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04/12/2021

A quand un vaccin contre la droitisation ?

Il en va de la droitisation comme du Covid : on n'en peut mais des nouveaux variants, plus contagieux et plus résistants, avec un cauchemar qui n'en finit pas. Mais quand bien même nous sommes actuellement dans une vague, je suis bien certain que nous serons débarrassés du Covid avant la droitisation. 50 000 cas quotidiens mais grâce à la vaccination, infiniment moins d'hospitalisations que lorsqu'on avait 10 000 cas sans vaccins. Pas pour autant que nous sommes sortis des ronces et des annulations en pagaille sont à prévoir, des fermetures de classes, de crèche (j'en sais quelque chose...) mais la 3eme dose protège, bref, la lumière point, on avance et nous ne sommes plus dans cette sidération et vie morte de mars 2020 où l'on se demandait si on pourrait ressortir, un jour.

La droitisation, en revanche, on la subit depuis 15 ans et il n'y a pas beaucoup d'espoir... Sarkozy a passé 5 années de son mandat avec un GPS, Patrick Buisson, qui lui disait sans cesse "à la prochaine mesure, prenez à droite" et après avoir commencé le quinquennat par un "paquet fiscal" bien libéral, il entama son funeste débat sur l'identité nationale nous menant chaque fois vers une séquence plus sidérante et enfermante. En 2012, de peu (51,6% pour Hollande, après ces cinq années, c'est maigre) nous fûmes déconfinés de la droitisation. Mais pour replonger beaucoup plus durement...  Le vaccin PS était plus foireux que le Sinovac et ne protégeait rien, surtout par les travailleuses et travailleurs. Le CICE était infiniment pire que le paquet fiscal et marquait la mort clinique de la "gauche de gouvernement". 20 milliards par an. 20 milliards de niche fiscal, 100% pur sucre capital. Et à l'horreur des attentats, il répondit par l'inhumanité de la répression sociale en profitant opportunément de l'état d'urgence pour réprimer durement les opposants à la loi El Khomri...

En 2017, seconde tentative de vaccin, Macron étant censé être une alternative à Fillon / Le Pen. Ayant mis un orteil à l'Elysée, il nous infligeait un combo fin de l'ISF flat tax d'une violence fiscale jamais connue dans le pays. Ça c'était attendu. Mais la répression policière adoubée et même souhaitée par le chef de l'État, ça c'était pas au programme... Amnesty International, le Défenseur des Droits, et même la placide union européenne envoie des blâmes à la France pour l'inhumanité de son maintien de l'ordre. Et alors que le quinquennat s'achève sur une droitisation folle du pays, que lit-on sur le second tour LR ? "La droitisation des électeurs est forte" et à leurs côtés, Zemmour tente de recentrer le Pen...

Le vaccin contre un virus consiste à inoculer la maladie pour produire des anticorps. Force est de constater qu'appliquer au corps social un programme de plus en plus de droite ne l'aide pas à se protéger. Au contraire, ça le mithridatise et incite à renforcer les doses. Cauchemar... 

03/12/2021

La Manif pour Tous et le rabougrissement de la droite

La kermesse LR, hier, doit être analysée à l'aune de ce qu'elle : un vote de pédiluve. Entre Eric Ciotti, premier, et Xavier Bertrand, 4ème, moins de 2000 voix d'écarts. 2 000 voix. Pour un parti de gouvernement, 2 000 voix entre 4 programmes. Sortez les microscopes. En 2016, François Fillon accédait au second tour de la primaire avec 1 890 000 voix, soit 15 fois plus que l'ensemble des candidats, hier, 70 fois plus Ciotti ou Pécresse. Déjà, alors, les sondeurs s'étaient plongés dans les grandes largeurs puisqu'ils nous vendaient un second tour Juppé Sarkozy plié par Juppé lequel ne remonta jamais ses 600 000 voix de retard du premier tour. 

Si Fillon avait coiffé tout le monde sur le poteau, c'est en capitalisant sur Sens Commun et la Manif pour Tous ; les lodens et serre-tête s'étaient déplacés en masse, en rang par deux, pour voter pour le seul qui promettait de revenir sur l'IVG, de démarier les couples gays et de mettre un barrage en acier contre la PMA pour toutes comme la GPA. Le seul mouvement de masse, le seul élan de la droite depuis Giscard, c'est de l'opposition. Contre la loi Savary et pour l'école Libre, en 84, une opposition victorieuse. Contre le mariage pour tous, en 2013 une opposition perdante mais très longue et très soudante, très cimentante. Même après la défaite, des Veilleurs, des énervés, des nouvelles plumes, s'emparent de ce sujet de "civilisation". 

Après la défaite de Fillon, Macron tend la main aux homophobes en disant : venez, vous êtes de droite mais pas stupide, ne vous rabougrissez pas, ensemble baissons les impôts des plus riches ; ruisselons mes frères ! Nombre d'entre eux saisirent l'opportunité. Edouard Philippe lui même, peu tenant de la réforme, notamment la PMA pour toutes, fait son aggiornamento. Paris vaut bien une messe, Matignon vaut bien une FIV. Darmanin, homophobe virulent, ayant juré ne jamais marié deux hommes dans sa mairie de Tourcoing et ex assistant de l'homophobe condamné Christian Vanneste, fait lui aussi profil bas. Même lui ! C'est dire que ceux qui restent fidèles à ce camp sont moisis. Et qui retrouve-t-on, hier, à la tête de la campagne de Valérie Pécresse ? Patrick Stefanini, ex directeur de campagne de Fillon, organisateur du meeting de la honte, au Trocadéro, avec Sens Commun. 

