de non vaccinés en sont grandement responsables. 

Tout ne peut pas passer par la vaccination, l'IGAS a rendu un rapport en juillet que le Monde s'est procuré dans lequel les conseillers disent qu'il nous manque au bas mot 1000 lits de réanimation supplémentaire. Mais ils ne seront pas prêts demain... Et en dépit d'augmentation -réelles- de salaires, l'attrait des métiers de soignant.es à l'heure actuelle est trop faible pour attirer les candidats qui manquent en pagaille. Comme les restos fermés, certains secteurs hospitaliers restent non ouverts au public, faute de bras... 

Le désastre sanitaire causé en grande partie par les non vaccinés va bien au delà du Covid. Nombre d'opérations sont sans cesse déprogrammées, repoussées chaque jour. La Ligue contre le Cancer table toujours sur 10 000 morts par an supplémentaire, faute de dépistage à temps. Le pass vaccinal c'est déjà mieux, mais eu égard aux dégâts causés par la minorité d'irresponsables, je m'étonne que la vaccination obligatoire des adultes ne soit pas sur la table. Quand je vois la sévérité et la violence (y compris physique) avec laquelle on peut traiter des grévistes, des syndicalistes, des zadistes qui se battent pour une cause altruiste, juste, de progrès, je suis estomaqué et un peu désespéré de la tolérance criminelle avec laquelle on continue à trouver que "ne pas se vacciner c'est une liberté". 

17/12/2021

Sérieusement, Christiane

L'initiative de Taubira n'est ni bonne, ni même neutre pour la gauche, mais néfaste. Et eu égard à l'état des forces en présence, la malheureuse n'avait pas besoin de ça... Depuis quelques jours, petite musique pour dire "qu'elle allait y aller" et ses supporter.ices de se galvaniser. Et la kermesse de ce matin a peut être ravivé la flamme chez celles et ceux qui admirent la verve de la défenseure du mariage pour tous, mais pour le reste des électeur.ices, quel accablement...

D'abord, le calendrier. Responsables, les verts se sont lancés depuis des mois, ont organisés une primaire exclusivement sur le fond en septembre et ont un candidat depuis. La France Insoumise a désigné son candidat différemment, mais ils bossent sur un programme depuis longtemps aussi. Ce sont les deux seuls au point. Les seuls. Les palinodies permanentes de Roussel et Montebourg sur le régalien avec des clins d'oeil appuyés et plus que lourdingue à l'extrême droite montrent leur niveau d'impréparation et d'amateurisme. Hidalgo et sa volte face sur la primaire et son programme introuvable, idem. Taubira se lance pour dire qu'elles se donne un mois pour elle ira avec une désinvolture qui n'est pas sans rappeler les dirigeants de groupes pétroliers lors des COP promettant que d'ici cinq ans, il sera temps de prendre des engagements... 

Ensuite, le fond. On le touche plus qu'on ne l'esquisse. Pourquoi Taubira vient-elle parler, fors une certaine popularité liée à son art oratoire, une culture, une posture ? Pour rien. Elle n'est pas venue parler au nom de l'urgence écologique, du désespoir social ou du délitement des services publics. Non, elle est venue parler parce qu'à l'époque où d'aucuns descendants de Narcisse se vantent d'enrôler la jeunesse en vannant avec Mc Fly et Carlito elle voulait voir si, sur un malentendu, la gauche ne préférerait pas celle qui peut déclamer du Villon ou du Fanon à celui qui scande Jaurès et Hugo dans une battle de likes. Comment croire que l'urgence d'une morale formelle puisse surpasser les urgences écologiques et sociales ? Et comment ne pas ricaner à l'idée que la grande amie de Bernard Tapie, capable de ne pas appeler à la vaccination en Guyane il y a quelques semaines pour de basses raisons électoralistes soit l'empyrée de notre morale de gauche ? Je ris très jaune... 

A cause de cette carte postale décochée comme une flèche juste avant la trêve des Confiseurs, les questions programmatiques et de fond de la gauche n'intéresseront pas les commentateur.ices pendant encore un moi qui seront supsendu.es à cette seule question : ira ou pas, Christiane ? Ça n'est pas sérieux...