La primaire LR, hier, donnait le choix entre un figurant, Juvin, 3 clones de "droite de gouvernement" et un type qui capitaliserait sur l'aile dure du mouvement, Ciotti. Il était certain qu'avec ses conneries sur le grand remplacement et autres, Ciotti aurait son petit matelas, pour les électeurs de droite modérés, restaient les sondages et le match était plié, c'était Bertrand. À la rigueur, en désespoir de cause, Barnier. Pécresse était sans cesse des années lumières derrière. La seule explication à sa victoire d'hier, c'est Sens Commun, qu'elle n'a jamais abandonné. Habile et madrée, elle fait profil plus bas à la tête de la région Ile de France, mais celle qui a proposé de "démarier les couples homosexuels" n'a jamais totalement renié Versailles. 

Pour 2022, le bloc bourgeois peut tout entier se retourner autour de Macron. Pécresse va disputer le vote homophobe et socialement réac à Le Pen et Zemmour, mais le gâteau n'est pas assez gros pour tous... La droite non rabougrie ira invariablement vers la Maison Commune macroniste. Leur priorité, c'est baisser ce qu'ils appellent les charges et ce qu'ils estiment des impôts trop importants et ça, ça fédère en masse. Plus que la messe.. 

01/12/2021

Overton, Overton !

Pour mémoire, La fenêtre d'Overton, aussi connue comme la fenêtre de discours, est une allégorie qui désigne l'ensemble des idées, opinions ou pratiques considérées comme acceptables dans l'opinion publique d'une société et c'est peu dire qu'elle a connu une folle extension sur sa droite, pendant ce quinquennat.

Je pensais à cela, hier soir, alors qu'un ami très cher me tançait sur le fait de banaliser un vote blanc en cas d'hypothétique second tour Macron/Le Pen. Pour ce juif plein de mémoire, l'extrême-droite française n'est pas l'italienne. Marine le Pen n'est pas un pitre vociférant comme Salvini ou Trump. Elle est plutôt tenante d'une conception rabougrie de la République, avec des visées vraiment violentes comme peut l'être Orban. Et au nom de cela, le vote blanc la rapprochera toujours de l'Elysée où elle ferait pire que Macron, bien pire.

Je le sais, et pourtant, malgré toute mon amitié pour cet homme, malgré toute ma mémoire de ce que l'extrême droite a fait en France, des camelots, des ligues, des factieux qui n'attendent que quelqu'un pour lâcher la bride, je n'arrive plus à redouter l'extrême-droite. En 2002, je pétochais comme pas possible à l'arrivée de Le Pen père. En 2017, la peur, déjà, s'était estompée. Mais j'avais débattu avec des abstentionnistes volontaires du second tour en leur disant que je les comprenais, mais que voter Macron aurait un avantage indéniable, c'était qu'il pourrait manifester leur désapprobation à l'égard du pouvoir. Ça n'est même plus vrai. Les manifestations sociales ont été plus réprimées sous ce quinquennat que dans aucune démocratie européenne. Les seuls pays qui mutilent, éborgent et tuent parfois, sont la Hongrie justement ou la Turquie. Alors, contrairement à ces pays il est vrai qu'on peut encore dire ce que l'on veut, écrire ce que l'on veut sur les réseaux sociaux. La censure est plus que faible, c'est vrai, mais peut-on dire que ça suffit ? 

Non, ça ne suffit pas. Ne pas être le mal ne suffit plus. Hier, Macron faisait entrer Joséphine Baker au Panthéon et nombre de commentateurs de broder sur "la célébration de l'identité plurielle de la France, à rebours de Zemmour". Mais de qui se moque-t-on ? Certes, Macron n'est pas Zemmour, certes. Mais Macron 2022 est beaucoup, mais alors beaucoup plus à droite que Wauquiez en 2017, par exemple. A force de coups de boutoir sans cesse plus à droite, il a fini par réveiller les monstres les plus bruns que l'on croyait disparu. C'est sous ce quinquennat qu'on a traité les syndicats comme des "forcenés" qu'on a mis en doute leur légitimité ; c'est sous ce quinquennat que des ministres (Vidal, Blanquer, Darmanin) ont banalisé des termes naguère employés par les seules franges les plus infréquentables de l'extrême-droite comme "islamogauchisme" ou "wokisme" ; c'est sous ce quinquennat que la loi asile et immigration de Collomb ou la loi séparatisme de Darmanin a été voté par 100% des députés RN.... Alors, oui, il y a pire, il y a les tenants du Grand Remplacement. C'est vrai. Il y a toujours plus forcené. Mais parce qu'il a banalisé et adoubé des thèmes d'extrême-droite comme même Sarkozy période créature de Buisson n'aurait pas osé, je ne vois pas d'autre possibilité que de ne pas voter au second tour. Une épidémie de votes blancs en pareilles circonstances, c'est ça, la lucidité dirait Saramago.